La défiance de l’Iran sur le plan nucléaire devrait être dénoncée auprès de l’ONU

L’ambassadeur iranien auprès de l’AIEA, Kazem Gharib Abadi (à droite), arrive à une réunion du Conseil des gouverneurs de l’AIEA au siège de l’agence à Vienne, le 13 septembre. (AFP)
L’ambassadeur iranien auprès de l’AIEA, Kazem Gharib Abadi (à droite), arrive à une réunion du Conseil des gouverneurs de l’AIEA au siège de l’agence à Vienne, le 13 septembre. (AFP)
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Publié le Lundi 27 septembre 2021

La défiance de l’Iran sur le plan nucléaire devrait être dénoncée auprès de l’ONU

La défiance de l’Iran sur le plan nucléaire devrait être dénoncée auprès de l’ONU
  • Les pourparlers visant à relancer le PAGC semblent être au point mort après six cycles de négociations qui n’ont toujours pas abouti
  • Si l’ONU ne parvient pas à montrer à Téhéran que sa défiance nucléaire et ses actions malveillantes ont de graves conséquences, alors qu’est-ce qui empêchera le régime d’intensifier ses actes?

Le programme nucléaire iranien et l’avenir du Plan d’action global commun (PAGC), approuvé pour la première fois en 2015 par la République islamique et les pays du P5+1 – les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU en plus de l’Allemagne –, font partie des questions les plus épineuses qui seront probablement abordées lors de la 76e session de l’Assemblée générale des nations unies.

Les pourparlers visant à relancer le PAGC semblent être au point mort après six cycles de négociations qui n’ont toujours pas abouti. Les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont tous les trois fait part de leur volonté de relancer l’accord sur le nucléaire, même si le régime iranien enfreint actuellement toutes les restrictions du PAGC et continue de développer son programme nucléaire. Dans ce contexte, des questions essentielles concernant la politique envers l’Iran et son programme nucléaire se posent.

Le premier enjeu important est la nécessité pour les États-Unis et les pays européens de faire pression sur l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité de l’ONU pour obtenir des réponses du régime iranien quant à ses activités nucléaires secrètes.

Pour être plus précis, les dirigeants iraniens doivent dévoiler leurs activités nucléaires et répondre aux questions alarmantes soulevées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) – l’organisme de surveillance nucléaire de l’ONU. Rafael Grossi, le directeur général de l’AIEA, a déclaré lors d’une réunion du conseil d’administration à Vienne en juin dernier: «Plusieurs mois plus tard, l’Iran n’a toujours pas fourni les explications nécessaires concernant la présence de particules de matières nucléaires aux trois endroits où l’Agence a mené des évaluations complémentaires. En l’absence de telles explications de la part de l’Iran, je crains fort que des matières nucléaires aient été présentes aux trois emplacements non déclarés et que l’Agence ne soit pas au courant de leur emplacement actuel.»

Les déclarations de M. Grossi suggèrent que le régime iranien violait probablement l’accord sur le nucléaire avant même que l’administration Trump n’annonce le retrait des États-Unis du PAGC en 2018. L’AIEA a plus tard déclaré qu’elle avait détecté la présence de particules d’uranium d’origine anthropique sur deux sites en Iran, dont Abadeh dans la province du Fars. Le site d’Abadeh aurait servi à la mise en place d’un projet connu sous le nom de «Marivan». Il a été construit au milieu des années 1990 par le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) et est géré par l’Organisation pour l’innovation et la recherche en matière de défense (SPND), qui est la principale entité en charge du programme d’armes nucléaires du régime. Le site d’Abadeh avait été spécifiquement construit pour une filiale du SPND – le Metfaz – spécialisée dans la recherche et la construction de détonateurs explosifs.

Il est important de souligner que l’une des exigences de base du Traité de non-prolifération signé par l’Iran, ainsi que l’une des conditions de l’accord de 2015 sur le nucléaire, est que le régime iranien doit faire part de ses activités nucléaires à l’AIEA – condition que le pays ne semble pas avoir respectée.

 

«Les activités nucléaires clandestines de l’Iran prouvent malheureusement que le régime n’est pas digne de confiance.»

Dr Majid Rafizadeh

Les activités nucléaires clandestines de l’Iran prouvent malheureusement que le régime n’est pas digne de confiance. En conséquence, lors de la session de l’Assemblée générale des nations unies, l’administration Biden et les grandes puissances européennes devraient insister sur la nécessité que l’Iran réponde aux questions de l’AIEA comme condition sine qua non à la relance de l’accord sur le nucléaire.

Deuxièmement, ils doivent faire pression sur l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité de l’ONU pour les inciter à prendre des mesures coercitives face à la défiance croissante de l’Iran sur le plan nucléaire. S’il est vrai que les négociations pour relancer l’accord nucléaire sont en cours, le régime a tout de même développé son programme nucléaire, notamment en faisant tourner davantage de centrifugeuses et en enrichissant l’uranium à un niveau beaucoup plus élevé. De même, il produit de l’uranium métal, ce qui l’a dangereusement rapproché de l’obtention d’armes nucléaires.

Même le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a reconnu en juin que le temps de percée de l'Iran – le temps nécessaire pour rassembler suffisamment de matières fissiles pour une seule arme nucléaire – se raccourcit de manière inquiétante. Il a de plus déclaré que le programme nucléaire de l’Iran «avance à pas de géant. Plus cela dure, plus le délai diminue. Le régime n’est plus, selon les rapports, qu’à quelques mois tout au plus. Et si cela continue, ce ne sera plus qu’une affaire de quelques semaines.»

Lors de l’Assemblée générale des nations unies, le régime iranien doit comprendre que s’il continue de développer son programme nucléaire et refuse de rejoindre l’accord nucléaire, il y aura de graves conséquences, telles que le renforcement des sanctions.

Si l’ONU ne parvient pas à montrer à Téhéran que sa défiance nucléaire et ses actions malveillantes ont de graves conséquences, alors qu’est-ce qui empêchera le régime d’intensifier ses actes? S’il est capable d’agir en toute impunité, il tentera de s’imposer sur la scène régionale et internationale.

L’objectif ne doit pas être simplement d’empêcher l’Iran de se doter d’armes nucléaires, mais également de mettre fin au comportement déstabilisateur de Téhéran dans la région et à son soutien au terrorisme, en plus d’aider le peuple iranien à se doter d’un gouvernement représentatif, démocratique et inclusif. C’est là que réside l’ultime solution stratégique à la crise.

 

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. Twitter: @Dr_Rafizadeh


NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com