ATLANTA: L'élection présidentielle iranienne du 18 juin a été «déterminée» pour favoriser un candidat impopulaire soutenu par le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, selon les observateurs.
Mardi, le Conseil des gardiens de l’Iran, un conseil de 12 membres composé de hauts dignitaires religieux chargés de sélectionner les candidats à la présidence, a rejeté la demande de la majorité des candidats réformistes ou modérés, ne laissant en lice que le chef de l’autorité judiciaire, Ebrahim Raïssi, ainsi que plusieurs candidats peu connus.
Le Conseil des gardiens a également approuvé la candidature du secrétaire du Conseil de discernement, Mohsen Rezaï, de l'ancien négociateur pour le nucléaire, Said Jalili, du vice-président du Parlement, Amir Hossein Ghazizadeh Hachemi, de l'ancien vice-président, Mohsen Mehralizadeh, du gouverneur de la Banque centrale, Abdelnasser Hemmati, et du parlementaire Alireza Zakani.
Les experts iraniens affirment que Raïssi a été impliqué dans l’assassinat de plusieurs milliers d'activistes et prisonniers politiques iraniens en 1988, une flétrissure indélébile. Néanmoins, ses chances de gagner l’élection restent fortes.
Le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), un groupe d'opposition basé en Europe, a déclaré dans une conférence en ligne mercredi que Raïssi remporterait très probablement le suffrage, fort du soutien du Guide suprême. Le groupe a qualifié la prochaine élection de «mascarade».
Mohammad Mohaddessin, le responsable de la politique étrangère du CNRI, a affirmé que la description par Khamenei du candidat idéal à la présidence correspondait clairement au profil de Raïssi. «Il a renoncé à son habituelle rhétorique entre candidats ʺmodérés et dursʺ, pour assurer la présidence à son candidat préféré. Bref, cette fois-ci, l'élection est un one-man show.»
Barbara Slavin, directrice de Future for Iran Initiative de l’Atlantic Council à Washington, explique à Arab News que la prochaine élection présidentielle a tout d’une «farce».
Selon elle, aucune notoriété publique n’a été autorisée à se présenter, en dehors de Raïssi, qui semble assuré de gagner. «À moins que le Guide suprême ne change d'avis, et ne permette à d'autres candidats crédibles de se présenter, le taux de participation sera très faible, ce qui sera embarrassant pour le gouvernement.»
Slavin précise qu’avec la candidature de Raïssi, Khamenei cherche à cimenter son héritage. L’actuel chef de l’autorité judiciaire pourrait ainsi lui succéder.
Le vainqueur de l'élection devra mener les négociations avec les États-Unis et les pays européens pour relancer l'accord nucléaire iranien, dont les États-Unis se sont retirés sous la présidence de Donald Trump.
L’ancien président a également imposé des sanctions économiques strictes contre l'Iran qui ont créé de graves difficultés financières et économiques à la République islamique.
Il est peu probable que les négociations entre l’Iran, les États-Unis et les pays européens, soulagent l’économie iranienne avant l’élection, à moins que les États-Unis et l’Iran ne parviennent à un accord provisoire, pour relancer l’ancien accord, ou en négocier un nouveau. On ne sait toutefois toujours pas comment un futur gouvernement Raïssi mènerait des négociations sur le nucléaire avec les États-Unis et leurs alliés, compte tenu de ses conditions exigeantes.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com