Les émeutes après la mort d'Adama Traoré aux assises, son frère jugé

L'un des frères d'Adama Traoré sera jugé du 21 juin au 8 juillet. (AFP)
L'un des frères d'Adama Traoré sera jugé du 21 juin au 8 juillet. (AFP)
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Publié le Samedi 19 juin 2021

Les émeutes après la mort d'Adama Traoré aux assises, son frère jugé

  • Quatre hommes dont Bagui Traoré, donneur d'ordres présumé, sont accusés de tentatives de meurtre en bande organisée pour des tirs d'armes à feu au milieu des affrontements de rue qui ont suivi la mort de son frère Adama Traoré à la caserne de Persan
  • Dans ce dossier périphérique de cette affaire devenue une cause emblématique du combat contre les violences policières, la compagne de Bagui Traoré comparaît aussi devant la cour d'assises présidée par l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic

PONTOISE : Un jeune homme noir mort dans la cour d'une gendarmerie, trois nuits d'émeutes, des tirs sur les forces de l'ordre. La cour d'assises du Val-d'Oise juge à partir de lundi les violences urbaines qui ont éclaté après le décès d'Adama Traoré en juillet 2016.

Quatre hommes dont Bagui Traoré, donneur d'ordres présumé, sont accusés de tentatives de meurtre en bande organisée pour des tirs d'armes à feu au milieu des affrontements de rue qui ont suivi la mort de son frère Adama Traoré à la caserne de Persan, petite ville située à une trentaine de kilomètres au nord de Paris.

Dans ce dossier périphérique de cette affaire devenue une cause emblématique du combat contre les violences policières, la compagne de Bagui Traoré comparaît aussi devant la cour d'assises présidée par l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic, pour complicité et subornation de témoin.

Les cinq accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Face à eux durant trois semaines d'audience, près de 70 membres des forces de l'ordre se sont constitués parties civiles, certains blessés durant les nuits d'émeutes qui ont fait rage du 19 au 23 juillet 2016 dans les communes de Persan et Beaumont-sur-Oise.

Incarcéré depuis 2016, Bagui Traoré "est enfermé parce qu'il est le frère d'Adama. Quand on voit le dossier, il n'y a rien contre lui. Près de 80 parties civiles, c'est une mascarade !", a déclaré à l'AFP sa sœur Assa Traoré, qui témoignera à la barre.

Personnage central du procès, l'homme de 29 ans a déjà été condamné à de multiples reprises, notamment pour trafic de drogue et des faits de violence. Contactés par l'AFP, ses avocats Florian Lastelle et Frank Berton n'ont pas souhaité s'exprimer.

Selon l'accusation, il a organisé les attaques contre les forces de l'ordre après la mort de son frère, assisté par sa compagne. "Tout passait par Bagui", a affirmé lors d'un interrogatoire l'un des trois autres accusés, suspectés d'avoir fait usage d'armes à feu.

«Allumer comme des lapins

Le 19 juillet 2016, Adama Traoré, 24 ans, meurt près de deux heures après son arrestation au terme d'une course-poursuite, un jour de canicule.

Cinq ans après, des juges d'instruction tentent toujours de déterminer les causes précises de son décès et l'éventuelle responsabilité des gendarmes, pas mis en examen à ce stade.

Vers 22h00, dans un climat de tension extrême, le décès du jeune homme est annoncé à sa famille. La nouvelle met le feu aux poudres.

Des individus attaquent la gendarmerie et tentent d'y pénétrer de force. Face à la situation qui dégénère, de nombreux renforts sont dépêchés sur place. Les familles des gendarmes locaux sont évacuées en urgence, par crainte de représailles.

Dans le quartier de Beaumont-sur-Oise où réside la fratrie Traoré, des véhicules et poubelles sont incendiés. Les forces de l'ordre essuient des jets de parpaings, de bouteilles, de bidons d'essence.

Des coups de feu claquent, des gerbes de plomb s'écrasent sur les protections pare-balles des gendarmes. 

Les affrontements sont d'une telle violence que des gendarmes, ayant identifié l'origine exacte de certains tirs, sollicitent même la permission de faire usage d'armes létales pour riposter. Autorisation refusée.

