La faussaire de disques: Zineb Belrhiti

L'expérience de l'artiste d'origine marocaine est typique de celle de ses pairs qui grandissent dans le pot-pourri culturel de Dubaï. (Photo fournie)
L'expérience de l'artiste d'origine marocaine est typique de celle de ses pairs qui grandissent dans le pot-pourri culturel de Dubaï. (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 06 août 2021

La faussaire de disques: Zineb Belrhiti

  • La bande-son de l'artiste d'origine marocaine et élevée aux Émirats arabes unis célèbre le multiculturalisme qui est au cœur de son identité
  • «Plutôt que de se sentir perdu ou triste, être influencé par différentes cultures est une très bonne chose»

AMSTERDAM: En grandissant, raconte Zineb Belrhiti à Arab News, «j'étais beaucoup plus dans la culture occidentale: je regardais beaucoup de films américains et j'écoutais de la musique américaine et britannique. Je ne voulais pas écouter les grands artistes arabes que mes parents affectionnaient».

L'expérience de l'artiste d'origine marocaine est typique de celle ses pairs qui grandissent dans le pot-pourri culturel de Dubaï. «Je n'ai vécu au Maroc que jusqu'à l'âge de trois ans. J'ai grandi aux Émirats arabes unis (EAU). Je suis allée dans une école française, donc j'étais entourée de gens de différentes nationalités – et en général, les EAU sont très multiculturels», précise-t-elle.

Mais à la fin de son adolescence, Zineb Belrhiti a commencé à se sentir quelque peu déracinée – une autre expérience à laquelle de nombreuses personnes aux EAU pourront s'identifier. «J'ai réalisé que je me sentais assez éloignée de ma propre culture. Je ne me sentais pas vraiment Marocaine, mais je ne suis pas Française non plus. Je parle français et j'ai grandi avec la culture française, mais je ne peux pas dire que je suis Française, parce que je ne le suis pas. En même temps, je ne peux pas dire que je viens des EAU car, même si j'ai passé ma vie ici, je n'ai pas de passeport émirien.»

«Je ne pense pas être la seule, je pense que c'est quelque chose que beaucoup de gens peuvent comprendre. Et cette déconnexion de toute culture m'a donné envie de me rapprocher de mes racines marocaines et de la culture arabe en général», poursuit-elle.

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Zineb Belrhiti. (Photo fournie)

Son niveau en arabe n'étant pas particulièrement bon, explique-t-elle, elle s'est donc tournée pour pallier ses difficultés vers certains des musiciens arabes que ses parents aimaient et qu'elle avait auparavant évités. J'ai commencé à vraiment apprécier Abdel Halim Hafez, Oum Kalthoum, Fairouz…» De là un lien plus fort avec ses racines arabes s’est développé. 

Dans son exposition audiovisuelle Soundtrack to Puzzled Identities, mise en ligne le mois dernier par la P21 Gallery (organisation caritative basée à Londres dont l’objectif est la promotion de la culture et de l'art contemporains du Moyen-Orient et de l'Arabie), Zineb Belrhiti réunit un certain nombre de ses influences culturelles afin de dépeindre les tensions et la confusion — et l'inspiration créatrice — que ces sentiments de «troisième culture» peuvent susciter.

Ses illustrations pop art présentent des musiciens arabes sur fond de pochettes de disques occidentales (Oum Kalthoum sur 21 d'Adele, Fairouz sur Born to Die de Lana Del Rey ou Abdel Halim Hafez sur le premier album éponyme d'Elvis Presley), et chacune est accompagnée d'un court mix audio (créé par Zineb Belrhiti sur le logiciel GarageBand) d'un morceau des artistes concernés.

«Toute l'exposition est centrée sur la nostalgie, ce sont tous des artistes que j'ai écoutés à un moment de ma vie qui représentaient quelque chose», explique-t-elle. «Lana Del Rey, je l'écoutais beaucoup quand j'avais 14 ans, et c'était vraiment la genèse de mes propres goûts musicaux. Puis j'ai découvert la musique indie, et je suppose qu'à partir de là, mes goûts ont vraiment évolué. Adèle, elle aussi, est emblématique, et de nombreuses personnes reconnaîtront cet album. Elvis Presley est également un grand artiste. Je voulais donc que l'album soit reconnaissable, mais aussi que les artistes occidentaux soient grands, juste pour montrer à quel point ces artistes arabes sont également importants.»

Outre les icônes arabes déjà mentionnées (dont Warda sur Future Nostalgia de Dua Lipa), Zineb Belrhiti a également inclus deux artistes alternatifs arabes contemporains – les pionniers de l'indie libanais Mashrou’ Leila (sur Hot Space de Queen) et l'artiste trap marocain Issam (sur Aladdin Sane de David Bowie).

«Quand j'ai découvert Mashrou’ Leila, j'étais vraiment contente de constater que ce groupe arabe indépendant marchait si bien, même en Occident. C'est vraiment intéressant qu'ils chantent en arabe et soient en même temps reconnus dans le monde entier. Cela s'applique à Issam aussi. Il chante en marocain – ce qui est encore plus difficile à comprendre, même pour les arabophones – c'est donc vraiment agréable de constater qu'il est écouté en Europe et aux États-Unis. Ces artistes mélangent les cultures à leur manière et sont reconnus pour cela.»

C'est, bien sûr, exactement ce que fait Zineb Belrhiti avec Soundtracks to Puzzled Identities, qui a reçu des commentaires encourageants sur les réseaux sociaux. Un projet qui doit perdurer.

«Il s’agit de montrer que même si vous ne vous sentez vraiment chez vous nulle part, vous avez toujours de nombreuses cultures dont vous pouvez vous inspirer et tant de liens avec toutes ces cultures auxquelles vous avez été exposé», souligne-t-elle à propos de sa création. «Plutôt que de se sentir perdu ou triste, être influencé par différentes cultures est une très bonne chose.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
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  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaf, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaf, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

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Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

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Gabriella Skaf - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
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  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com