KERBALA: Le meurtre par balles en pleine rue d'un responsable municipal de la ville irakienne de Kerbala suscitait mercredi l'indignation d'Irakiens qui fustigeaient l'"impunité" des assassins et l'inaction du Premier ministre face aux "assassins".
La victime, Abir Selim, était directeur des services municipaux de Kerbala, ville sainte chiite située au sud de Bagdad. Il a été tué mardi alors qu'il "s'acquittait de son devoir d'éliminer les abus sur la voie publique", en supervisant le recensement des constructions illégales, a indiqué le bureau du Premier ministre Moustafa al-Kazimi, dans un communiqué.
Sur une vidéo enregistrée par une caméra de surveillance et diffusée sur les réseaux sociaux, on voit un homme vêtu d'une "dishdasha" blanche -- une robe masculine -- tirant à bout portant en pleine rue sur le responsable municipal, qui s'écroule. Le meurtrier présumé a été interpellé juste après les faits.
"Les tueurs et les criminels n'échapperont pas au châtiment" car "personne n'est au-dessus des lois", a réagi M. Kazimi qui s'est rendu à Kerbala mercredi pour présenter ses condoléances à la famille de la victime. Il est ensuite allé sur les lieux du crime, où il a sermonné le meurtrier présumé auquel les forces de l'ordre avaient préalablement bandé les yeux, selon des photos de la confrontation publiées par le gouvernement.
Mais ces gestes n'ont pas convaincu militants et Irakiens ordinaires, excédés par l'"impunité", dont jouissent, selon eux, les assassins.
Ce meurtre illustre le "désordre" de la société irakienne où la "faiblesse des forces de l'ordre se conjugue à l'intimidation de la société par les tribus, la religion et les partis politiques", a réagi l'un d'entre eux sur Twitter. Un autre s'insurgeait pour que M. Kazimi mette la même énergie à traquer les "tueurs de militants" prodémocratie.
Depuis le début de la révolte populaire inédite d'octobre 2019, plus de 70 militants ont été victimes d'assassinats ou de tentatives d'assassinat, tandis que des dizaines d'autres ont été enlevés brièvement.
Personne n'a revendiqué ces attaques mais les militants prodémocratie sont convaincus que les tueurs sont connus des services de sécurité et ne sont pas arrêtés malgré les promesses du gouvernement, car liés à l'Iran, le puissant voisin agissant en Irak.
En Irak, les armes légères (pistolets, fusils, mitraillettes...) circulent énormément dans la population civile. Selon le Small arms survey, en 2017 on comptait 7,6 millions d'armes légères pour 39 millions d'habitants, dont 40% ont moins de 14 ans. Et sûrement beaucoup plus, non déclarées.