DJEDDAH: Trouver la forme d’art adéquate pour illustrer une œuvre littéraire représente un véritable défi. Devant la profusion des possibilités, un écrivain saoudien a décidé de solliciter de l’aide grâce à une plate-forme artistique qui œuvre pour la diversité et l’inclusion.
Saad Almotham a donc combiné son travail littéraire avec les œuvres d’art d’un groupe de cinquante-six artistes saoudiens et arabes. Le fruit de cette collaboration est un livre qui a pour titre Sauce of Mango («Sauce à la mangue ») et qui constitue un projet artistique à part entière. Il se compose d’une centaine de fables courtes écrites en arabe et de quatre-vingt-seize œuvres d’art. M. Almotham a commencé la rédaction de ces histoires en 2012; il a commencé par les publier sur Twitter. Elles comptaient cent quarante caractères au début, puis deux cent quatre-vingts.
«Raconter une histoire en un nombre limité de mots constitue une gageure. Je devais souvent relire les histoires que j’avais l’intention de partager sur Twitter parce que je voulais qu’elles soient à la fois courtes et incisives», confie-t-il.
Après avoir publié deux cents histoires, M. Almotham a l’idée de les réunir en un recueil. Il en sélectionne cent. Son titre fait référence au personnage principal de l’une de ces courtes fables.
«Le personnage principal a peur de vivre de nouvelles expériences et, à l’époque, je vivais moi-même une nouvelle aventure. Ainsi, c’est pour faire écho à ma propre histoire que j’ai choisi son nom: nous tentions tous deux de créer quelque chose de nouveau et de différent», explique M. Almotham.
Si ce livre peut être lu par des enfants, il s’adresse avant tout à un public plus âgé. En effet, les thèmes abordés sont parfois assez sombres.
En ce qui concerne les illustrations, l’écrivain a privilégié les éléments qui convenaient le mieux aux intrigues de ses histoires. Avec l’aide d’artistes rencontrés sur la plate-forme Fitrh Art, il est parvenu à obtenir une contribution artistique singulière et unique pour la plupart de ses œuvres littéraires.
Fitrh Art permet de réunir des artistes arabes qui souhaitent participer à la création d’un récit.
Les plasticiens retenus lisent les histoires et travaillent sur celles qui les attirent le plus. «Je ne suis pas beaucoup intervenu auprès des artistes une fois que j’ai eu connaissance de leurs croquis initiaux. Je tenais à ce qu’ils conservent leur style habituel. Je ne souhaitais pas que cette création ressemble à une bande dessinée, mais plutôt à une œuvre d’art», déclare M. Almotham.
Hana Kanee, une femme saoudienne de 29 ans, fait partie des artistes qui ont collaboré à ce projet.
«Je ne connaissais pas l’écrivain. J’ai remarqué cette opportunité sur Instagram, présentée comme une collection d’histoires où les animaux s’expriment au moyen de la poésie arabe. Cela m’a semblé très créatif et je me suis mise à imaginer ce qu’il était possible de faire», déclare-t-elle à Arab News.
L’artiste a jeté son dévolu sur les histoires qui lui parlaient le plus. Elle a trouvé le processus amusant, comme elle nous le confie: «Les histoires m’ont immédiatement fait rire et la manière dont l’artiste les mène est haute en couleur, ce qui convient parfaitement à mes œuvres. Cela m’a aussi rappelé mon enfance.»
Les artistes qui apportent leur talent à l’œuvre disposent d’une vraie liberté en matière de créativité.
La finalisation du livre s’est révélée un véritable défi pour M. Almotham; par moments, il a même cru qu’il n’y parviendrait jamais. La pandémie a redoublé ses craintes. «Je suis très fier que nous ayons pu mener à bien ce projet», indique-t-il.
Une fois le livre terminé, l’écrivain a organisé, en collaboration avec la plate-forme Fitrh Art, une exposition d’art en ligne qui présentait l’œuvre ainsi que les histoires qu’elle contient.
M. Almotham travaille actuellement sur la version anglaise du livre, qu’il espère publier bientôt.
«Au cours de l’exposition, nous avons traduit les histoires de façon approximative. Elles ont rencontré un écho favorable auprès du public, ce qui m’a poussé à traduire le livre pour que les lecteurs anglophones puissent le découvrir.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com