La France rendra un hommage national à Belmondo, pleuré par le monde du cinéma

Sur cette photo d'archive prise en mai 1974, Jean-Paul Belmondo, l'une des plus grandes stars du cinéma français et symbole du cinéma Nouvelle vague des années 1960, sourit pendant le Festival de Cannes. (Photo, AFP/Archives)
Sur cette photo d'archive prise en mai 1974, Jean-Paul Belmondo, l'une des plus grandes stars du cinéma français et symbole du cinéma Nouvelle vague des années 1960, sourit pendant le Festival de Cannes. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Mardi 07 septembre 2021

La France rendra un hommage national à Belmondo, pleuré par le monde du cinéma

  • La mort de l'acteur lundi, à 88 ans, a plongé dans le deuil un pays qui perd une figure familière, incarnant le talent, l'audace et l'insouciance
  • L'Elysée a annoncé mardi la tenue de cette cérémonie aux Invalides

PARIS : Populaire il était, populaire il restera... La France rendra jeudi un hommage national à Jean-Paul Belmondo, un de ses acteurs les plus emblématiques, pleuré par ses pairs comme par le public, avant ses obsèques vendredi.

La mort de l'acteur lundi, à 88 ans, a plongé dans le deuil un pays qui perd une figure familière, incarnant le talent, l'audace et l'insouciance.

L'Elysée a annoncé mardi la tenue de cette cérémonie aux Invalides. L'hommage national était à l'origine prévu pour les militaires mais a été étendu aux civils qui ont marqué leur temps, comme Charles Aznavour en octobre 2018.

Les obsèques de l'acteur se dérouleront vendredi à 11H00 à Paris, en l'église Saint-Germain-des-Prés, a annoncé dans la foulée l'avocat de la famille, précisant que la cérémonie serait suivie d'une crémation dans l'intimité.

Le président de la République Emmanuel Macron a qualifié lundi ce comédien extrêmement aimé de "trésor national, tout en panache et en éclats de rire, le verbe haut et le corps leste".

"Il sera sûrement solennel parce qu'il doit être. Mais en même temps il va falloir qu'on applaudisse très fort", a affirmé l'acteur Jean Dujardin, un des "héritiers" de "Bébel", mardi sur BFMTV. "On perd un guide. Ça a été un guide, Jean-Paul, ça a été quelqu'un qui nous a dit: ne vous encombrez pas avec des angoisses, amusez-vous".

"Il faudra tous aller aux Invalides parce que c'est là-bas qu'on pensera encore plus fort à lui", a déclaré, également à BFMTV, le délégué général du Festival de Cannes Thierry Frémaux. "Il a enterré tous ses copains, ça l'attristait beaucoup (...) mais là il est parti les rejoindre".

« Chahuteur »

"Je pense à lui, je l'aimais. Il me manque et je n'ai plus envie d'en parler, les grandes douleurs sont muettes", a écrit Brigitte Bardot dans un communiqué transmis à l'AFP par sa fondation.

Même tonalité du côté de l'ARP, l'un des principaux collectifs de cinéastes présidé par Claude Lelouch: "Quand je pense à Jean-Paul, je pense sourire, liberté, décontraction, travail, déconnade, chahuteur, génial (...) C'est un frère que je perds, un nouveau copain qui s'en va", a réagi le réalisateur qui avait tourné "Itinéraire d'un enfant gâté" avec le comédien.

Il "a totalement bouleversé l'emploi des jeunes premiers. Avant, c'étaient des grands blonds, un peu raides (rires) et lui est arrivé à la fois avec cette souplesse, ce corps, cette liberté, cette façon d'inventer dans le ciné comme (Dustin) Hoffman, (Al) Pacino. Ils ont permis à nous aussi, les petits, les bruns, d'avoir les jolies femmes dans nos bras (rires)", a déclaré à l'AFP l'acteur-réalisateur Daniel Auteuil.

La presse s'inclinait mardi devant cette figure qui faisait l'unanimité grâce à l'étendue de son jeu, à son sourire communicatif et à son aisance dans tous les rôles possibles.

"Ce flic et voyou gouailleur et sentimental, dont le visage représente la Nouvelle Vague comme le cinéma populaire, a servi de portemanteau à tous les costumes du répertoire", commente Libération.

Le Parisien, avec une photo en couleurs, salue "Le Magnifique". "Il aura durant près de soixante ans offert au cinéma français de genre un corps, une trogne et une voix – une présence sans équivalent", écrit Le Monde.

Plus de 6,6 millions de Français ont regardé lundi soir un film de Jean-Paul Belmondo, selon Médiamétrie: 3,55 millions de téléspectateurs pour "L'As des as" sur France 2 et 3,09 millions de téléspectateurs pour "Itinéraire d'un enfant gâté" sur TF1, qui lui a valu son seul César pour un rôle.

« Une partie de ma vie »

Eternel jeune premier, amateur de cascades qui a connu quelques pépins physiques, Jean-Paul Belmondo était le dernier des acteurs de la "bande du Conservatoire", des élèves frondeurs du Conservatoire des années 1950 qui ont disparu tour à tour ces quatre dernières années: Jean Rochefort, Claude Rich, Jean-Pierre Marielle, Jean-Pierre Mocky, Guy Bedos. 

