LE CAIRE : L'intransigeance de l'Éthiopie au sujet du grand barrage de la Renaissance (GERD) n'a laissé au Soudan et à l'Égypte d'autre choix que de s’adresser au Conseil de sécurité de l'ONU, estime président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
De plus, les tentatives d'Addis-Abeba de placer les deux pays en aval du Nil devant le fait accompli ont fait échouer les négociations chapeautées par l'Union africaine, ajoute-t-il.
Al-Sissi a émis ces observations lors d’une discussion avec Félix Tshisekedi, le président de la République démocratique du Congo (RDC), qui l'avait appelé jeudi.
L'immense barrage sur le Nil, le plus grand projet hydroélectrique d'Afrique une fois achevé, a créé une impasse diplomatique de près d'une décennie entre l'Éthiopie et les pays en aval, l'Égypte et le Soudan.
Addis-Abeba soutient que le projet est essentiel au développement du pays, mais Le Caire et Khartoum craignent qu'il ne limite l'approvisionnement vital en eau pour leurs citoyens.
Al-Sissi rappelle que l'objectif de l'implication du Conseil de sécurité de l'ONU est d'aider les trois pays à parvenir à un accord contraignant qui balise l’exploitation du barrage dans un délai précis.
Le leader égyptien a exprimé sa gratitude pour les préoccupations de la République démocratique du Congo, président actuel de l'Union africaine dans le dossier. Il a également souligné les efforts déployés par le président Tshisekedi, auteur de l’initiative des pourparlers tripartites, pour parvenir à un accord qui protège les intérêts du trois pays et préserve leurs droits sur l'eau du Nil.
Ce dernier a salué les initiatives égyptiennes qui tentent de résoudre cette impasse par les négociations.
Entre-temps, lors d'une réunion avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri a souligné la nécessité pour la communauté mondiale d’offrir des solutions au conflit.
Il a souligné le danger des mesures unilatérales susceptibles d’affecter la stabilité et la sécurité dans la région. Son porte-parole, Ahmed Hafez, précise que le ministre a exhorté la communauté internationale à inciter l'Éthiopie, via l'ONU, à s'engager sérieusement dans des pourparlers de règlement du conflit sur le GERD.
Choukri a révélé à l'Associated Press qu'il compte demander au Conseil de sécurité de l'ONU d'exiger que l'Égypte, le Soudan et l'Éthiopie négocient un accord contraignant, dans une période de six mois, sur la question controversée de la disponibilité de l'eau.
Selon lui, dix ans de pourparlers n'ont pas permis de garantir que l'eau continuerait à s'écouler en quantités suffisantes vers le Soudan et l'Égypte, où 100 millions de personnes dépendent du fleuve comme seule source d'eau.
La Tunisie, le représentant arabe au conseil de sécurité, a fait circuler un projet de résolution qui demande à l'Égypte, au Soudan et à l'Éthiopie de reprendre les négociations, à l'invitation du président de l'Union africaine et du secrétaire général de l'ONU, pour finaliser un accord juridiquement contraignant d'ici janvier.
Ce projet de résolution stipule que tout accord doit assurer «la capacité de l'Éthiopie à produire de l'hydroélectricité tout en empêchant de causer des dommages importants à la sécurité de l'eau des deux pays en aval, l’Égypte et le Soudan».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com