BOBIGNY, France :Le procès de neuf personnes accusées d'avoir agressé et séquestré un couple et leurs fils de confession juive à leur domicile de Livry-Gargan en 2017 s'est ouvert mardi devant la cour d'assises de la Seine-Saint-Denis.
« Je ne m'en suis pas remise », a confié avant l'audience Mireille Pinto, 78 ans et visiblement émue. Le procès, qui doit durer jusqu'au 2 juillet à Bobigny, fait remonter à la surface de douloureux souvenirs chez cette septuagénaire et son mari de 88 ans, présent à l'audience malgré une santé fragile, ainsi que leur fils David, 51 ans.
Le 8 septembre 2017 en fin de matinée, Mme Pinto avait appelé la police en état de choc, expliquant que son mari, personnalité influente de la communauté juive, son fils et elle-même venaient d'être séquestrés par trois hommes dans leur pavillon cossu de Livry-Gargan, en banlieue parisienne.
Après avoir ligoté et frappé Roger Pinto, alors entrepreneur retraité et président d'une association caritative, et son fils, les trois agresseurs aux visages dissimulés par des foulards les avaient menacés avec un couteau et un tournevis avant de vandaliser la maison pendant deux heures. Avec une obsession : « trouver l'argent ».
Ils ne trouveront que 500 euros en espèces mais repartiront avec des bijoux de valeur et des cartes bancaires.
Le cerveau présumé de l'agression, Antony Y., 54 ans, 28 condamnations à son actif essentiellement pour vols, est jugé notamment pour séquestration en bande organisée sous la menace d'armes, avec la circonstance aggravante de l'antisémitisme.
Agés de 24 à 26 ans, trois hommes assis à ses côtés dans le box, ainsi qu'une femme de 23 ans qui comparaît libre sous contrôle judiciaire, doivent répondre des mêmes faits.
La cour tentera d'éclaircir le mode d'organisation, le degré d'implication et les motivations des cinq membres, et de répondre à la question: cette famille a-t-elle été ciblée en raison de sa religion ? Elle se penchera aussi sur le rôle joué par une seconde équipe après l'agression, composée de quatre autres accusés soupçonnés du recel des biens dérobés.
Au cours de l'enquête, seul un des agresseurs présumés a reconnu, en partie, les faits, tout en affirmant qu'il ignorait la confession des victimes. Selon la famille, un des agresseurs avait lancé: « vous les juifs, vous avez de l'argent, nous nous n'avons rien. Vous les juifs, vous êtes les gâtés de la Terre, et nous nous sommes les laissés-pour-compte ».
Trois associations antiracistes - le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme, la Ligue internationale contre le racisme, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples - se sont portées parties civiles.