VIENNE : Téhéran a déroulé une série de mesures concrètes pour enrichir de l’uranium métal à hauteur de 20% et le transformer en combustible nucléaire. L’annonce, relayée mardi par l’organisme de surveillance atomique des Nations unies, risque de susciter l’ire des puissances occidentales lors des négociations de Vienne qui visent à relancer l’accord sur le nucléaire iranien.
L’Iran est en pourparlers indirects avec les États-Unis depuis avril pour raviver l’accord signé en 2015, et dont l’ex-président américain Donald Trump s’est retiré. L’entente imposait des restrictions sur le programme nucléaire iranien en échange de la levée des sanctions, mais que l’Iran a commencé à violer après le retrait des US.
Téhéran a déjà produit cette année une petite quantité d’uranium métal non enrichi. Il s’agit d’une violation de l’accord car celui-ci peut être utilisé dans la fabrication du cœur d’une bombe nucléaire.
L’Iran a fait part de son intention de produire de l’uranium métal enrichi et a indiqué qu’il met au point un combustible pour son réacteur de recherche à Téhéran. Toutefois, Washington et ses alliés européens contestent les intentions de la République islamique et lui demandent de cesser ces activités.
«Aujourd’hui, l’Iran a informé l’Agence que l’UO2 (oxyde d’uranium) enrichi jusqu’à 20 % en U-235 serait expédié au laboratoire de recherche et de développement de l’usine de fabrication de combustible nucléaire d’Ispahan, où il serait converti en UF4 (tétrafluorure d’uranium), puis en uranium métal enrichi à 20% en U-235, avant d’être utilisé pour fabriquer le combustible », précise un communiqué de l’Agence internationale de l’énergie atomique.
Dans le résumé d’un rapport adressé à ses États membres, l’AIEA décrit le plan comme un «processus en plusieurs étapes», et indique qu’il faudrait du temps avant que le métal enrichi ne soit produit.
Ce rapport est susceptible d’accroître les tensions lors des négociations, qui ont été ajournées le 20 juin. Une date pour leur reprise n’a pas encore été fixée.
«Il s’agit clairement d’une escalade, d’un nouveau message de l’Iran qui signifie qu’en l’absence de tout rétablissement de l’accord sur le nucléaire, il va continuer à accroître ses capacités et sa pression», estime Bob Einhorn, expert en non-prolifération dans le groupe de réflexion de la Brookings Institution.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com