ANKARA : Un mathématicien turc enseignant dans une université française et qui était bloqué depuis près de deux ans en Turquie a pu récupérer son passeport, a annoncé jeudi son comité de soutien sur Twitter.
Arrêté et emprisonné en Turquie pour "terrorisme", puis acquitté, Tuna Altinel était empêché de rentrer en France à cause du refus des autorités turques de lui rendre son passeport.
"Je remercie toutes celles et ceux qui ont été solidaires (...). Le combat pour la paix, la justice, la démocratie continue", a réagi M. Altinel sur Twitter.
Son comité de soutien a publié la photo d'un document attestant la remise du passeport de l'enseignant, précisant que la préfecture avait fait appel du jugement ayant permis à M. Altinel de récupérer son titre de voyage.
"Je suis l'otage de l'État turc", avait déclaré M. Altinel, reconnu dans les milieux académiques pour ses travaux sur la logique mathématique et la théorie des groupes, lors d'un entretien en mars à l'AFP.
Son cas était devenu un des symboles de la répression contre le monde académique et les milieux prokurdes qui se sont renforcée après une tentative de putsch contre le président Recep Tayyip Erdogan en 2016.
Pour ce maître de conférences à l'Université Claude-Bernard à Lyon (centre-est de la France), où il vivait depuis 25 ans, le cauchemar avait commencé en mai 2019. Alors qu'il se trouvait en Turquie en vacances, il a appris qu'il ne pouvait pas quitter le territoire car il était accusé d'"appartenir à une organisation terroriste".
Incarcéré dans la foulée, il est jugé pour "propagande terroriste" pour avoir participé en France à la réunion d'une amicale kurde, lors de laquelle il a servi d'interprète. Libéré en juillet 2019, il est acquitté en janvier 2020.
Alors qu'il pensait pouvoir rentrer à Lyon et "reprendre sa vie" après cet acquittement, M. Altinel s'est vu refuser la restitution de son passeport à plusieurs reprises, "sans aucune motivation".
Son université avait voté début avril une motion demandant au président français Emmanuel Macron "de tout mettre en œuvre" pour qu'il "puisse revenir en France dans les plus brefs délais".