LONDRES : Les autorités iraniennes ont mené une campagne de harcèlement et de comportement abusif contre les familles des personnes décédées dans l’attentat contre un avion de ligne ukrainien perpétré par le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) en janvier de l’année dernière, a déclaré Human Rights Watch jeudi.
L’organisation s’est adressée à 31 membres de familles de victimes et avec des personnes ayant une connaissance directe du traitement infligé par les autorités aux familles entre octobre et janvier de cette année.
« Les agences de sécurité iraniennes ont détenu, convoqué, abusivement interrogé, torturé et autrement maltraité les membres des familles des victimes », a précisé l’organisation.
Ces agences ont également été accusées de ne pas avoir rendu les biens des victimes à leurs familles et d’avoir interféré avec les enterrements et les rassemblements commémoratifs.
Selon Michael Page, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord au sein de Human Rights Watch, « Les gardiens de la révolution iranienne ont tué 176 personnes sans la moindre obligation de rendre des comptes. Aujourd’hui, les agences de sécurité iraniennes brutales maltraitent les membres des familles des victimes afin d’anéantir tout espoir de justice ».
« Au lieu de tenter de regagner la confiance du peuple par une enquête transparente et une compensation pour les familles, les autorités font à nouveau taire les efforts de responsabilisation ».
Les autorités en Iran avaient également intimidé les membres des familles des victimes, a ajouté l’organisation. Des membres ont indiqué que des responsables iraniens avaient interféré avec les cérémonies d’inhumation et de commémoration et avaient fait pression sur les familles pour qu’elles acceptent le statut de « martyr » de leurs proches attribué par le gouvernement. Des photos et des vidéos ont également été publiées lors des cérémonies sans l’autorisation des familles des défunts.
Au moins 16 personnes ont affirmé que les agences de sécurité iraniennes les avaient menacées de ne pas parler aux médias étrangers ou avaient suivi ou convoqué leurs parents et amis qui se rendaient aux cérémonies commémoratives et avaient filmé les personnes présentes lors de ces événements.
Certains membres des familles ont été interrogés ou détenus pendant des heures, alors que d’autres ont été avertis des « conséquences » qu’ils encourraient s’ils ne retiraient pas leurs publications sur les réseaux sociaux critiquant l’absence de responsabilité du gouvernement iranien.
« Les autorités iraniennes ont continué à harceler et à faire pression sur les personnes qui dénoncent publiquement la mauvaise gestion de l’enquête par le gouvernement et qui demandent des comptes ».
« Tous les gouvernements impliqués dans l’enquête sur le vol 752 abattu devraient veiller à ce que les droits des familles des victimes soient protégés afin qu’une véritable justice soit rendue, notamment en tenant les coupables pénalement responsables et en offrant aux familles une compensation adéquate », a ajouté M. Page.
Les autorités iraniennes ont annoncé le 6 avril qu’elles avaient inculpé 10 personnes pour leur rôle dans l’abattage du vol 752 de l’Ukraine International Airlines. Toutefois, aucune information sur leur identité, leur grade ou les charges retenues contre ces personnes n’a été communiquée.
Le 3 janvier de l’année dernière, une attaque de drone américain en Irak a tué Qassem Soleimani, le commandant de la force iranienne Al-Qods. Le 8 janvier, des missiles iraniens ont attaqué une base américaine en Irak et l’Iran a abattu l’avion ukrainien près de l’aéroport international Imam Khomeini de Téhéran.
Après de premiers démentis, le Commandement central des forces armées a admis que le CGRI avait abattu l’avion « par erreur », tuant les 176 passagers et membres d’équipage à bord.
La Commission d’enquête iranienne sur les accidents d’avion a publié un rapport final sur l’incident dans lequel elle affirme que des missiles iraniens ont été lancés sur l’avion en raison d’une erreur de calibrage de 105 degrés du radar du lanceur.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com