L’acteur Waleed Zuaiter: «Pour la première fois, ma voix se fait entendre»

L'acteur palestino-américain Waleed Zuaiter est l'un des acteurs arabes les plus connus au monde. (Photo fournie)
L'acteur palestino-américain Waleed Zuaiter est l'un des acteurs arabes les plus connus au monde. (Photo fournie)
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Publié le Jeudi 29 juillet 2021

L’acteur Waleed Zuaiter: «Pour la première fois, ma voix se fait entendre»

  • L'acteur nommé aux Bafta parle des frustrations liées aux castings, ainsi que du bonheur de jouer dans Baghdad Central
  • Ce n'est que lorsqu'il a pratiqué le métier qu'il s'est rendu compte que «devenir n'importe qui» n'était pas vraiment possible pour les Arabes

DUBAÏ: Le chemin de la réussite est souvent plus semé d’embûches que les gens ne veulent l’admettre. Même des années après son premier succès, la vie d'un acteur est souvent une existence marquée par des interruptions et des reprises, le travail se faisant rare lorsque vous en avez le plus besoin.

En 2011, l'acteur palestino-américain Waleed Zuaiter – désormais l'un des acteurs arabes les plus connus au monde, ayant obtenu une nomination aux Bafta en 2021 pour son rôle principal dans Baghdad Central – a connu un creux dans sa carrière. On ne lui proposait pas de grands rôles et cela l'affectait plus qu'il ne le laissait entendre.

Cela faisait deux ans qu'il avait joué aux côtés de George Clooney dans The Men who Stare at Goats, et le voilà, avec une famille à sa charge, se demandant s'il devait continuer à poursuivre son rêve ou abandonner complètement le métier d'acteur.

Waleed Zuaiter avec George Clooney et Ewan McGregor dans The Men who Stare at Goats. (Alay)
Waleed Zuaiter avec George Clooney et Ewan McGregor dans The Men who Stare at Goats. (Alay)

C'est alors qu'il a reçu un appel des créateurs d'une nouvelle série intitulée Homeland.

«Je me souviens, ‘’Homeland’’ est arrivée à un moment où nous ne pouvions pas payer notre loyer. C'est aussi simple que cela», a affirmé Zuaiter à Arab News.

Ils voulaient qu'il joue le rôle d’un terroriste. C'était quelque chose qu'il ne voulait vraiment pas faire.

Lorsqu’il était plus jeune, Zuaiter n'aurait jamais imaginé qu'il serait considéré comme quelqu’un de marginal aux USA. Né aux États-Unis, il a déménagé avec sa famille au Koweït, et à l'âge de cinq ans, ayant grandi dans le Golfe, il n'avait aucune idée de lui-même comme étant «différent», fréquentant une école américaine avec un large éventail d’intérêts et d'amis.

«Enfant, je n’ai jamais connu le racisme. Le Koweït était un petit pays. Le meilleur ami de mon père était soudanais et je n'avais donc aucune idée de la distinction entre les races. J'avais des amis de partout dans le monde et nous écoutions du hard rock et du heavy metal comme AC/DC et Iron Maiden», explique Zuaiter.

Waleed Zuaiter dans Chicago Justice (2017). Photo fournie
Waleed Zuaiter dans Chicago Justice (2017). Photo fournie

Zuaiter ne manquait pas de confiance en soi, mais le rêve de devenir acteur signifiait pour lui, comme pour la plupart des acteurs, qu’il pourrait devenir n'importe qui. Ce n'est que lorsqu'il a pratiqué le métier qu'il s'est rendu compte que «devenir n'importe qui» n'était pas vraiment possible pour les Arabes – qu’on avait tendance à les mettre dans un cadre défini, même si c’était fait avec les meilleures intentions.

