Poussée de fièvre entre le Hezbollah et Israël à la frontière libano-israélienne

Des partisans du Hezbollah portant des drapeaux sur des motos passent devant des soldats libanais alors que l'armée se déploie au milieu des affrontements dans la région de Khalde, au sud de la capitale, le 1er août 2021. (Photo, AFP)
Des partisans du Hezbollah portant des drapeaux sur des motos passent devant des soldats libanais alors que l'armée se déploie au milieu des affrontements dans la région de Khalde, au sud de la capitale, le 1er août 2021. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 07 août 2021

Poussée de fièvre entre le Hezbollah et Israël à la frontière libano-israélienne

  • La tension est montée après les tirs d'une dizaine de roquettes, revendiqués par le Hezbollah, dans la région disputée du plateau du Golan occupé par Israël depuis 1967, au lendemain de frappes aériennes israéliennes sur le sud du Liban
  • Les deux ennemis ont déclaré ne pas souhaiter d'escalade, après que la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul) a mis en garde contre « une situation très dangereuse » et appelé à un cessez-le-feu « immédiat »

BEYROUTH : Le Hezbollah libanais a lancé vendredi plus de dix roquettes vers Israël qui a riposté par des tirs d'artillerie, une escalade majeure entre l'Etat hébreu et le mouvement chiite soutenu par l'Iran.

La tension est montée après les tirs d'une dizaine de roquettes, revendiqués par le Hezbollah, dans la région disputée du plateau du Golan occupé par Israël depuis 1967, au lendemain de frappes aériennes israéliennes sur le sud du Liban.

Les deux ennemis ont déclaré ne pas souhaiter d'escalade, après que la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul) a mis en garde contre "une situation très dangereuse" et appelé à un cessez-le-feu "immédiat".

Le Hezbollah a indiqué avoir bombardé "des positions des forces d'occupation israéliennes dans la région des fermes de Chebaa", appellation libanaise du secteur.

Selon Israël, 19 roquettes ont été tirées, dont six ont touché son sol. Trois ont manqué leur cible et les autres ont été interceptées par les défenses aériennes de l'Etat hébreu.

Le mouvement chiite libanais a affirmé qu'il s'agissait d'une réponse aux frappes aériennes israéliennes de la veille sur le sud du Liban, les premières depuis 2014.

Vendredi, un correspondant de l'AFP dans le sud du Liban a observé des tirs d'artillerie des forces israéliennes sur les fermes de Chebaa et près de Kfarchouba. Le calme était revenu dans l'après-midi.

Pas d'escalade ?

"Nous ne voulons pas d'une escalade en vue d'une véritable guerre, mais bien sûr nous sommes prêts à cela", a déclaré à des journalistes Amnon Shefler, un porte-parole de l'armée israélienne.

Même son de cloche du numéro deux du Hezbollah, Naïm Kassem: "nous ne pensons pas que les choses se dirigent vers une escalade, bien que le Hezbollah soit préparé" à une confrontation, a-t-il affirmé à la presse. 

L'aviation israélienne bombarde régulièrement des positions présumées du Hamas palestinien dans la bande de Gaza et mène aussi des frappes en Syrie voisine, où elle cible des positions de forces pro-iraniennes.

Ses dernières frappes aériennes revendiquées au Liban remontent à 2014. Mais ces raids n'avaient pas ciblé des bastions du Hezbollah.

Les deux ennemis s'étaient livrés une guerre de 33 jours en 2006 ayant tué 1.200 Libanais, en majorité des civils, et 160 Israéliens, pour la plupart des soldats.

Depuis, les deux camps restent en état de guerre mais évitent tout embrasement. 

Une poussée de fièvre avait eu lieu en 2019, lorsque le Hezbollah avait pris pour cible un véhicule militaire israélien en représailles à deux attaques attribuées à Israël contre ses intérêts en Syrie et au Liban.

Colère des villageois

Fait rare, des habitants druzes du village de Hasbaya ont arrêté vendredi un camion transportant un lance-roquettes utilisé lors de l'attaque du Hezbollah, a indiqué à l'AFP une source militaire.

Une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux montre des villageois en colère bloquant le passage du camion et accusant le Hezbollah de mettre en danger des vies civiles.

"Une unité de l'armée (libanaise) dans le village de Chwayya a arrêté quatre personnes qui ont tiré les roquettes et a saisi le lance-roquettes", a indiqué de son côté l'armée dans un communiqué. 

Cette semaine, Israël a affirmé qu'il tiendrait l'Etat libanais pour responsable de "toutes les actions depuis son territoire" portant atteinte "aux civils israéliens et à la souveraineté d'Israël".

"Israël demande à la communauté internationale et aux États-Unis en particulier d'exiger du gouvernement libanais la fin des tirs de roquettes sur Israël", a plaidé vendredi le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, auprès de son homologue américain lors d'un entretien téléphonique. 

Les Etats-Unis ont exhorté vendredi le Liban à "empêcher rapidement" les militants du Hezbollah de tirer des roquettes vers Israël.

La France, qui mène les efforts internationaux pour relever le Liban, s'est de son côté dite "préoccupée par la montée des tensions", appelant à la "cessation des hostilités".

Le Liban, en proie à une crise économique et sociale sans précédent, est toujours sans gouvernement depuis l'explosion au port de Beyrouth en août 2020. 

Les échanges de tirs à la frontière libano-israélienne coïncident par ailleurs avec une recrudescence des tensions entre l'Etat hébreu et l'Iran, parrain du Hezbollah, dans la foulée d'une attaque meurtrière en mer d'Oman contre un pétrolier géré par la société d'un milliardaire israélien. 

 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".