PARIS: Vedette populaire dotée d'un talent de divertir peu commun, impliquée dans diverses associations humanitaires, Marthe Mercadier a eu une vie et une carrière trépidantes entre cinéma, théâtre, télévision et danse.
Fantasque et énergique, celle que l'on appelait la « Reine du boulevard » avait notamment joué dans « La présidente », une pièce mise en scène par Pierre Mondy et récompensée en 1989 par le Molière du meilleur spectacle comique.
Marthe Mercadier est née le 23 octobre 1928 à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Grâce à son grand-père, président de la Société des auteurs, elle entre toute jeune dans l'univers du spectacle: à l'âge de 5 ans, elle danse au côté de la grande Joséphine Baker.
Elle aide son père dans la Résistance pendant la guerre et lance, à la fin des années 1940, sa première association humanitaire.
Sa carrière cinématographique, composée d'une quarantaine de films, débute en 1950 avec « Souvenirs perdus » de Christian-Jaque. En 1952, elle épouse le comédien Gérard Néry dont elle aura une fille, Véronique. Le couple se séparera vingt ans plus tard.
Elle n'aura toutefois pas de rôle marquant à son actif. « Je n'ai jamais recherché les rôles valorisants. J'ai joué les ridicules, les paumées, les femmes rejetées, les idiotes. J'ai été plus vigilante pour ma vie de femme que pour ma carrière » cinématographique, a-t-elle dit en 1999 à la Dépêche du Midi.
En revanche, elle éclate à la télévision, à la fin des années 1960, dans la série à succès, « Les Saintes chéries », au côté de Micheline Presle et Daniel Gélin.
Ancienne bègue
Marthe Mercadier, qui a commencé au théâtre en étant souffleuse, a joué dans près d'une cinquantaine de pièces, partageant la scène avec Bruno Crémer, Michel Galabru, Louis de Funès ou même, plus tard, le petit-fils de ce dernier, Laurent de Funès.
Elle a joué du Georges Feydeau, du Françoise Dorin, du Marcel Aymé et a triomphé dans des pièces comme « Treize à table » (1984) ou « Le squat » (2000).
Mais elle n'était pas qu'une comédienne : elle dirigea, brièvement, le théâtre du Vieux-Colombier (1970 et 1971), produisit des films (en particulier le grand succès de Patrick Schulmann, « Et la tendresse ? Bordel ! » en 1979) et des pièces de théâtre. En 1981, elle fut nommée chargée de mission pour l'audiovisuel auprès de la ministre socialiste des Droits de la femme, Yvette Roudy.
Engagée dans diverses actions de lutte contre le bégaiement (enfant, elle bégayait) ou la mucoviscidose, elle a créé en 1979 une association d'aide aux déshérités d'Afrique qui l'occupa beaucoup.
En 2005, elle signa ses mémoires (« Le rire est mon refuge »). En 2011, elle participa à l'émission de télé-réalité « Danse avec les stars » sur TF1, à l'âge de 82 ans. Marthe Mercadier a arrêté le cinéma en 2002, la télévision et le théâtre en 2012.
Celle qui était si gaie connaît une pénible fin de vie. En 2014, sa fille unique, Véronique, devenue son attachée de presse, confie que sa mère est atteinte de la maladie d'Alzheimer. En outre, la comédienne doit faire face à de grandes difficultés financières, n'ayant pas cotisé aux caisses de retraite. Elle est placée sous la curatelle de sa fille.
En 2015, elle disait sur Europe 1 qu'il « est très très important de parler tranquillement (de sa maladie). On ne va pas commencer à pleurer. Petit à petit, peut-être que je ne verrai plus, que je ne pourrai plus marcher, mais c'est important pour les autres qui continueront à marcher, qui continueront à rire ».