BEYROUTH: Le secteur libanais des télécommunications et de l'Internet pourrait s'effondrer d’ici quelques jours à cause d'une pénurie de carburant, a averti mardi une commission parlementaire.
La commission des médias et de la communication du Parlement a déclaré: «La quantité de diesel dans les compagnies publiques libanaises de téléphonie mobile Touch et Alfa et de l’entreprise publique de télécommunications Ogero, qui exploite les lignes de téléphone fixes et l’Internet fixe, est suffisante pour fonctionner pendant quelques jours seulement, sinon les services de télécommunications vont, sans aucun doute, s'effondrer.»
Les entreprises de télécommunications au Liban ont à leur tour, rejoint la longue liste des industries et des institutions à risque, à cause des crises financière et économique.
L’Électricité du Liban n'a pas été en mesure de fournir l'électricité aux institutions et aux ménages ces derniers mois, notamment après la suppression de la subvention gouvernementale sur le diesel. Les prix du diesel, qui étaient fixés en dollars américains, ont doublé en conséquence.
Les services de télécommunications, dont l’Internet, ont été suspendus par intermittence dans plusieurs régions ces derniers mois.
Le député Hussein Hajj Hassan, qui dirige le comité parlementaire, a révélé: «Le dilemme ne se limite pas à l'incapacité d'obtenir du diesel, mais aussi à l'incapacité d'acheter des pièces détachées, dont les prix sont devenus exorbitants. De plus, nous avons des vols prenant pour cible les réseaux télécoms au Liban; certaines pièces détachées et des poteaux de transmission volés sont vendus en ligne.
FAITS MARQUANTS
• Les entreprises de télécommunications au Liban ont à leur tour, rejoint la longue liste des industries et des institutions à risque, à cause d’une crise financière.
• L’Électricité du Liban n'a pas été en mesure de fournir de l'électricité aux institutions et aux ménages ces derniers mois, notamment après la suppression de la subvention gouvernementale sur le diesel.
• Les prix du diesel, qui étaient fixés en dollars américains, ont doublé en conséquence. Les services de télécommunications, notamment l’Internet, ont été suspendus par intermittence dans plusieurs régions.
«Il s'est avéré que les compagnies Touch et Alfa, qui s’approvisionnent en diesel auprès des installations pétrolières, doivent maintenant le payer en dollars. Donc à présent, les institutions gouvernementales sont tenues de payer en dollars. Ceci est compliqué parce que les entreprises n'ont pas le droit d'acheter avec des dollars sur le marché, et cela ne fait qu’augmenter le coût, et cette devise étrangère n'est pas disponible.»
La Direction générale du pétrole a décidé en septembre de fixer le prix de vente du diesel à $549 (1 dollar américain = 0,86 euro) la tonne dans les installations pétrolières uniquement, après avoir libéralisé les importations.
Il n'y a pas de régulateurs pour les taux de change, donc le Liban s'est retrouvé avec quatre options: LL3 900 pour un dollar dans les banques commerciales, LL14 000 sur la plateforme Sayrafa de la Banque centrale, environ LL16 000 sur le marché noir, alors que le taux officiel est toujours LL1 507 pour un dollar.
L'État ne contrôle plus les ventes de diesel et n'a pas réussi à mettre en place de mécanisme permettant à ses institutions, qui ne traitent qu'en livres libanaises, d'acheter du diesel.
Le comité a décidé mardi d'«ouvrir un crédit supplémentaire à Ogero afin de répondre à ses besoins en carburant et en pièces détachées, d'une valeur de LL350 milliards dans le budget 2021».
Le ministre des Communications, Johnny Korm, devrait présenter cette question le mercredi au Conseil des ministres.
Le comité espère que le gouvernement parviendra à un «mécanisme clair entre le ministère des Communications, Touch, Alfa, Ogero et les installations pétrolières pour fournir les quantités nécessaires de diesel en livres libanaises».
Le directeur général d'Ogero, Imad Kreidieh, a averti que le service d’Internet au Liban serait suspendu si le diesel n'était pas fourni aux centres de la société.
La députée Rola al-Tabash, membre du comité, a déclaré à Arab News: «Nous glisserions vers une nouvelle crise qui paralyserait tout au Liban et l'isolerait du monde si le diesel pour les générateurs du réseau de télécommunication n'est pas fourni. La politique du ministère de l'Énergie au fil des ans a conduit à cette incapacité à assurer l’alimentation en électricité. La Direction générale du pétrole, qui se considère comme une administration indépendante, a fixé ses prix en dollars, et l'État ne peut pas acheter avec des dollars.
«Chaque ministère travaille de son côté. Une telle action ne peut pas aider un pays à avancer. Nous avons besoin d'un gouvernement qui travaille 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et qui applique un plan économique intégré. Après l'effondrement des secteurs de la santé et de l'éducation, le secteur des télécommunications suivra-t-il le même chemin? Je ne pense pas que les citoyens puissent supporter une telle chose.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com