PARIS: Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a appelé mercredi à la poursuite des réformes en Algérie, "dans le respect des libertés publiques" et "de la presse", au lendemain d'une nouvelle vague de condamnations de manifestants du Hirak.
"Les autorités algériennes ont exprimé l’ambition de réformer l’Algérie en profondeur, dans un esprit de dialogue et d’ouverture qui correspond aux attentes qui ont été exprimées dans le Hirak, de manière pacifique et avec dignité, par les Algériens. Notre seul souhait, c’est la réussite des réformes au bénéfice de l’Algérie et des Algériens", a déclaré le ministre devant le Sénat français.
"C’est aux Algériens, et à eux seuls, de fixer les modalités de ce destin, dans le respect des libertés publiques, dans le respect de la liberté d’expression, dans le respect de la liberté de la presse, auxquelles la France est attachée partout dans le monde", a-t-il aussi ajouté, en se refusant à tout commentaire supplémentaire à quinze jours d'élections en Algérie.
Le ministre avait été interpellé par la sénatrice et ex-ministre socialiste Laurence Rossignol sur "la répression" du "mouvement citoyen et pacifique" de contestation du Hirak et les arrestations et condamnations de "militants, citoyens, journalistes...".
Une ONG de défense des droits humains a fait état mardi de près de vingt condamnations à des peines de prison, au cours des 24 heures précédentes, de personnes ayant tenté de participer à des marches du Hirak.
Plus de 2 000 manifestants ont été interpellés, dont près d'une centaine ont été placés en garde à vue et une soixantaine sous mandat de dépôt, a rapporté Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH), qualifiant la situation d'"inquiétante".
Pour briser toute opposition dans la rue avant les élections législatives du 12 juin, le ministère de l'Intérieur a décidé d'obliger les organisateurs des marches du Hirak --un mouvement sans véritable leadership-- à "déclarer" au préalable les manifestations auprès des autorités, ce qui revient à les interdire.
Depuis, les rassemblements du Hirak ont été empêchés à Alger et dans certaines villes, entraînant des vagues d'interpellations à travers le pays.