PARIS: L'opposition indépendantiste kabyle a appelé mercredi à une enquête internationale sur les incendies meurtriers en Algérie et le lynchage d'un jeune homme faussement accusé de pyromanie, niant toute responsabilité dans les sinistres et y voyant la main des autorités algériennes.
"Nous demandons une enquête internationale et sur ce jeune homme qui a été immolé (Djamel Ben Ismaïl, NDLR) et sur les incendies" qui ravagent la Kabylie, dans le nord de l'Agérie, a déclaré à l'AFP Aksel Ameziane, porte-parole de "l'Anavad" ou "gouvernement provisoire kabyle", une association fondée par le mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste).
Né dans le sillage du "Printemps kabyle" de 2001, basé à Paris, le MAK est une organisation illégale en Algérie qui l'a classée comme "terroriste" le 18 mai dernier.
"On a écrit à l'ONU, saisi le Conseil de sécurité, l'Union européenne, l'Union africaine et nous avons des contacts avec Amnesty International", a ajouté M. Ameziane.
Ce dernier a rejeté les accusations des dirigeants algériens selon lesquels le MAK est derrière les incendies qui ont fait au moins 90 morts, selon divers bilans.
"Nous continuons de réfuter ces allégations.(...) Le MAK est une organisation pacifique. Seul l'État algérien la considère comme terroriste" parce qu'elle "conteste les agissements du régime algérien", a estimé M. Ameziane.
Alger s'oppose à toute velléité indépendantiste de la Kabylie, région berbérophone du nord-est de l'Algérie.
Pour le porte-parole, les récents incendies font partie d'un plan "bien échaffaudé" par le pouvoir algérien.
"Quand on voit 50 départs de feu synchronisés, le feu qui démarre dans des crêtes… Il faut des moyens pour faire cela", pointe-t-il.
Selon les autorités algériennes, la majorité des incendies qui ont frappé l'Algérie, sont d'origine "criminelle", sans toutefois que la preuve en ait été apportée jusqu'à présent.
Soixante-et-un suspects ont été arrêtés depuis le lynchage et l'immolation le 11 août en Kabylie du jeune Djamel, un meurtre atroce qui a profondément choqué les Algériens.
Certains des suspects ont avoué, selon des témoignages diffusés mardi par les télévisions, appartenir au MAK.
"L'histoire du jeune homme est complètement fabriquée", a répondu le porte-parole à Paris.
"Il fallait détourner l'attention de ces incendies car pendant deux trois jours Alger a refusé l'aide internationale", a poursuivi M. Ameziane.
"Nous considérons cela comme non-assistance à peuple en danger. On a laissé mourir des gens", s'est-il indigné.