PARIS : La France organise à partir de mardi la réunion annuelle du Traité sur l'Antarctique et ses 54 Etats signataires, pour des consultations sur la gouvernance derrière lesquelles se joue la sauvegarde de la biodiversité du "continent blanc".
Pour la première fois depuis 1989, Paris est l'hôte de cette "Réunion consultative du traité sur l'Antarctique", la 23e depuis la signature du texte en 1959.
Ce traité a gelé les revendications territoriales sur l'Antarctique et dédié ce continent sans habitant aux activités scientifiques et pacifiques.
Les Etats parties se réuniront pendant dix jours (en virtuel), pour parler gestion de la faune, de la flore et des 52 bases scientifiques du continent le plus austral de la planète.
"C'est comme une réunion de copropriétaires", résume Olivier Poivre d'Arvor, l'ambassadeur français pour les pôles et les enjeux maritimes.
Mais en coulisses se jouera aussi la délicate question des aires marines bordant l'Antarctique, riches d'une biodiversité exceptionnelle et cruciales contre le dérèglement climatique.
"Ca fait huit ans qu'on demande la création de deux aires marines protégées mais la Russie et la Chine font cavaliers seuls", refusant que ces zones soient classées, a expliqué à l'AFP l'écrivain et diplomate.
Or "si on ne les classe pas, on les laisse aux pêcheurs, ce qui menace le krill", ces petites crevettes qui nourrissent la faune de l'Antarctique et forment une "biomasse vitale".
"Le président Macron m'a demandé de porter ce dossier auprès des Russes et des Chinois, que j'essaie de convaincre", a confié Olivier Poivre d'Arvor.
Le rôle de la France sur ce point est "central" et "seul un engagement fort au plus haut niveau politique et diplomatique permettra" d'avancer, plaide-t-il dans une tribune au Monde, au côté d'Isabelle Autissier, navigatrice et présidente du WWF France.
Le budget national dédié aux zones polaires est d'environ 30 millions d'euros par an.
Si la France veut se hisser au même niveau que ses voisins européens, elle devra "doubler ses moyens" consacrés à l'Antarctique et à l'Arctique, selon lui.
"Nous manquons de bras et de moyens" pour remettre à niveau la station de Dumont-d'Urville, a déploré le directeur de l'Institut Polaire Paul-Emile Victor, Jérôme Chapellaz, lors de la présentation de "L'été polaire", saison culturelle et éducative consacrée aux mondes polaires.
Du 23 juin au 10 octobre, le public pourra se rafraîchir les méninges avec une centaine d'événements dans 26 "villes polaires" en France. Parmi eux, une exposition de photos grand format de la banquise, placardées sur des façades publiques.