LISBONNE : Une statue en liège, un panneau d'azulejos ou un rouleau de papier en marbre : l'artiste chinois Ai Weiwei propose à partir de vendredi une immersion dans son univers à travers une exposition à Lisbonne où il dévoile des créations inédites avec des matériaux traditionnels portugais.
"Bienvenue dans mon pays, au Portugal!", lance aux journalistes l'artiste qui s'est installé dans l'Alentejo (sud) à l'occasion de la présentation aux médias de l'exposition "Rapture" (enlèvement).
"Je me sens bien ici... ce n'est pas toujours facile à expliquer pourquoi", précise à l'AFP Ai Weiwei qui a choisi de vivre au Portugal juste avant la pandémie de Covid-19.
"Rapture" retrace la dualité du parcours de cette figure emblématique de la contestation chinoise, qui est tombé en disgrâce pour ses critiques contre le régime de son pays.
"L'exposition révèle les deux côtés de Ai Weiwei", l'artiste qui puise l'inspiration "dans ses racines culturelles" et le "côté plus militant de son œuvre", explique Marcello Dantas, le commissaire de l'exposition.
Photographe, cinéaste ou sculpteur, c'est l'occasion pour le public de découvrir les multiples facettes de l'artiste, connu par ses prises de position engagées et ses œuvres d'art monumentales comme "Forever Bicycles", une installation géante, composée de centaines de vélos identiques, qui est le point de départ de cette exposition.
Un parcours qui se poursuit par des œuvres emblématiques telles que "snake ceiling" (plafond au serpent), un énorme serpent accroché au plafond, qui rappelle les enfants morts dans les bâtiments scolaires effondrés lors du tremblement de terre de 2008 au Sichuan, ou encore "law of the Journey" (la loi du voyage), un canot pneumatique avec à son bord des dizaines de réfugiés.
"C'est la première fois que ces œuvres se retrouvent ensemble dans la même exposition", souligne Ai Weiwei qui se sent très créatif depuis son installation au Portugal.
"La pandémie a été tragique pour le monde mais pour moi cette période a été très productive", observe l'artiste de 63 ans, qui a été inspiré notamment par la crise sanitaire.
Parmi les œuvres inédites de cette exposition, figure une sculpture en marbre d'environ 1,60 mètre, en forme de rouleau, en référence à la course au papier toilette pendant la pandémie ou encore une statue en liège de l'artiste.
Les quelque 80 œuvres de "Rapture" seront exposées jusqu'au 28 novembre à la Cordoaria nacional à Lisbonne.