Appelé en renfort, le GIGN intervient avec des véhicules blindés et ramène le calme au petit matin. S'ensuivent deux autres nuits de troubles, mais d'une intensité moindre.

Durant l'enquête, les gendarmes feront part d'une "guérilla urbaine" d'un niveau de violence "inédit". "Je ne pensais pas qu'en France on pouvait se faire allumer comme des lapins", confiera un gradé ayant fait la guerre en Afghanistan.

"Rien ne justifie qu'on mette une ville à feu et à sang, qu'on tire sur les gendarmes, les policiers, des hommes et des femmes qui ont choisi d'être au service des citoyens et de la paix publique, pas de servir de cibles", a estimé auprès de l'AFP Caty Richard, une avocate de victimes.

Le verdict est attendu autour du 8 juillet.


Attaque contre des prisons: Bayrou mercredi dans l'Isère avec Darmanin et Retailleau

François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
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  • Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France
  • Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram

PARIS: François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France.

Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram.

Le Pnat a notamment annoncé lundi se saisir de l'enquête sur des tirs par arme à feu et des jets de cocktails Molotov ayant visé dans la nuit un lotissement en Isère où résident des agents pénitentiaires.

Dans la nuit de dimanche à lundi, "plusieurs tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé des pavillons dans un lotissement en Isère, où résident plusieurs agents pénitentiaires" et "des graffitis +DDPF+ (droits des prisonniers français, NDLR) ont été découverts sur place", a indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat), qui "s'est saisi de ces faits".

À Villefontaine, commune iséroise située non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d'une maison a été incendiée et des impacts de tirs ont été découverts sur la façade, selon la gendarmerie et des sources syndicales. Une inscription "DDPF" a été retrouvé taguée sur le domicile.

M. Darmanin a indiqué mardi que "plusieurs attaques" contre des prisons "ont été dissuadées" dans la nuit de lundi à mardi.


Un jeune homme, poignardé près d'un point de deal, entre la vie et la mort

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
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  • La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès
  • L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise

LYON: Un jeune homme est entre la vie et la mort après avoir été poignardé à proximité d'un point de deal à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, a indiqué mardi à l'AFP une source policière.

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.

L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise.

La victime, un "jeune homme", est "défavorablement connue de la justice", mais le lien avec le trafic de drogues "n'a pas encore été établi" à ce stade de l'enquête, selon cette source policière.

Fin novembre, un homme d'une trentaine d'années avait été tué par balle dans ce même quartier à Villeurbanne où plusieurs fusillades ont éclaté en 2024.


Fusillade à Rennes: les quatre suspects mis en examen et écroués

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
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  • La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé
  • Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits

RENNES: Les quatre hommes, âgés de 21 à 23 ans, suspectés d'avoir tiré à plusieurs reprises en pleine journée dans un quartier populaire de Rennes le 17 avril pour "reconquérir" un point de deal, ont été mis en examen et écroués, a annoncé mardi le parquet de Rennes.

Trois ont été mis en examen des chefs d'association de malfaiteurs et tentative de meurtre en bande organisée et encourent "une peine de réclusion criminelle à perpétuité", a annoncé Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué.

Le quatrième a été mis en cause pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, soit une peine encourue de dix ans d'emprisonnement.

La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé, a indiqué M. Teillet mardi matin.

Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits.

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier", d'après le magistrat.

Le 14 avril, "après plusieurs jours d’assauts violents, ce clan a été évincé par le groupe des Villejeannais, qui a repris possession du terrain qu’il estimait être le sien", explique le magistrat.

C'est dans ce contexte "de règlement de compte lié au narcotrafic que des tirs d'arme à feu ont fait trois victimes et qu'une quatrième a été pourchassée en voiture, renversée violemment et laissée à terre, le 17 avril", poursuit M. Teillet.

Deux des mis en cause sont originaires de Tours, l'un de Marseille et le quatrième de la région parisienne.

"Leur équipement (armes, vêtements, voiture volée…) et leur mode opératoire ont démontré leur détermination extrême à reconquérir par tous les moyens le point de deal, à la demande de leurs commanditaires, en éliminant physiquement leurs concurrents et en prenant le risque de blesser, en plein après-midi, toute personne se trouvant à proximité", a dit M. Teillet.