LONDRES: Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a exigé lundi que les autorités tunisiennes fournissent une protection aux journalistes du pays, après que le journaliste Mohammed Yousfi a annoncé qu’il recevait des menaces de la part de membres du parti Ennahdha, associé aux Frères musulmans.
M. Yousfi aurait reçu des menaces de la part de partisans d’Ennahdha après avoir affirmé, lors d’une apparition sur la chaîne de télévision Al-Mayadeen en début de semaine, que des membres du mouvement avaient fait chanter le Premier ministre Hichem Mechichi et empêché sa démission.
Les tensions dans ce pays d’Afrique du Nord sont montées dimanche après que le président Kaïs Saïed a suspendu le Parlement, licencié le Premier ministre et dissous le gouvernement.
Le président de l’Assemblée des représentants du peuple et président du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, a qualifié la décision de M. Saïed de coup d’État et d’«atteinte à la démocratie».
Samedi, Mohammed Yousfi a annoncé sur son compte personnel sur Facebook qu’il était resté enfermé chez lui pendant le week-end «en raison de menaces graves et dangereuses».
Il a également déclaré qu’il tenait le président, le Premier ministre, le chef de l’armée et le ministre de l’Intérieur par intérim pour responsables de sa sécurité.
Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, le SNJT indique que M. Yousfi a reçu «des menaces de mort en raison de ses déclarations aux médias dans lesquelles il décrit la situation générale du pays, notamment la crise politique, sanitaire et sociale», ce qui a «provoqué une campagne systématique d’insultes et d’agressions à son encontre par des comptes électroniques et des milices travaillant au nom et au profit de partis politiques soutenant le gouvernement».
L’Arabie saoudite et l’Égypte considèrent le parti Ennahdha comme une organisation terroriste.
En outre, le SNJT a condamné les campagnes d’incitation à la violence visant à réduire au silence et à intimider d’autres journalistes en Tunisie.
Il a également souligné dans un rapport mensuel que les attaques contre les journalistes et les photographes avaient augmenté en juin, avec 18 attaques signalées contre 13 incidents en mai.
Selon Reporters sans frontières, la Tunisie occupe le 73e rang au classement mondial de la liberté de la presse 2021.
La décision de M. Saïed de dissoudre le Parlement fait suite aux manifestations nationales de ces derniers jours, provoquées par les crises économique, politique et sanitaire que traverse la Tunisie.
Au cours du week-end, des centaines de Tunisiens se sont rassemblés à Tunis et dans d’autres villes pour demander au gouvernement de démissionner après une recrudescence des cas de coronavirus.
Les manifestations ont dégénéré lorsque la police a utilisé du gaz poivré contre les manifestants qui jetaient des pierres et scandaient des slogans demandant la démission de M. Mechichi.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com