PARIS: Environ un millier de militants, personnes mal logées et exilés sans-abris, ont manifesté dimanche à Paris pour le droit au logement et contre la reprise des expulsions locatives avec la fin de la trêve hivernale mardi.
A l'arrivée du cortège, place de la République, 470 personnes, en grande majorité des migrants, ont été « mises à l'abri » et seront orientées « vers des hébergements adaptés à leur situation », a indiqué la préfecture d'Ile-de-France.
« 700 autres sont restées sur le carreau », a précisé Yann Manzi, fondateur d'Utopia 56, l'une des associations qui a appelé à manifester alors que le gouvernement a annoncé le 21 mai qu'il gardait ouvertes jusqu'à fin mars 2022 les 43 000 places d'hébergement d'urgence créées depuis le premier confinement, en mars 2020.
« Stop, ça suffit ! 50% des exilés dorment dans la rue pendant des mois. On demande simplement à ce que dans ce pays riche la rue ne soit pas une alternative. Il y a 3,1 millions de logements vides, (nous voulons) des réquisitions » a aussi déclaré Yann Manzi.
Son association avait été à l'origine de l'installation de tentes par des exilés le 23 novembre place de la République, au centre de Paris, qui s'était terminée par une intervention musclée de la police. Dimanche, un important dispositif policier a encadré le processus de mise à l'abri avant d'évacuer la place de la République vers 20h30, selon Yann Manzi.
Les manifestants ont également demandé l'arrêt des expulsions locatives, la baisse des loyers, une hausse des APL (aide personnalisée au logement) ou encore « un logement digne et durable pour chacun ».
Selon Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL, « 30 000 locataires sont menacés d'expulsion » à partir de mardi avec la fin de la trêve hivernale, principalement « les premiers de corvées, ceux qui font tourner la France ».
« Ceux qui ont des boulots peu qualifiés dans les hôpitaux, (les entreprises de) nettoyage, sur les chantiers, ceux qui s'occupent de nos vieux, sont aux caisses des supermarchés » a-t-il développé.
En raison de la crise sanitaire et économique liée à l'épidémie de coronavirus, le gouvernement avait prolongé de deux mois la trêve hivernale, qui suspend habituellement les expulsions locatives entre le 1er novembre et le 31 mars.
La ministre du Logement Emmanuelle Wargon a prévenu qu'il ne pouvait y avoir « d'année blanche » en termes d'expulsions mais a promis de « proposer un relogement ou un hébergement à chaque personne concernée et indemniser les propriétaires quand nous n'expulsons pas tout de suite ».
Selon un rapport parlementaire publié en février dernier, 3 500 personnes ont été expulsées de leur logement en 2020, un chiffre en baisse de 79% par rapport à 2019 en raison de la prolongation de la trêve hivernale.