PARIS: C’est une première. Paris a organisé du 24 au 26 septembre son premier salon du livre africain, Les Afriques. Consacré à la littérature et à l’édition du continent, l’événement s’est tenu dans les locaux de la mairie du 6ᶱ arrondissement, au cœur du quartier Latin. Soutenu par la mairie de Paris, il a réuni une trentaine d’éditeurs, une centaine d’écrivains, des libraires, des universitaires et des journalistes.
Les écrivains présents étaient majoritairement issus d’Afrique subsaharienne et d’Afrique du Nord, et ont célébré la culture du continent dans sa richesse et sa diversité. Diverses tables rondes, débats et séances de dédicaces ont été programmés par Erick Monjour, créateur et directeur du salon. «De nombreux éditeurs ont répondu présent, nous avons fait une belle sélection de livres que nous avons présenté au public», explique-t-il à Arab News en français. «Nous avons été surpris par l’affluence au salon, certaines personnes n’ont pas pu rentrer en raison de la jauge imposée par le contexte sanitaire.»
Débats et échanges fructueux
Le salon a permis d’aborder une grande variété de thématiques: Réconcilier l’Afrique avec ses histoires, que transmettre?; La diffusion numérique, une nouvelle opportunité pour la littérature africaine et pour ses lecteurs?; L’engagement dans l’écriture, une utopie ou un mal nécessaire?; L’influence des littératures engagées sur l’évolution des mentalités dans nos sociétés…
De nombreux auteurs ont répondu à l’appel
Hédia Bensahli, lauréate du prix littéraire Yamina Mechakra pour son roman L’Agonisant, Fadéla Chaïm-Allami, poétesse et romancière franco-algérienne (Sur ma terrasse algéroise, La boqala désenchantée), mais aussi Nadia Agsous, Halima Guerroumi, Mona Azzam, Scholastique Mukasonga, Gaston-Paul Effa, Mahamat Saleh Haroun, Lilia Bonji, Eugène Ebodé et Boniface Mongo-Mboussa. Parmi les invités du salon figuraient également de jeunes talents prometteurs, comme Zaïnab Fasiki, illustratrice, dessinatrice et féministe marocaine sans filtre, Annie Lulu, Asya Djoulaït, Blaise Ndala, Khalil Diallo, Ondjaki, ou encore Fiston Mwanza Mujila.
Erick Monjour explique que la sélection a été effectuée en fonction des œuvres présentées. «La programmation tient compte des meilleurs livres publiés sur l’Afrique. Les débats sont proposés en format hybride, en présentiel et en virtuel, via les réseaux sociaux, et ont traité des thématiques en relation avec l’actualité littéraire du continent», confie-t-il.
Pour la franco-tunisienne Hella Feki, professeur de lettres et écrivaine, qui a vécu dans de nombreux pays (Sénégal, Madagascar…), et a récemment publié son premier roman, Noces de jasmin, ce nouveau salon du livre a permis de rassembler des écrivains africains et des auteurs français pour échanger autour de la littérature africaine. «Je suis agréablement surprise par la forte présence du public parisien qui s’est déplacé, une occasion pour faire découvrir des auteurs de divers pays africains. Beaucoup de personnes ont également assisté aux tables rondes», s’exclame Hella Feki lors de la clôture du festival.
Lors de son intervention dans une table ronde, Hella Feki a raconté la trame de son premier roman, qui décrit la «révolution du jasmin» de l’intérieur. Dans la Tunisie de 2011, où règnent la censure et la gronde populaire, Essia, une jeune femme, part à la recherche de son amoureux, un jeune journaliste disparu. De son côté, Yacine, le père d’Essia, se remémore l’indépendance du pays en 1956. Les personnages du roman sont-ils en train de vivre une seconde révolution?
Prix Senghor 2021
Le prix Senghor 2021 du premier roman francophone et francophile, organisé par l’association la Plume Noire, qui fête cette année ses seize ans, a été attribué à l'écrivaine Annie Lulu pour son premier roman, La mer Noire dans les Grands Lacs, paru aux éditions Julliard. L’auteure, roumaine et congolaise, raconte l’histoire d’une jeune métisse, née en Roumanie, pays imprégné par le racisme, qui décide, après son installation à Paris, de partir à la recherche de ses racines africaines à Kinshasa.
Enfin, le salon avait prévu des espaces dédiés à la littérature pour enfants, à la bande dessinée et aux livres éducatifs. Des courts-métrages réalisés avec les smartphones ont en outre été projetés lors de Mobile Festival Africa avec une sélection représentant 35 pays africains.