AMMAN: La Jordanie rouvrira un poste frontalier avec la Syrie cette semaine après avoir été fermé il y a près de deux mois à cause des combats dans la province de Daraa au sud de la Syrie.
Le ministre jordanien de l’Intérieur, Mazen Al-Faraya, a déclaré que le poste frontalier Jaber-Nasib fonctionnera à pleine capacité à partir du mercredi, quand tous les arrangements techniques et administratifs seront complétés avec le côté syrien.
Dans un communiqué publié par l’agence de presse jordanienne, Petra, Al-Faraya a ajouté que la reprise du mouvement de fret et de passagers à travers le passage Jaber-Nasib, la porte d’entrée principale de Jordanie pour la nourriture du Liban et de la Syrie vers les pays arabes du Golfe, «vise à stimuler les échanges commerciaux et le tourisme entre les deux pays frères.»
La route commerciale principale de Jordanie, située à environ 90 kilomètres au nord d’Amman, devait recommencer à fonctionner à pleine capacité à partir du 1er août, mais la décision a été suspendue en raison de la flambée des violences à Daraa, le berceau du soulèvement de 2011.
En avril 2015, la Jordanie a fermé son poste frontalier avec la Syrie à cause de l'escalade de la violence dans la ville frontalière syrienne de Nasib, qui, à l'époque, aurait été prise par les rebelles syriens et les combattants du Front Al-Nosra affilié à Al-Qaïda.
Le dimanche, une délégation syrienne de haut niveau, comprenant les ministres des Affaires étrangères, du Commerce, de l’Eau, de l’Agriculture et de l’Électricité a rencontré ses homologues à Amman.
Les deux côtés ont «longuement» discuté du renforcement de la coopération bilatérale entre les deux pays, a rapporté Petra.
La Jordanie, qui abrite environ 650 000 réfugiés syriens enregistrés, a récemment fait preuve d’un grand activisme envers la Syrie. Des observateurs affirment qu’Amman adopte une approche «centrée sur les intérêts» et «pragmatique» vis-à-vis de la Syrie touchée par la guerre.
Le ministre syrien de la Défense, Ali Ayoub, qui est également le commandant en chef de l’armée, a rencontré le chef d’état-major jordanien, le général Youssef Huneiti, le dimanche.
Les deux côtés ont discuté de sujets divers, notamment la sécurité aux frontières, la situation au sud de la Syrie et la lutte contre le terrorisme et contre la contrebande de stupéfiants.
La rencontre, décrite par des observateurs comme le «point culminant» de la diplomatie jordanienne envers la Syrie, est survenue après la capture par les troupes syrienne de plusieurs régions contrôlées par les rebelles dans la province de Daraa, près de la frontière jordanienne, dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu négocié par la Russie.
Plus tôt en septembre, des ministres de Jordanie, du Liban, de Syrie et d’Égypte se sont rencontrés à Amman pour discuter de la coopération dans le secteur de l’énergie.
Dans une conférence de presse à la suite de leur rencontre, les ministres ont déclaré avoir discuté de détails techniques en relation avec l’exportation du gaz égyptien vers le Liban à travers la Jordanie et la Syrie.
En se rapprochant de la Syrie, la Jordanie espère protéger ses intérêts, affirme l’analyste politique Khaled Qudah. «Une Syrie unifiée et stable est au cœur des intérêts supérieurs de la Jordanie.»
«Il est évident qu’Amman vise une augmentation de la coopération économique avec la Syrie et une mise en œuvre de la crise de réfugiés, mais son objectif stratégique est de ramener Damas au monde arabe… La Jordanie veut que la Syrie soit une amie et non une ennemie.»
L’analyste stratégique Amer Sabaileh a décrit la visite récente du chef de l’armée syrienne à Amman comme le «point culminant» de la haute diplomatie et coordination jordanienne avec la Syrie.
Sabaileh a déclaré que la Jordanie avait subi les conséquences de la crise syrienne, notamment les réfugiés et les défis sécuritaires, et qu’elle devait donc adopter une approche «pragmatique» pour protéger ses intérêts.
«La proximité d’Amman avec Damas est liée à sa lassitude face à l’inaction de la communauté internationale vis-à-vis de la guerre syrienne. La Jordanie veut une solution politique à plus de dix ans de guerre, ou au moins le calme et la sécurité à ses frontières nord avec la Syrie.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com