BEYROUTH: Les dirigeants libanais sont parvenus samedi à un accord pour continuer à subventionner à court terme le carburant, a-t-on appris de sources officielles dix jours après l'annonce par la Banque centrale d'une levée des subventions dans un pays en plein effondrement.
À court de devises étrangères, la Banque centrale (Banque du Liban, BDL) avait annoncé le 11 août qu'elle ne financerait plus les subventions sur les carburants, après une première coupe fin juin ayant déjà entraîné une augmentation des prix à la pompe de 55%.
L'annonce avait aggravé les pénuries et provoqué une ruée folle sur les stations-service par une population éreintée, ainsi que de graves perturbations ou fermetures dans le secteur de la santé notamment.
Les pannes de courant culminent désormais à plus de 23 heures par jour, et en l'absence de fioul, les générateurs de quartier, qui prennent habituellement le relais, rationnent aussi foyers, commerces, supermarchés et institutions.
Samedi soir, la présidence a indiqué que les autorités avaient décidé de "demander à la Banque du Liban d'ouvrir un compte temporaire pour couvrir une subvention urgente et exceptionnelle aux carburants".
Les importations d'essence, mazout et gaz domestique seront subventionnées grâce à une enveloppe de 225 millions de dollars maximum jusqu'à fin septembre, a-t-on indiqué de même source.
La décision a été annoncée à l'issue d'une réunion du président Michel Aoun avec le Premier ministre sortant Hassan Diab, les ministres sortants de l'Énergie Raymond Ghajar et des Finances Ghazi Wazni et le gouverneur de la BDL Riad Salamé.
Si le taux officiel, observé depuis plus de deux décennies, est toujours fixé à 1 507 livres (LBP) pour un dollar, la monnaie nationale a perdu plus de 90% de sa valeur sur le marché noir.
La Banque centrale avait jusque-là fourni des dollars aux importateurs au taux de 3 900 LBP pour un dollar, et les prix étaient fixés par le ministère de l'Énergie selon ce taux.
Le taux de change qui sera utilisé pour calculer les nouveaux prix de l'essence sera de 8 000 livres libanaises pour un dollar, selon la présidence et le bureau du Premier ministre.
Les pénuries d'essence et de mazout ont été imputées au stockage de carburant par les distributeurs à des fins spéculatives ainsi qu'à la contrebande vers la Syrie.
Pour l'économiste Nassib Ghobril, de la Byblos Bank Group, la solution annoncée samedi est une formule de "compromis" censée permettre aux importateurs de libérer leurs stocks et réduire les pénuries.
"Mais cela ne va pas résoudre le problème", souligne-t-il: "La solution est la levée totale des subventions, cela fera disparaître les longues files aux stations-service, et découragera la contrebande".