FRÉJUS: Le premier vice-président du Rassemblement national, Jordan Bardella, fidèle lieutenant de Marine Le Pen, devient à compter de lundi, le jour de ses 26 ans, le président par intérim du mouvement le temps de la campagne présidentielle.
Souvent sanglé d'un costume bleu marine, tombant davantage la cravate, le natif de la Seine-Saint-Denis aura la tâche de conduire jusqu'à la présidentielle un parti ébranlé par ses revers aux régionales, mais sans en changer la ligne « d'ouverture ».
Marine Le Pen lui a transmis les rênes dimanche à Fréjus, où il a enjoint aux militants de se « retrousser les manches » pour l'élection présidentielle et a attaqué les adversaires de la candidate à l'Elysée.
Fin août, il affirmait, comme le polémiste et putatif candidat Eric Zemmour, que la théorie complotiste du « grand remplacement » pointait « une réalité », au risque de contredire la « dédiabolisation » voulue par Marine Le Pen.
D'ascendance italienne, né à Drancy en Seine-Saint-Denis, le jeune homme élancé et à l'allure un peu raide n'a plus sa carte d'étudiant en géographie et se consacre désormais « 24h sur 24h » au parti, dont il a gravi rapidement les échelons jusqu'à devenir le premier vice-président, après avoir mené le RN à la victoire aux européennes en 2019.
Famille
« Avec la campagne européenne, j'ai le sentiment d'avoir pris 10 ans en six mois », admet le candidat, chez qui beaucoup au RN saluent la « maturité », et qui est en outre eurodéputé, conseiller régional sortant, et responsable de la jeunesse et de la communication du parti.
Son accession à la tête du parti fait que celui-ci n'est plus, pour la première fois, hormis un bref intérim entre les deux tours en 2017, dirigé par un Le Pen. Mais il reste dans la famille puisque Jordan Bardella vit en couple avec Nolwenn Olivier, fille de Marie-Caroline Le Pen, (la soeur aînée de Marine Le Pen), et de Philippe Olivier, conseiller spécial de la cheffe du RN.
« Il n’est pas très âgé mais il se démerde bien », salue un élu, même si sa marge de manoeuvre sera réduite car Marine Le Pen aura toujours « son mot à dire ».
Vieux militant malgré son jeune âge, intéressé tôt par l'Histoire et la politique, il prend sa carte au FN à 16 ans, au lendemain d'un débat en 2012 entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.
Après avoir obtenu le bac ES mention « très bien » dans un lycée privé de Saint-Denis, il obtient une bourse au mérite. Il devient à 18 ans responsable du FN dans le département, dont il n'a de cesse de dénoncer « l'ensauvagement » et monte un collectif sur les banlieues, qui réunissent à ses yeux « tous les problèmes de la France puissance 10 ».
Produit « maison »
Il évoque ces amies entrées au collège « dans un état d'esprit parfaitement laïc » et qui ressortent du lycée « en portant le voile », les émeutes de 2005 en bas de chez lui et son « premier confinement » lors de l'assaut donné, tout près de son domicile, contre les terroristes du Bataclan.
Il n'est pas baptisé mais « assume l'héritage au moins culturel chrétien » de ses parents, qui se sont séparés quand il avait deux ans. Il grandit chez sa mère. Elle travaille comme Atsem, à Saint-Denis, son père a une petite entreprise dans le Val d'Oise d'appareils pour boissons.
Elu conseiller régional d'Ile-de-France en 2015, il prend en 2018 la direction du mouvement des jeunes, qu'il rebaptise Génération nation (ex-FNJ), clin d’œil au mouvement radical dissout Génération identitaire. Il intègre en 2017 l'équipe de la campagne présidentielle, recruté par Jean-Lin Lacapelle, qui salue un militant « talentueux, efficace et humain ».
Sa jeunesse « incarne le renouveau », fait valoir un autre cadre, en rappelant que le RN a toujours promu ses jeunes militants, parmi lesquels l'ancienne députée Marion Maréchal.
Outre le fait d'être un pur « produit de la maison », Jordan Bardella a pour avantage de n'avoir pas été éclaboussé par les affaires, contrairement à d'autres responsables mis en examen.