PARIS: Le journaliste Taha Bouhafs a été condamné mardi à 1 500 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir qualifié la syndicaliste policière Linda Kebbab d'« arabe de service » sur Twitter l'an dernier.
Le journaliste a été déclaré coupable du délit d'injure publique à raison de l'origine, par parole ou écrit.
En juin 2020, au lendemain d'une manifestation contre les violences policières organisée par des proches d'Adama Traoré, jeune homme noir mort en 2016 après son interpellation par des gendarmes, Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat de police Unité SGP-FO, est invitée sur franceinfo.
Elle affirme alors que, tout en comprenant « la colère et la souffrance » de la famille d'Adama Traoré, son décès n'avait « absolument rien à voir » avec celui de George Floyd aux Etats-Unis, mort étouffé après son interpellation.
Sur son compte Twitter à l'époque suivi par 80 000 personnes, Taha Bouhafs commente ces déclarations, en détournant l'acronyme ADS (adjoint de sécurité) et en qualifiant la syndicaliste policière d'« ADS: Arabe de service ». Un tweet supprimé quelques minutes plus tard car « provoquant », avait-il expliqué en juin, à l'audience.
Dans sa décision consultée par l'AFP, le tribunal a estimé que le journaliste s'était « volontairement fondé sur son origine (celle de Linda Kebbab), à laquelle il l'a réduite, pour l'assigner à une place peu valorisante, voire dégradante ».
« ‘Arabe de service’ est une formule qui consiste à désigner une posture politique », avait fait valoir Taha Bouhafs à l'audience. »On assiste à une tentative de renversement de la définition du racisme, on essaie de retourner la définition contre les anti-racistes », a-t-il insisté, mardi.
Taha Bouhafs devra payer 2 000 euros de dommages et intérêts à Linda Kebbab, qu'elle versera « entièrement à des œuvres sociales pour des familles de policiers », a-t-elle indiqué. Il devra également verser un euro à la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, partie civile.
« M. Bouhafs a tenté de faire redéfinir par la justice la notion de racisme en politisant l'audience, parfois proche du meeting indigéniste, les magistrats ont su garder le cap », a réagi Thibault de Montbrial, avocat de Linda Kebbab.
« Ce n'est pas à sa qualité d'arabe que Linda Kebbab est renvoyée mais à sa qualité de policière qui appartient à une institution raciste et nie le caractère raciste de cette institution », avait assuré en juin le défenseur de Taha Bouhafs, Arié Alimi, qui a indiqué mardi qu'il ferait appel.