TUNIS, Tunisie: Un jour après avoir nommé un nouveau ministre de l’Économie, le président, Kaïs Saïed, a limogé l’ambassadeur de Tunisie à Washington.
M. Saïed n’a toujours pas nommé de nouveau Premier ministre pour remplacer celui qu’il a limogé il y a deux semaines.
Le président tunisien s’est octroyé le pouvoir exécutif le 25 juillet, précisant que ses décisions seraient désormais publiées sous forme de décret. Il a également entamé une série de consultations à l’échelle internationale. Mardi, il a rencontré le ministre égyptien des Affaires étrangères, un allié de taille au Moyen-Orient.
Selon des sondages locaux, les actions controversées de Kaïs Saïed – dont le gel des activités du Parlement tunisien – bénéficient d’un large soutien populaire.
Le pays nord-africain tente de renforcer sa démocratie depuis que le peuple a chassé son ancien dirigeant autocrate il y a une décennie, déclenchant les événements connus sous le nom du «Printemps arabe». La Tunisie est le seul pays qui a réussi à surmonter cette période chaotique alors que ses alliés – des États-Unis au Moyen-Orient en passant par l’Europe – s’inquiètent de la suite des événements.
La Tunisie est actuellement en proie à une crise économique, sociale et sanitaire. Les hôpitaux sont submergés par la vague de Covid-19. M. Saïed, qui s’est servi d’un article de la Constitution permettant au président d’intervenir face à une situation grave, déclare avoir agi ainsi afin de sauver le pays.
Lors de sa rencontre avec le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choucri, le président tunisien a affirmé que «la sécurité et la stabilité des deux pays sont étroitement liées», déclare l’agence de presse Tunis Afrique Presse (TAP).
Le ministre égyptien a fait part du soutien du président Abdel Fattah al-Sissi aux «actions historiques» entreprises par le dirigeant tunisien, ajoute la TAP. «L’Égypte et la Tunisie travaillent de concert afin d’assurer la stabilité non seulement dans les deux pays, mais aussi à l’échelle régionale», selon la TAP qui cite le ministre égyptien après la rencontre.
Un ministre par intérim a été nommé lundi à la tête de l’important ministère de l’Économie, après qu’Ali Kooli a été limogé; le ministre des Technologies de communication a également été démis de ses fonctions.
La vague de limogeages commencée lorsque le président s’est arrogé le pouvoir exécutif s’est poursuivie mardi.
L’ambassadeur de Tunisie à Washington, Nejmeddine Lakhal, est le dernier de la liste à avoir été limogé, selon la TAP. Aucune explication n’a été donnée. Mardi, le président a également démis de ses fonctions le gouverneur de la ville de Sfax, une région particulièrement importante située à l’est de la Tunisie.
Certains députés n’ont également pas été épargnés, piégés par les autorités judiciaires dans le cadre de poursuites pénales qui n’ont pu être engagées plus tôt. Le président tunisien a levé l’immunité parlementaire des députés lorsqu’il a pris les pleins pouvoirs. Plusieurs d’entre eux ont été convoqués afin de répondre à des accusations auxquelles ils avaient échappé.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com