Tensions entre Israël et le Hezbollah: après l’escalade, une volonté d’apaisement

Les raids ont visé des zones inhabitées, mais ils semblent avoir été perçus par le Hezbollah comme une modification des règles d’engagement établies tacitement entre les belligérants depuis la guerre massive menée par Israël contre le Liban à l’été 2006. (Photo, AFP)
Les raids ont visé des zones inhabitées, mais ils semblent avoir été perçus par le Hezbollah comme une modification des règles d’engagement établies tacitement entre les belligérants depuis la guerre massive menée par Israël contre le Liban à l’été 2006. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 06 août 2021

Tensions entre Israël et le Hezbollah: après l’escalade, une volonté d’apaisement

  • Le nouvel épisode d’escalade entre Israël et le Hezbollah aura été une sorte d’échange de messages entre des parties qui parlent une même langue, et ne veulent pas d’un conflit
  • Le sud du Liban reste une poudrière permanente, qui peut exploser à tout moment, si les impératifs du contexte régional l’exigent

BEYROUTH: C’est une forte poussée de fièvre qui a fait craindre le pire aux Libanais, l’espace d’une matinée, avant que la tension ne retombe. Elle succède à des escarmouches dans la région frontalière entre le Liban et Israël, qui ont débuté mercredi 4 août.

Ce jour-là, les Libanais, qui étaient mobilisés par la commémoration du premier anniversaire de l’explosion du port de Beyrouth, ont appris avec stupeur que des tirs de roquettes, non revendiqués avaient visé une région frontalière israélienne. Habitués à ce genre d’incident dans une zone qui vit constamment sous tension, ils ont respecté le programme prévu pour cette journée si particulière.

Israël a bien sûr, comme à l’accoutumée,  riposté aux tirs par des frappes d’artillerie, visant des régions inhabitées dans le sud du Liban, sans essuyer de réaction de la part du Hezbollah. Cependant, la tension est montée d’un cran durant la journée de jeudi, où l’aviation israélienne a mené pour la première depuis 2014 des raids sur des localités frontalières libanaises.

Cette année-là, des avions de combat israéliens avaient visé des territoires libanais limitrophes de la frontière avec la Syrie, sans cibler des positions du Hezbollah. Jeudi, un communiqué de l’armée israélienne a confirmé que «des avions de combat de l’armée ont ciblé des sites de lancement de missile et des infrastructures utilisées pour des activités terroristes au Liban, d’où des roquettes ont été tirées». Ce recours à la force aérienne n’a pas provoqué de victimes.

Les raids ont visé des zones inhabitées, mais ils semblent avoir été perçus par le Hezbollah comme une modification des règles d’engagement établies tacitement entre les belligérants depuis la guerre massive menée par Israël contre le Liban à l’été 2006. Ce conflit de trente-trois jours avait causé la mort d’environ 1200 Libanais, en majorité des civils. Elle avait également provoqué l’exode des habitants du sud du pays vers Beyrouth et d’autres régions.

Cette récente escalade est-elle le signe d’une modification de la donne existante, avec l’arrivée récente au pouvoir en Israël d’un Premier ministre, Naftali Bennett, ancien ministre de la Défense, et du nouveau ministre de la Défense, Benny Gantz, ancien chef d’état-major de l’armée? La question est posée, mais quel meilleur moyen d’y répondre que de tester l’adversaire.

Un communiqué publié par le Hezbollah a pour sa part affirmé qu’en réponse aux raids israéliens, «la Résistance islamique a bombardé avec des dizaines de roquettes un territoire près des forces d’occupation israéliennes dans la région des fermes de Chebaa». Après la diffusion de cette déclaration, nombre de Libanais ont envisagé le pire. La réaction de la Finul (Force intérimaire des Nations unies pour le Liban), déployée à la frontière entre les deux pays depuis 1978, a confirmé leurs craintes. Dans un communiqué, cette dernière a qualifié la situation de «très dangereuse». Le commandant de la Finul, le général Stefano Del Col, a enjoint les parties concernées, avec lesquelles il est en contact, à «cesser immédiatement le feu».

Difficile, dans un moment pareil, de ne pas penser à la recrudescence de la tension entre Israël et l’Iran, après l’attaque récente en mer d’Oman d’un pétrolier, le Mercer Street, géré par un homme d’affaire israélien. Impossible également de ne pas penser à la toute dernière déclaration de Gantz, qui a assuré que son pays était prêt à frapper l’Iran en riposte à cette attaque toujours non revendiquée.

Un autre communiqué de l’armée israélienne a indiqué que les roquettes du Hezbollah ont ciblé des zones israéliennes inhabitées, et qu’Israël ne souhaitait pas d’escalade, tout en affirmant y être prêt. Cela signifie que la réponse a été dosée de telle manière à ce qu’elle ne donne pas lieu à une recrudescence des actes militaires.

Désormais l’épisode de violence est circonscrit, la messe est dite, et les Libanais peuvent reprendre leur souffle. Ce nouvel épisode de tension et d’escalade aura été une sorte d’échange de messages entre des parties qui parlent une même langue.

Le Hezbollah a cherché à rappeler à la nouvelle équipe dirigeante israélienne qu’elle ne pouvait pas modifier unilatéralement et sans conséquences des règles vieilles de seize ans. Il est clair toutefois que la situation interne libanaise catastrophique sur le plan économique, financier, social et sanitaire, laisse peu de marge au Hezbollah pour se lancer dans une aventure militaire dont les conséquences humanitaires seraient colossales, comme ce fut le cas en 2006.

Israël, de son côté, ne pourrait pas se permettre d’achever militairement un pays au bord de l’asphyxie, sous le poids de ses crises internes, sans essuyer les foudres de la communauté internationale.

La parenthèse qui pouvait laisser présager le pire est donc fermée, mais les Libanais on constaté une fois de plus la fragilité de leur situation. Le sud de leur pays est une poudrière permanente, qui peut exploser – et eux avec –, si les impératifs du contexte régional l’exigent.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".