BEYROUTH : Des militants du Hezbollah ont tiré des roquettes en direction d'Israël vendredi, entraînant des tirs de représailles des Forces de défense israéliennes (FDI) dans le sud du Liban au cours d'un troisième jour d'échanges transfrontaliers.
Le groupe soutenu par l'Iran a affirmé qu'il avait ciblé un terrain découvert près des positions des FDI en représailles aux frappes aériennes israéliennes qui avaient également touché des zones ouvertes, dans le but de désamorcer les tensions.
L'armée libanaise a signalé qu'Israël avait riposté en tirant 40 obus d'artillerie sur le territoire libanais, dont 10 sont tombés à la périphérie de la ville d'Al-Sadana, tandis que le reste est tombé à la périphérie de Bastra et Kfarchouba, provoquant plusieurs incendies dans la zone.
La Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a indiqué que la situation est «très dangereuse à la lumière de l'escalade des deux côtés observée au cours des deux derniers jours».
Les roquettes du Hezbollah ont été lancées vers une zone connue sous le nom de «fermes de Chebaa», en dehors de la Ligne bleue établie par l'ONU en 2000 et en violation de la résolution 1701 de l'ONU. Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé «tant Israël que le Liban à respecter la Ligne bleue tracée en mai 2000 ».
La Résistance islamique, la branche militaire du Hezbollah, a assumé la responsabilité des tirs, affirmant que «les bombardements étaient une réaction aux raids aériens israéliens jeudi soir sur le terrain découvert dans les zones d'Al-Jarmaq et d'Al-Shawakir».
Les FDI ont affirmé avoir «compté 19 roquettes tirées, dont trois sont tombées à l'intérieur du Liban, 10 ont été interceptées, tandis que 6 sont tombées dans des zones ouvertes».
Ils ont ajouté : «Le Hezbollah a délibérément lancé des roquettes sur des zones ouvertes inhabitées, ce qui est un signe qu'il ne veut pas la guerre. Le Hezbollah utilise les Libanais comme boucliers humains, plaçant ses roquettes au milieu de leurs maisons».
«Nous réfléchissons à la manière de riposter aux bombardements du sud du Liban, mais nous ne reviendrons pas à l'escalade».
Des séquences vidéo diffusées sur les réseaux sociaux, quant à elles, montraient une foule de personnes dans le village de Chouya protestant contre des véhicules transportant des roquettes passant entre leurs maisons, affirmant que cela inciterait les FDI «à nous frapper».
Dans les images, les villageois ont encerclé les véhicules, s’emparant d’un camion, d’une voiture et ceux qui se trouvaient à l'intérieur, affirmant qu'ils étaient membres du Hezbollah. Le lance-roquette confisqué sur le camion avait 11 roquettes, avec quelques obus vides récupérés aussi.
Le commandement de l'armée libanaise a déclaré avoir arrêté quatre suspects à Chouya soupçonnés d'avoir tiré des roquettes et saisi le lance-roquette utilisé dans l'opération.
Le Hezbollah a répondu en disant que «les citoyens faisaient obstacle aux militants résistants à leur retour de service». Il a ajouté que le groupe «n'exposerait les gens à aucun danger pendant son devoir de résistance».
Israël entretient dans tensions croissantes avec l'Iran depuis plusieurs mois, le Hezbollah au Liban étant considéré par le gouvernement israélien comme un mercenaire important de Téhéran.
L'ancien Premier ministre libanais Saad Hariri a déclaré : «La situation est très dangereuse et constitue une menace sans précédent pour la résolution 1701 de l'ONU».
Hariri a mis en garde contre «l'utilisation du sud du Liban comme plate-forme pour des conflits régionaux qui pourraient entraîner des résultats et des répercussions incalculables. »
«Le Liban ne fait pas partie du conflit irano-israélien dans la mer d'Oman, et l'État est la seule entité chargée de protéger ses citoyens et de fournir les fondements de la souveraineté », a-t-il prévenu.
Le président du parti des Forces libanaises, Samir Geagea, a qualifié l'escalade de «très dangereuse compte tenu de la tension croissante dans la région».
Il a ajouté que jouer avec le feu, en référence aux échanges de tirs, pourrait avoir des conséquences désastreuses pour le peuple libanais.
Samy Gemayel, chef du parti libanais Kataëb, a déclaré : «Nous rejetons les pratiques du Hezbollah, qui met en œuvre des agendas idéologiques et régionaux qui n'ont rien à voir avec le Liban. »
«Nous voulons un pays qui possède la décision de faire la guerre et la paix, dans lequel les armes sont détenues aux mains de l'armée, et qui respecte les décisions de la légitimité internationale», a-t-il ajouté.
La Ligue arabe a rejeté le fait d’«entraîner le Liban dans le conflit entre l'Iran et Israël », mais le groupe militant du Hamas basé à Gaza a déclaré son «soutien total» aux actions du Hezbollah.
Le Liban est aux prises avec une crise économique qui, selon la Banque mondiale, est l'une des pires au monde depuis plus d'un siècle.
Malgré la pression mondiale, les politiciens du pays n'ont jusqu'à présent pas réussi à former de gouvernement depuis la démission de l’exécutif sortant à la suite d'une explosion meurtrière il y a un an dans le port de Beyrouth.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com