BEYROUTH: Plus d’un million de réfugiés syriens dans un Liban en crise voient leurs conditions de vie se détériorer. Mercredi, trois agences de l’Onu ont indiqué que 90% d’entre eux vivaient dans une situation d’extrême pauvreté.
Ces conditions se détériorent malgré une aide accrue aux Syriens vivant au Liban, où une personne sur quatre est un réfugié. Parmi cette population, le mariage et le travail des enfants sont en augmentation, et des milliers de personnes risquent d’être expulsées du pays du Cèdre.
Le rapport annuel sur la situation des réfugiés syriens au Liban réalisé par l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le Programme alimentaire mondial (PAM), et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) révèle que le coût d’un panier alimentaire de base a été multiplié par plus de sept depuis fin 2019, lorsque la crise financière a éclaté au Liban.
Le panier alimentaire de subsistance ne comprend que 13 articles, comme des pommes de terre, du pain, des œufs et du lait en poudre. L’ONU estime qu’il s’agit du minimum pour survivre, «pas pour vivre dans la dignité». Le Liban traverse une crise économique sans précédent qui a provoqué l’effondrement de la monnaie nationale et la perte de 90% de sa valeur, faisant passer plus de 55% de la population sous le seuil de pauvreté et provoquant une flambée des prix et du chômage.
La crise a considérablement aggravé la situation des réfugiés syriens, dont beaucoup vivaient déjà dans des logements temporaires et exerçaient des emplois peu rémunérés. Ayaki Ito, représentant du HCR au Liban, a prévenu des conséquences dommageables sur le long terme de cette situation, appelant à soutenir davantage le Liban et les réfugiés. «Nous ne pouvons pas les laisser tomber maintenant», a-t-il déclaré.
Selon les trois agences des Nations unies, les enfants syriens sont les plus touchés. Le taux de scolarisation des enfants âgés de 6 à 14 ans a chuté de 25% en 2021, et 30% des enfants en âge d'être scolarisés (6-17 ans) n'ont jamais été à l'école. Des milliers d'enfants syriens travaillent et une fille sur cinq âgée de 15 à 19 ans est mariée, une tendance observée au cours des trois dernières années.
Les Syriens se sont réfugiés au Liban pendant les premières années de la guerre dans leur pays, qui a débuté en 2011. Le Liban a fermé les portes aux réfugiés en 2015, affirmant qu’ils constituaient un fardeau pour le pays et ses infrastructures, mais les Syriens ont continué à affluer. Plus de 60% des familles de réfugiés syriens vivent aujourd’hui dans des habitations précaires, dangereuses ou surpeuplées, contre 50% l’année dernière.
Selon le rapport, l’augmentation du loyer moyen expose de nombreuses personnes au risque d’expulsion.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com