ANKARA: La police turque a arrêté mercredi sept membres présumés de l'organisation Front al-Nusra, au cours d'une opération antiterroriste dans la capitale Ankara.
Les équipes antiterroristes recherchaient également quatre autres personnes toujours en fuite, et soupçonnées d'être liées au mouvement, issu de la Syrie et classé comme groupe terroriste en Turquie depuis 2014.
Des opérations simultanées ont eu lieu en Turquie contre Daech, alors que la police avait récemment arrêté plusieurs hauts responsables dans différentes villes.
Mardi, la police a arrêté 16 membres présumés de Daech dans onze provinces, dans le cadre d'une opération nationale. Les arrestations ont eu lieu le lendemain de la détention d'un homme syrien, soupçonné d’appartenir à Daech, dans la province de Nigde, au centre de l'Anatolie.
Entretemps, lundi, un membre présumé de Daech nommé Moustafa Abdelvahap Mahmut, a été arrêté à Istanbul. Spécialiste en explosifs, recherché par les États-Unis, Mahmut aurait planifié de mener une attaque terroriste en Turquie. L'opération s'est déroulée conjointement entre les services de renseignement américains et turques.
La semaine dernière, un membre présumé de Daech a été arrêté par la police turque à 500 mètres du consulat américain à Istanbul. Un autre a été appréhendé au dernier étage d'un immeuble voisin.
Début mai, Basim, nom de code d’un djihadiste afghan et l'une des personnes les plus proches d'Abou Bakr Al-Baghdadi, l'ancien chef de Daech tué il y a deux ans par les États-Unis, a été arrêté à Istanbul. Il était en possession d’un faux passeport.
Nihat Ali Ozcan, un grand expert des affaires étrangères au sein du groupe de réflexion TEPAV basé à Ankara, et ancien commandant militaire turc, affirme à Arab News que la Turquie est devenue le lieu de prédilection des cellules dormantes d'al-Nusra dans la région.
«Il n'est pas surprenant qu'elles soient toujours actives en Turquie. Elles établissent leurs liens avec le monde extérieur à travers les territoires turcs, en termes de logistique, de réseaux et d’effectifs», a-t-il précisé.
Selon Ozcan, leur présence accrue et cachée constituait une menace non seulement pour la sécurité intérieure turque, mais aussi pour l'Occident et la Russie.
«Les paramètres changeants dans la province syrienne d'Idlib tenue par les rebelles sont également notables car al-Nusra a récemment placé tous les petits groupes dissidents sous son hégémonie et les a éliminés. Ils essaient maintenant de renforcer leur influence pour préserver leur autorité dans la région», a-t-il ajouté.
Hayat Tahrir Al-Sham (HTS), une branche du Front al-Nusra maintient son contrôle d’Idlib et ses alentours.
Le ministère russe des Affaires étrangères affirme pour sa part qu’al-Nusra stocke des produits chimiques à Idlib, pour les utiliser plus tard contre des civils et imputer l’attaque chimique à d’autres parties.
Mardi, le Centre du ministère russe de la Défense pour la réconciliation des parties opposées en Syrie a annoncé que le Front al-Nusra a mené en une journée 46 bombardements contre Idlib.
Les experts ont également indiqué que des opérations antiterroristes similaires et l’apparition de certains réseaux clandestins en Turquie ont généralement lieu au printemps et en été, et que la fréquence des opérations ne cesse d'augmenter jusqu'en septembre, lorsque la mobilité des groupes terroristes diminue progressivement dans la région.
Ozcan n'avait pas prévu la collaboration stratégique et politique entre al-Nusra et Daech sur le sol turc dans la période en cours, bien que des membres des deux groupes aient été capturés simultanément en une semaine.
«Frapper des cibles occidentales constituent le dénominateur commun. Ils peuvent collaborer de manière tactique, mais ils n'ont pas de liens organiques, et leurs objectifs réels sont différents», explique-t-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com