ATHÈNES: Les chefs de la diplomatie grec et turc ont décidé lundi à Athènes d'une rencontre de leurs dirigeants en juin, dans un signe d'apaisement de leurs différends après leur accrochage verbal il y a un mois à Ankara.
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis rencontrera le président turc Recep Tayyip Erdogan lors du sommet de l'Otan le 14 juin à Bruxelles, a annoncé Nikos Dendias, chef de la diplomatie grecque, à l'issue d'entretiens avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu.
Les entretiens des deux ministres à Athènes avaient pour but de tenter de trouver "une procédure de compréhension préalable" et de "normaliser progressivement" les relations gréco-turques.
"Une liste limitée" de partenariats économiques a été également convenue entre les deux ministres, a affirmé Nikos Dendias, sans précisions.
De son côté, Mevlut Cavusoglu a assuré que la Turquie voulait continuer les pourparlers avec la Grèce "sans conditions préalables", selon une traduction officielle grecque de ses propos en turc.
Les deux ministres n'ont pris aucune question des journalistes.
Selon des analystes grecs, le président turc est actuellement en faveur d'entretiens avec la Grèce, lors du sommet de l'Otan auquel participera le président américain Joe Biden, car ce dernier est plus réservé à l'égard d'Ankara que son prédécesseur Donald Trump.
"Actuellement, la Turquie cherche un rapprochement mais selon ses propres termes", a indiqué Kostas Lavdas, professeur d'Affaires européennes à l’Université de Panteion à Athènes.
"La Turquie a besoin d'avoir une position positive" en vue du sommet européen fin juin où les relations de la Turquie avec l'Union européenne seront abordées, a souligné ce professeur à la télévision publique grecque Ert.
Peu avant ses entretiens avec Nikos Dendias, Mevlut Cavusoglu s'est aussi entretenu avec Kyriakos Mitsotakis.
Dès son arrivée dimanche en Grèce pour une visite de deux jours, Mevlut Cavusoglu a suscité la colère d'Athènes après avoir qualifié de "turque" la minorité musulmane de Thrace dans le Nord-Est près de la frontière gréco-turque, qu'il a visitée.
"Les tentatives constantes de la Turquie de déformer cette réalité, ainsi que les allégations de non-protection des droits de ces citoyens, ou de discrimination, sont sans fondement et sont rejetées dans leur intégralité", a réagi le ministère grec des Affaires étrangères.
Les musulmans de Thrace ont obtenu le statut de minorité en Grèce après le traité de Lausanne de 1923 qui avait mis fin à une guerre entre la Grèce et la Turquie. La Turquie a souvent affirmé que la Grèce ne protégeait pas correctement les droits de cette minorité, dont beaucoup de membres sont d'origine turque et turcophones.
M. Cavusoglu avait soulevé ce même sujet mi-avril lors d'une conférence de presse houleuse avec son homologue grec Nikos Dendias à l'issue d'une visite du ministre grec à Ankara censée apaiser les relations.
Le statut de la minorité musulmane de Grèce est l'un des nombreux points de discorde entre les deux voisins, pays membres de l'Otan, aux relations historiquement délicates.
Ankara cherche surtout à apaiser le ton après une crise diplomatique l'an dernier, liée aux missions turques d'exploration gazière en Méditerranée orientale et dans des eaux grecques en mer Egée. La crise s'était intensifiée en août avec l'envoi d'un navire de recherches sismiques dans des zones disputées, notamment près de l'île grecque de Kastellorizo proche du rivage turc.