«Quand je me suis lancé dans le métier d'acteur, je ne voyais pas cela comme: «Je suis d'origine arabe, j'ai un nom arabe, je ne devrais jouer que des rôles d’Arabes.» Mais c'est de cette façon que l'industrie cinématographique fonctionne ici. Même si vous êtes comme moi, que vous ne parlez pas avec un accent et que vous êtes américain. L'industrie s’est dit: «Oh, c'est un sujet d’actualité, il y a matière à développer. Cherchons les personnes qui peuvent y apporter de l'authenticité.» La bonne intention y était, mais en réalité, vous finissez par être catalogué. C'était très frustrant pour moi», a affirmé Zuaiter.

«Je voulais juste faire des films comme les Swingers de Jon Favreau. C'est le genre de rôles et d'histoires qui m'intéressent. Mais les rôles qu'on m'a proposés à la télévision étaient ceux de terroristes.

Zuaiter a accepté de jouer dans Homeland, et bien que l'expérience se soit avérée être positive – Zuaiter ayant pu imprégner ce rôle agressif de nuances, de profondeur et d'humanité, dans un espace qui lui a permis de le faire –, ce n'était pas où il voulait vraiment être. Les producteurs ont été impressionnés au point de lui demander de revenir jouer un autre personnage. Cette fois, il a refusé. Il savait ce dont il avait besoin: une histoire qui venait du monde arabe plutôt qu’une histoire qui le regardait de loin.

Waleed Zuaiter dans Omar (2013). Photo fournie
Waleed Zuaiter dans Omar (2013). Photo fournie

Zuaiter est donc entré en contact avec un vieil ami, Hany Abu-Assad, le célèbre réalisateur palestinien à qui l’on doit Paradise Now, qu'il avait rencontré quelques années auparavant.

«Un ami commun m'a dit: “Tu devrais contacter Hany, parce qu'il a écrit quelque chose de vraiment, vraiment génial.” Je l'ai appelé et il m'a dit : ‘’Oui, et j'ai écrit un rôle pour toi.”»

Zuaiter a fait beaucoup plus que prêter ses talents d'acteur. Il a réuni sa famille et ses amis palestiniens et ils ont réalisé le film – Omar (2013) – en utilisant leurs propres capitaux. Le film a remporté une nomination aux Oscars, l'un des deux seuls longs métrages palestiniens de l'histoire à recevoir une nomination.

«Au départ, j'ai levé tous les fonds, j'ai fait appel à mes frères qui ont aidé à attirer d'autres investisseurs. Hany avait la même ambition: “Faisons en sorte que nos compatriotes investissent en nous.” Et c'est ce que nous avons fait», explique Zuaiter. «Environ 95% de l'investissement pour Omar était du capital-investissement palestinien et 5% en provenance de Dubaï. Et nous en sommes très reconnaissants. C'était gratifiant à plusieurs niveaux.»

L'expérience enhardit Zuaiter et lui permet d'entrer dans la phase suivante de sa carrière, travaillant à travers les genres et les continents jusqu'à ce qu'il soit enfin en mesure de décrocher le plus grand rôle de sa carrière, le rôle principal dans une série télévisée de prestige qui décrivait l'Irak comme Hollywood ne l’avait jamais fait auparavant –Baghdad Central, maintenant en streaming sur Starzplay Arabia.

Extrait de Baghdad Central (2020). Photo fournie
Extrait de Baghdad Central (2020). Photo fournie

«Qu'est-ce que cette émission m'a apporté? Elle m'a permis de faire entendre ma voix. J'ai appris à avoir confiance en moi. J'ai tellement appris sur le métier, sur les responsabilités. Pour la première fois, j'ai eu une voix authentique dès les premières répétitions, et j'ai appris à la diriger. Jouer un héros arabe – pas un terroriste – était un tel honneur, d’autant plus que nous avons rarement l'occasion voir cela à l’écran», dit-il.

Zuaiter a également été frappé par la capacité de la série, non seulement à amplifier la voix de ceux qui sont si souvent marginalisés, mais à le faire tout en rendant également tridimensionnels les personnages irakiens, donnant à la série une richesse qu'elle n'aurait pas eu autrement.

Cette expérience a contribué à faire de Zuaiter le leader qu'il n'aurait jamais imaginé pouvoir être, à la fois à l'écran et dans la vraie vie. Il a maintenant fondé une société de production appelée FlipNarrative avec sa femme Joana, à qui il attribue encore et toujours le sauvetage de sa carrière.

