Algérie : Est-ce la fin du Hirak?

Manifestation du Hirak en mars à Alger (Photo, AFP).
Manifestation du Hirak en mars à Alger (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 24 mai 2021

Algérie : Est-ce la fin du Hirak?

  • Accusés d'infiltrer les manifestations, le mouvement Rachad et le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie sont désormais considérés comme des organisations terroristes
  • La solution sécuritaire n'a jamais permis de sortir des crises politiques. Elle est plutôt considérée comme un encouragement pour les Algériens à poursuivre pacifiquement le Hirak, selon Me Benlahrech

ALGER: Comme chaque vendredi à Alger, depuis plus de deux ans, les hirakistes se sont rassemblés après la prière du vendredi, au centre de la capitale pour entamer leur marche. Seulement voilà, les marches à Alger ne sont plus tolérées sans la présentation au préalable d'une demande dûment motivée, et comprenant notamment l'itinéraire que comptent prendre les contestataires.

Longtemps accusés d'infiltrer les manifestations, le mouvement Rachad et le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) sont désormais considérés par les pouvoirs publics algériens, comme des organisations terroristes.

Entre spontanéité et manipulation, le Hirak se trouve à l'intersection de plusieurs variables, à la fois sécuritaires, politiques et sociales. Une situation qui a poussé les autorités à prendre les choses en main, et à décider d’une batterie de mesures dans le but de maintenir l’ordre public.

Ces mesures sont-elles une nécessité pour sécuriser les marches? «Absolument!», répond Hassan Kacimi, expert des questions sécuritaires, migratoires et du Sahel, qui a livré son analyse à Arab News en français.

Des tentatives pour déstabiliser le pays

Pour M. Kacimi, le gouvernement a pris des mesures en se fondant sur une série d’événements qui se sont déroulés dans le pays, et à la suite de renseignements obtenus après des aveux de certains trafiquants d’armes arrêtés, qui ont reçu des commandes pour livrer des armes au MAK, qui se préparait à passer à une phase armée, avec la constitution de maquis subversifs. «Il n’est pas difficile de vérifier une telle information, puisque Ferhat Mhenni (président du MAK) l’a lui-même déclaré publiquement, dans un enregistrement vidéo que tout le monde a consulté sur les réseaux sociaux», affirme l’expert. 

L’intervenant fait savoir que cette évolution était prévisible, puisque Ferhat Mhenni a fait évoluer son mouvement autonomiste vers un mouvement indépendantiste, sous la pression de ses sponsors, connus, tels que la monarchie marocaine, le Mossad et le SDEC français.

Plus grave encore, M. Kacimi évoque des tentatives pour déstabiliser le pays. «On est dans une phase très difficile, où on prépare dans les coulisses une confrontation entre le Hirak et les pouvoirs publics», explique-t-il.

Par ailleurs, l’inscription d’organisations subversives telles que le MAK et le Rachad est, selon notre interlocuteur, une procédure tout à fait légale, qui existe ailleurs, principalement dans les démocraties occidentales, qui n’acceptent pas que l’ordre et la sécurité publics soient menacés par des mouvements radicaux, extrémistes, fascistes ou armés.

Agir avec beaucoup de prudence pour éviter des confrontations sanglantes

Il pointe du doigt des lobbys sionistes qui s’activent à travers le MAK pour créer de supposés conflits interethniques entre Kabyles et Arabes, qui n’existent pas en réalité sur le terrain, ni dans le tissu social. «L’Algérie est dans l’œil du cyclone, et c’est pourquoi elle doit absolument être en mesure de prévoir tous les scénarios pour riposter à de telle menaces létales», avertit Kacimi.

Il est tout à fait possible, d’après l’expert, de satisfaire les revendications des hirakistes, sans que la situation dégénère. Kacimi propose entre autres d’isoler les groupuscules extrémistes et radicaux qui ont infiltré le Hirak, et de les combattre en mettant en œuvre la loi.

Ce qui permettra de répondre de manière progressive et efficace aux doléances des populations, en combattant l’issaba («bande») et ses symboles. «Dans cette phase, les pouvoirs publics doivent agir avec beaucoup de prudence pour éviter des confrontations sanglantes qui sont planifiées dans les coulisses en protégeant le Hirak salutaire», insiste Hassen Kacimi.

Des atteintes répétées au droit de manifestation

Un avis qui n’est pas du tout partagé par Me Zakaria Benlahrech, membre de la Ligue des droits de l'homme, qui dénonce des atteintes répétées au droit de manifestation. «En réalité, des mesures strictes ont été prises pour empêcher les citoyens de manifester, de manière à ce que la répression et les violences excessives soient au rendez-vous», insiste l’avocat.

Pour Benlahrech, tout a été pensé pour réprimander et interdire les manifestations. Ce dernier parle même d’une décision exceptionnelle émise par le wali d’Alger pour préserver le calme, la sécurité et la sérénité publique. «Il s’agit-là d’un moyen pour légitimer la répression», estime l’avocat.

Le recours à la force, ou à des arrestations demeurent des moyens qui limitent les droits et les libertés des Algériens, quel que soit leur but. «Le droit de manifester et le droit à la liberté d'expression font partie des droits de l'homme qui ont été consacrés et renforcés en Algérie par la Constitution modifiée en 2020. Ce sont  des droits stipulés dans les conventions internationales ratifiées par l'Algérie Parmi elles, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que l'Algérie a ratifié en 1989», rappelle le défenseur de droits de l’homme.

Les arrestations arbitraires ne pourront mettre fin au Hirak

Par conséquent, l’avocat  estime que la solution sécuritaire n'a jamais été un moyen de sortir des crises politiques. En Algérie, elle est plutôt considérée comme un moyen de renforcer la conviction des Algériens pour poursuivre pacifiquement le Hirak, qui a ébloui le monde entier, et accroît sa détermination à continuer les revendications. Le Hirak est l’image sincère d'un peuple qui veut prendre son avenir en main, et déterminer son destin loin de l'autorité actuelle. Ni les intimidations ni les arrestations arbitraires ne pourront mettre fin à cette révolution pacifique», conclut-il.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.