Irak: Elections legislatives, une poudrière électorale

Prévues initialement en 2022, ces législatives étaient une des rares concessions du Premier ministre, Moustafa al-Kazimi, au mouvement de contestation de l'automne 2019. (AFP)
Prévues initialement en 2022, ces législatives étaient une des rares concessions du Premier ministre, Moustafa al-Kazimi, au mouvement de contestation de l'automne 2019. (AFP)
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Publié le Dimanche 03 octobre 2021

Irak: Elections legislatives, une poudrière électorale

  • Ravagé par des décennies de guerre, l'Irak reste secoué par des attentats du groupe Etat islamique (EI) et des assassinats politiques
  • «Le pays est toujours englué dans la corruption, qui touche toutes les institutions (...) et contribue à saper la confiance dans l'Etat», souligne l'analyste irakien

BAGDAD: Corruption endémique, crise économique, factions armées incontrôlables: l'Irak organise le 10 octobre des législatives anticipées, un scrutin promis par le pouvoir après une contestation populaire inédite mais qui se tiendra dans un climat pour le moins explosif.

Ravagé par des décennies de guerre, l'Irak reste secoué par des attentats du groupe Etat islamique (EI) et des assassinats politiques. Près de 40% de ses jeunes sont au chômage et, malgré la manne pétrolière, sa population est largement touchée par la pauvreté.

Dans ce contexte, le scrutin suscite peu d'enthousiasme parmi les 25 millions d'électeurs et les observateurs pronostiquent déjà une faible participation.

Prévues initialement en 2022, ces législatives étaient une des rares concessions du Premier ministre, Moustafa al-Kazimi, au mouvement de contestation de l'automne 2019, qui a vu des dizaines de milliers d'Irakiens battre le pavé pour réclamer la chute du régime.

Malgré les promesses, rien n'a changé.

"Le système politique est quasiment en faillite, économiquement et idéologiquement", résume Renad Mansour, du centre de réflexion Chatham House.

"Il est incapable d'assurer des emplois et des services publics, ou de convaincre (...) qu'il est véritablement proréformes, anticorruption".

Deuxième exportateur de pétrole au monde, l'Irak tire plus de 90% de ses revenus de l'or noir. Mais près d'un tiers des 40 millions d'Irakiens sont pauvres, la pandémie et la chute des prix du brut en 2020 ayant accentué la précarité.

«Au-dessus de la loi»
"Le pays est toujours englué dans la corruption, qui touche toutes les institutions (...) et contribue à saper la confiance dans l'Etat", souligne l'analyste irakien Ihsan al-Shamari.

Après le scrutin, la désignation d'un nouveau Premier ministre pourrait comme à l'accoutumée faire l'objet de marchandages interminables, comme ce fut le cas avant la nomination de M. Kazimi, désigné à son poste après cinq mois de vacance.

Militants et partis se réclamant de la contestation boycottent le scrutin, dénonçant un climat antidémocratique et la prolifération des armes. Les factions armées pro-Iran sont ainsi pointées du doigt pour la répression du soulèvement populaire qui a fait près de 600 morts et 30.000 blessés. 

ONU et militants ont aussi dénoncé le rôle des "milices" dans une vague d'enlèvements, d'assassinats politiques et d'attaques visant des figures de la contestation.

"Les armes représentent un grand défi", reconnaît M. Shamari, estimant que ceux qui les détiennent sont "au dessus de la loi".

Ces factions participent d'ailleurs au scrutin, à travers leur "vitrine politique", rappelle l'expert.

Le politologue Fadel Abou Raghif évoque "les dangers d'une dégradation sécuritaire après l'annonce des résultats", tous les camps politiques ou presque étant liés à des groupes armés.

"Certains blocs politiques ont exagéré leur poids", explique l'expert, en allusion aux discours déjà triomphalistes de certains. Si "les résultats ne sont pas à la hauteur de leurs attentes", cela pourrait dégénérer en violences, dit-il.

Législatives en Irak: Les candidats et factions en présence

Malgré le soulèvement populaire d'octobre 2019, la scène politique reste dominée par les mêmes factions. Les militants ayant participé à la contestation et les communistes boycottent le scrutin.

LE COURANT SADRISTE

Dirigé par le leader chiite Moqtada Sadr, le mouvement pourrait renforcer son assise au Parlement après avoir été un grand vainqueur des législatives de 2018.

