TUNIS : Le député tunisien Yassine Ayari, connu pour ses positions critiques envers l'armée et le président Kais Saied, a entamé une grève de la faim pour protester contre les poursuites intentées à des civils par la justice militaire, a indiqué son avocat mercredi.
Cet ex-blogueur a été arrêté fin juillet 2021 en application d'un jugement rendu fin 2018, qui le condamnait à deux mois de prison pour une publication concernant l'armée sur sa page Facebook.
Son arrestation, vivement contestée par des ONG, est survenue cinq jours après que le président Saied a gelé le Parlement, levé l'immunité de tous les députés et limogé le Premier ministre Hichem Mechichi.
Yassine Ayari, un député indépendant de 40 ans, avait qualifié ce régime d'exception de "coup d'Etat militaire", sur les réseaux sociaux.
Mardi, M. Ayari "a décidé d'entamer une grève de la faim, alors qu'il souffre d'un ulcère, pour dénoncer les poursuites engagées par la justice militaire contre les civils" comme lui, a indiqué à l'AFP son avocat Mokhtar Jemaai.
Selon ce dernier, une nouvelle enquête a été ouverte par la justice militaire concernant les publications de Yassine Ayari dans lesquelles il critiquait le coup de force du président Saied.
Dans l'une d'elles, M. Ayari affirme que les mesures du président représentent "un renversement de la Constitution et du pacte social en utilisant l'armée".
Son avocat craint "qu'il y ait une volonté de prolonger l'emprisonnement" de M. Ayari "pour des règlements de compte politiques".
"Le procureur général militaire estime que ces publications ont porté atteinte à l'armée", a précisé Me Jemaai.
Le mouvement de M. Ayari, "Espoir et travail", lancé en 2019, a estimé dans un communiqué que les poursuites contre le député constituent "une grave violation de la liberté d'expression". Pour ce mouvement, les autorités utilisent les tribunaux militaires "pour restreindre les voix" critiques.
Contacté par l'AFP, le procureur du tribunal militaire de Tunis était injoignable.
Le directeur de la justice militaire, Mounir Abdelnbi, a indiqué à l'AFP qu'il n'était pas au courant de cette enquête.
En 2015, M. Ayari avait passé plus de quatre mois en prison après sa condamnation par un tribunal militaire pour outrage au haut commandement de l'armée sur les réseaux sociaux.