Waleed et Joana Zuaiter aux Virgin Media British Academy Television Awards 2021. Getty Images
Waleed et Joana Zuaiter aux Virgin Media British Academy Television Awards 2021. Getty Images

«Une grande partie de notre identité en tant qu'entreprise est l'incarnation de qui nous sommes. Notre mission est d'amplifier la voix des personnes sous-représentées et historiquement mal représentées dans le monde, en mettant l'accent sur les histoires en provenance du Moyen-Orient», a affirmé Zuaiter. «Nous sommes une entreprise mondiale avec une mission propre, car nous sommes conscients du fait qu'il existe un public mondial, et nous nous sommes toujours sentis simultanément à l’intérieur et à l’extérieur, ce qui nous permet de franchir ces frontières et d'établir ces liens.»

FlipNarrative a déjà annoncé six projets à travers le monde arabe. Mais Zuaiter s'attaque d'abord à un autre rêve – un vrai rêve d'acteur –, celui jouer le rôle de quelqu'un totalement en dehors de sa propre réalité vécue. Personnage méchant de la deuxième saison à venir du drame policier britannique Gangs of London, il ne sera pas du tout un Arabe, mais jouera le rôle d’un Géorgien. C'est une expérience dont il se délecte déjà.

«Je veux juste élargir les types de rôles que je joue. Je veux un sens du jeu. Ils ont dit: «Écoutez, si vous voulez jouer le rôle en tant que Palestinien, nous pouvons le faire.» J'ai dit: «Non, j'ai joué assez de gangsters palestiniens. J'adorerais jouer un gangster géorgien, c'est exactement la raison pour laquelle je suis acteur», raconte-t-il. «J'espère qu'il y aura plus de rôles comme celui-ci. Je veux juste être libre.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


«Effroi» du Festival de Cannes après la mort d'une photojournaliste palestinienne

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.  "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film. "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
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  • La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi
  • Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025

PARIS: Le Festival de Cannes a exprimé mercredi "son effroi et sa profonde tristesse" après la mort d'une photojournaliste palestinienne, protagoniste d'un film qui doit être présenté cette année sur la Croisette et de plusieurs membres de sa famille, tués par un missile à Gaza.

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.

"Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP.

Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025. (Elle) est l'une des trop nombreuses victimes de la violence qui embrase la région depuis des mois".

"Le Festival de Cannes souhaite exprimer son effroi et sa profonde tristesse face à cette tragédie qui a ému et choqué le monde entier. Si un film est bien peu de chose face à un tel drame, (sa projection à l'Acid à Cannes le 15 mai) sera, en plus du message du film lui-même, une manière d'honorer la mémoire (de la jeune femme), victime comme tant d'autres de la guerre", a-t-il ajouté.

La réalisatrice Sepideh Farsi a rendu hommage jeudi dernier à la jeune femme, qui lui racontait, par appels vidéo, la vie à Gaza. "Je demande justice pour Fatem (ou Fatima, NDLR) et tous les Palestiniens innocents qui ont péri", a-t-elle écrit.

Reporters sans Frontières avait dénoncé sa mort, regrettant que son nom "s'ajoute aux près de 200 journalistes tués en 18 mois".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 51.266 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre.


La danse des dauphins, vedette des îles Farasan

L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
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  • L'observation de 5 espèces de dauphins met en évidence la biodiversité
  • Il est vital de coexister avec la vie marine, déclare un pêcheur local

RIYADH : L'observation de plus de cinq espèces de dauphins a renforcé la réputation des îles Farasan en tant que lieu de visite incontournable pour les amateurs de nature et d'animaux sauvages, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Parmi les espèces observées, les grands dauphins et les dauphins à long bec volent la vedette. Les dauphins à long bec, connus pour leur nature enjouée, s'approchent souvent des croisières de loisir, ravissant les gens par leur charme.

Le pêcheur saoudien Mohammed Fursani, qui navigue dans ces eaux depuis longtemps, y voit un lien plus profond.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).