PARIS: Le ministère de l'Intérieur ne doit plus avoir la mainmise sur l'immigration, au risque de confiner ce sujet hautement sensible dans un cadre « sécuritaire », a estimé mercredi la députée LREM Sonia Krimi, rapporteure de la commission d'enquête parlementaire en cours sur les migrations.
Lancée en mai à l'initiative du groupe composite Libertés et Territoires (LT), cette commission qui s'est donnée pour objectif de baliser très largement la question des migrations en France et à l'étranger doit rendre ses travaux en novembre, après six mois d'auditions et de travail de terrain.
« Une question qui me semble importante, c'est que l'immigration est aujourd'hui seulement gérée par l'Intérieur. On ne le comprend pas. Parce que pendant 40 ans, l'immigration était partagée entre trois ministères », avec celui des Affaires étrangères et des Affaires sociales, a indiqué la députée de l'aile gauche de la majorité, lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale faisant un point d'étape de la commission.
Une situation, a-t-elle déploré, née de la brève et controversée existence du ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire, créé en 2007 sous la présidence de Nicolas Sarkozy et dissout trois ans plus tard, en novembre 2010, après avoir été incarné par Brice Hortefeux puis Eric Besson.
« On a supprimé le ministère mais on a gardé toutes les compétences (à l'Intérieur) avec un aspect très sécuritaire. Je pense qu'il est important (...) de donner une autre vue, une autre manière de traiter ce problème », a déclaré Sonia Krimi, qui appelle de ses vœux à « un vrai accueil à 360 degrés, comme cela se fait dans d'autres pays ».
La commission prévoit d'ailleurs, dans les prochaines semaines, plusieurs déplacements à l'étranger, notamment en Irak, en Grèce ou en Italie.
Elle se rend également à Calais, jeudi.
« C'est à la crise de la dignité que nous voulons nous confronter au travers de la commission d'enquête », a résumé Sébastien Nadot (LT), qui la préside. « Nous voulons éprouver l'écart entre les principes de notre État de droit et la réalité vécue par les migrants, réfugiés, apatrides, dans l'accueil sur notre sol. »