Plus de 100 jours après sa nomination au poste de chef du gouvernement en mai dernier, Mostafa Kazimi doit faire face à un premier bilan en demi-teinte. Arrivé au pouvoir sur la base d’un accord tacite entre Washington et Téhéran – eux-mêmes à couteaux tirés depuis l’élimination dans un raid américain de l’ancien commandant en chef de la brigade al-Qods au sein des gardiens de la révolution iranienne, Kassem Soleimani, et de l’ex-leader de facto de la coalition paramilitaire du Hachd al-Chaabi, Abou Mahdi al-Mouhandis –, il est, depuis, contraint de jouer les contorsionnistes pour donner des gages aux uns et aux autres. Si M. Kazimi peut se targuer de quelques succès, ils font pour l’heure pâle figure comparés aux obstacles qui entravent son action.
Côté face, on compte la décision prise à la fin du mois de juillet d’organiser des élections législatives anticipées en juin 2021. Il s’agit là d’une promesse majeure faite aux manifestants irakiens qui, depuis le soulèvement d’octobre 2019, appellent à la chute d’un système confessionnel qu’ils accusent d’être à la source de la corruption qui gangrène le pays. Mais des voix parmi les contestataires s’élèvent aujourd’hui pour alerter des risques encourus si un tel scrutin se tient sans réforme de la loi électorale qui favorise les partis de l’establishment politique. Tant que cette question n’est pas réglée, beaucoup craignent que des élections anticipées ne servent en fait qu’à renforcer un système dénoncé comme failli.
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