Autre acteur mythique, plus jeune de trois ans, Alain Delon s'est dit lundi "complètement anéanti" d'avoir perdu cet ami: "C'est une partie de ma vie, on a débuté ensemble il y a 60 ans".

Belmondo fut pendant des décennies une tête d'affiche qui garantissait le succès en salles, après des débuts retentissants dans "À bout de souffle" en 1960, un film légendaire de la Nouvelle Vague.

Le grand public retient ses rôles dans des films d'action et des polars régulièrement rediffusés à la télévision, comme "L'Homme de Rio" (1963), "Peur sur la ville" (1975) ou "Le Professionnel" (1981), programmé sur France 2 mardi soir.

"Maintenant, quand je regarde ces cascades, je me dis que j'étais inconscient", confiait-il en 2017. Mais il profitait de chaque instant, lui qui avait d'abord cru devoir faire carrière au théâtre: "J'ai toujours travaillé pour le plaisir (...) Je n'aurais jamais imaginé devenir une vedette de films".

 


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

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  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
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  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.


Au Salon de l'agriculture, Macron attendu au tournant

Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
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  • Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier
  • Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon

PARIS: Visites politiques encadrées et les vaches seront bien gardées? Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier.

Pas d'incitation à chahuter cette année, mais des appels au calme ambivalents de la part des principaux syndicats agricoles, qui doivent être reçus l'un après l'autre en début de matinée avant la traditionnelle coupe de ruban et la déambulation présidentielle.

Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui ouvre ses portes au public à 09H00. En 2024, des milliers de personnes avaient été bloquées à l'extérieur pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d'Emmanuel Macron, entre huées, insultes, bousculades et violences.

Sécurité renforcée, commissariat mobile, chartes pour encadrer les visites politiques... Les organisateurs sont sur les dents pour ne pas voir se répéter le scénario catastrophe de l'an dernier.

L'entourage d'Emmanuel Macron lui a conseillé d'éviter une visite marathon, à l'image des 13 heures de déambulation de 2024 parmi les plus de 1.400 exposants et 4.000 animaux accueillis chaque année.

"Le président sera très probablement pris à parti", a averti Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat historique, qui l'attend sur les dossiers internationaux.

Cet automne, c'est l'opposition à l'accord de libre-échange UE-Mercosur qui a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d'agriculteurs, qui dénoncent aussi les taxes douanières chinoises et craignent des mesures similaires de la nouvelle administration américaine.

"Je souhaite qu'il en parle à Donald Trump (...): arrêter les importations massives qui ne respectent pas nos normes, lever les contraintes qui nous empêchent d'être compétitifs", renchérit Pierrick Horel des Jeunes Agriculteurs, alliés de la FNSEA.

Pour Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, forte de sa percée aux élections professionnelles de janvier, "ça va être tendu". Selon lui, Emmanuel Macron va aussi avoir du mal à "expliquer qu'on négocie encore un accord pour importer du sucre ou du poulet d'Ukraine" — l'accord d'association UE-Ukraine, en cours de révision — évoquant des produits érigés en symboles d'une "concurrence déloyale".

Coutumière des actions coup de poing, la Coordination rurale a toutefois passé à ses sympathisants un message d'apaisement, dans l'espoir qu'Emmanuel Macron "aura vraiment quelque chose" à leur dire, selon sa président Véronique Le Floc'h.

- "Où sont les promesses?" -

Plus d'un an après la mobilisation qui avait bloqué routes et autoroutes, l'heure est au bilan des mesures obtenues par les agriculteurs qui réclament un revenu "décent", plus de considération et moins d'injonctions.

Pour le gouvernement, ses engagements ont été "honorés": "500 millions d'euros d'allégement de charges fiscales prévus dans le budget", "soutien à la trésorerie pour les agriculteurs en difficulté", "indemnisations à hauteur de 75 millions d'euros aux propriétaires du cheptel touché par les épizooties" ou encore "la mise en place du contrôle administratif unique en octobre dernier".

Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d'orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession. Ce texte érige l'agriculture au rang "d'intérêt général majeur", facilite les installations, la construction de bâtiments d'élevage et le stockage de l'eau, tout en dépénalisant certaines infractions environnementales.

"Un an après, où sont passés les prix plancher et ses promesses? Au Salon 2024, nous demandions des prix minimum garantis pour les producteurs: non seulement on n'a pas du tout avancé, mais la situation est pire aujourd'hui", s'indigne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, troisième syndicat.

Elle estime que les demandes de l'alliance FNSEA-JA et de la CR ont été privilégiées, au détriment d'une "réelle transition agroécologique". Un argument repris par la gauche à propos de la loi d'orientation agricole.

Les personnalités politiques de tous bords devraient se succéder auprès de la vache limousine Oupette, égérie de l'édition 2025. Le Premier ministre François Bayrou est attendu lundi.

Malgré la volonté des organisateurs de limiter les visites à une journée pour chaque parti, Jordan Bardella (RN) a prévu de s'y rendre dimanche et lundi avec une délégation, comme en 2024, où les demandes de "selfies" avec le chef du parti d'extrême droite avaient contrasté avec la visite présidentielle.

En novembre, à la veille de nouvelles mobilisations paysannes, il s'était affiché dans le Lot-et-Garonne avec des cadres de la Coordination rurale, qui faisait campagne de son côté pour "dégager la FNSEA" des chambres d'agriculture.