Paris: Le Premier ministre français Jean Castex, accompagné d'une demi-douzaine de ministres, se rend mercredi soir et jeudi en visite en Tunisie, afin de resserrer les liens avec un pays traversé par les crises - politique, sociale, économique et migratoire - et encore fragilisé par la pandémie de Covid.
Deux mois après le report polémique d'un séminaire gouvernemental en Algérie, le Premier ministre français est attendu, pour sa première sortie internationale d'envergure, dans le plus petit Etat du Maghreb pour le 3e "Haut conseil de coopération" (HCC) franco-tunisien.
Depuis la dernière édition, l'exécutif a changé en Tunisie avec l'élection à la présidence en octobre 2019 de Kaïs Saïed - un universitaire indépendant - puis la nomination en juillet 2020 comme chef du gouvernement de Hichem Mechichi. En toile de fond, des turbulences politiques mettent aux prises le sommet de l'Etat et le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, principale force d'un Parlement morcelé.
Cette visite, qui intervient dans un contexte politique tendu et incertain, doit s'articuler autour de "quatre grandes priorités", selon les services de Jean Castex.
D'abord "la crise sanitaire", alors qu'un rebond de l'épidémie à l'entrée du printemps a suscité localement des craintes de pénurie d'oxygène. De l'aide matérielle devrait être apportée sachant que la France s'est engagée à livrer prochainement des unités autonomes de production d'oxygène dans trois hôpitaux tunisiens.
Les questions de "partenariat économique" et de "soutien" seront le coeur le plus visible des échanges, avec la signature d'accords, un détour par le chantier du réseau ferroviaire rapide de Tunis, et une rencontre sur le thème du numérique co-organisée par les patronats tunisien et français.
Mais il sera difficile d'éviter d'évoquer l'urgence de la situation de la Tunisie dont l'économie est exsangue.
Si la France s'est engagée l'an passé à prêter 350 millions d'euros pour appuyer la transformation du pays jusqu'en 2022 (100 millions ont pour l'heure été versés), ce n'est "ni assez, ni le bon vecteur", estime auprès de l'AFP l'essayiste Hakim El Karoui.
"Il faut des dons", autour "d'un ou deux milliards d'euros", portés par une initiative européenne dans le cadre du plan de relance, afin de "passer le pic Covid", insiste M. El Karoui, soulignant que la faiblesse annoncée de la saison touristique.
"On va se retrouver à l'automne avec des gens qui n'ont pas reconstitué leurs revenus. Il ne faudra pas dire qu'on n'a pas vu venir la crise sociale et politique", prédit-il.
Ces secousses internes ont par ailleurs des conséquences directes pour l'Union européenne qui est en discussion avec la Tunisie pour un accord d'aides économiques en échange d'efforts pour empêcher le départ de migrants.
Les questions de lutte contre le terrorisme s'inviteront aussi dans les échanges