M. Sadr, ancien chef de milice célèbre pour son combat contre les forces américaines, s'affiche comme le pourfendeur des politiciens véreux et corrompus et de la gabegie des pouvoirs publics. Et ce même si ses partisans sont présents à tous les échelons de l'appareil d'Etat.

LES PRO-IRAN

L'Alliance de la conquête, emmenée par Hadi al-Ameri, qui dirige aussi une des factions du Hachd al-Chaabi (anciens paramilitaires désormais intégrés aux troupes régulières), a fait son entrée au Parlement en 2018.

La formation Houqouq, qui a vu le jour avant les élections, est proche des Brigades du Hezbollah, un autre groupe du Hachd.

L'Alliance de l'Etat de droit, de l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, s'appuie principalement sur le parti Daawa, dirigé par M. Maliki. Chef du gouvernement de 2006 à 2014, il détient le record de longévité à ce poste.

Mais il y a aussi l'Alliance des Forces de l'Etat qui réunit les formations de l'ancien Premier ministre, Haider al-Abadi, au pouvoir tout au long de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI), et d'Ammar al-Hakim, qui se pose en héraut des modérés du camp chiite.

Les ex-paramilitaires du Hachd al-Chaabi ont dénoncé dimanche une décision des autorités de ne pas leur apporter les mêmes aménagements qu'aux forces de sécurité pour voter aux législatives anticipées.

Alors que les forces de sécurité participent le 8 octobre à un "vote spécial", avec des bureaux de vote réservés, les dizaines de milliers de combattants du Hachd devront voter le 10 octobre comme les autres citoyens.

Ce vote se déroulera dans leur circonscription d'origine, ce qui les oblige à quitter les différents lieux de stationnement des troupes du Hachd, créé en 2014 pour épauler l'armée irakienne dans sa lutte contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI).

Démentant tout manquement qui risquerait d'entraver le vote des paramilitaires, la commission électorale a assuré samedi avoir contacté à plusieurs reprises les responsables du Hachd pour obtenir les listes de leurs combattants afin de les inclure dans le vote spécial.

LES SUNNITES

Le mouvement Taqadom (progrès) de l'influent président du Parlement, Mohammed al-Halbousi, a connu une ascension fulgurante. 

Il est en concurrence pour les élections avec le mouvement Azm (détermination) du sulfureux politicien sunnite Khamis al-Khanjar, sanctionné par Washington pour "corruption".

LES KURDES

Dans la région autonome du Kurdistan (nord) concourent les deux formations historiques: le Parti démocratique du Kurdistan (PDK, du clan Barzani), et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK, du clan Talabani).  L'opposition kurde, représentée par la Jamaa Islamiya, présente aussi des candidats, tout comme le mouvement récemment créé "Nouvelle génération" et Goran (le changement, en kurde).

Escalade? 
Le scrutin se tient par ailleurs sur fond de tensions régionales qui, avec chaque poussée de fièvre entre l'Iran et les Etats-Unis, menacent de faire basculer l'Irak dans une grave crise.

Comme en janvier 2020, après une attaque de drone américain qui a tué à Bagdad un puissant général iranien Qassem Soleimani et un haut responsable irakien.

Les Etats-Unis, dont les troupes sont stationnées en Irak dans le cadre d'une coalition antijihadiste, ont annoncé l'arrêt prochain des "missions de combat" pour ses soldats, mais pas de retrait total pour ses 2.500 militaires.

Les factions pro-Iran continuent toutefois d'exiger ce retrait alors que des attaques, jamais revendiquées, visent régulièrement les intérêts américains.

Par ailleurs, M. Shamari n'exclut pas "des frictions" ou une "escalade", si "les factions armées n'obtiennent pas de représentation suffisante au sein de l'exécutif".

Mais, souligne-t-il, en échange d'un accord sur le dossier nucléaire, l'Iran pourrait accepter un "équilibre des influences et un consensus entre camps opposés en Irak".

Autre danger: la résurgence du groupe Etat islamique (EI), même après la victoire proclamée par Bagdad fin 2017. Si les jihadistes ont renoué avec la clandestinité, leurs cellules ont intensifié ces derniers mois leurs attaques.

Un rapport de l'ONU publié en début d'année reconnaissait une "escalade de la violence": les "petites attaques contre le personnel de sécurité" ont cédé le pas à "des attaques plus sophistiquées, des faux checkpoints, des enlèvements et des exécutions de civils".


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.