TUNIS : Plus d'un millier de Tunisiens ont manifesté mercredi, à l'appel du syndicat UGTT, rejoint par des partis de gauche et le mouvement d'inspiration islamiste Ennahdha, pour exprimer leur soutien au peuple palestinien, et réclamer une loi punissant les liens avec Israël.
Une proposition de loi qui prévoyait des peines de prison pour les Tunisiens entretenant des liens directs avec Israël, notamment sur le plan commercial, culturel ou sportif, avait été rejetée en 2012 par les députés.
Les manifestants ont appelé le Parlement, où Ennahdha est le principal parti, à voter un texte qui pénaliserait la « normalisation » avec Israël, sans donner de détails sur sa nature.
« La normalisation (...) est un crime parce qu'elle représente un soutien en faveur de l'occupant contre le peuple palestinien », a souligné Abdellatif Mekki, ancien ministre de la Santé, également membre d'Ennahdha.
« Palestine libre, et le sionisme dehors », ont notamment scandé les manifestants arborant des drapeaux palestiniens et tunisiens, escortés par un important dispositif policier, a constaté une journaliste de l'AFP.
Le secrétaire général de l'UGTT Noureddine Taboubi a de son côté appelé à « boycotter les produits américains et européens » en raison de l'appui apporté, selon lui, par ces pays à « l'ennemi sioniste ».
Un nouveau cycle de violence oppose depuis le 10 mai Israël et les groupes palestiniens de la bande de Gaza. Plus de 230 personnes ont été tuées, dont une grande majorité de Palestiniens dans l'enclave palestinienne sous blocus israélien.
Des manifestations de soutien aux Palestiniens se sont multipliées ces derniers jours en Tunisie, pays fracturé politiquement, où la cause palestinienne est un rare point d'accord entre les partis et au sein de la société civile.
La Tunisie, qui siège actuellement au Conseil de sécurité de l'ONU, a multiplié les efforts diplomatiques pour faire cesser les bombardements israéliens sur Gaza, mais ses efforts sont bridés par son poids restreint sur la scène internationale, et ses alliances.
Interrogé au sujet des pays arabes qui ont établi des liens diplomatiques officiels avec Israël, comme récemment le Maroc, le président tunisien Kais Saied a estimé mercredi que chaque pays était « libre de ses choix ».
Mais « celui qui dénie le droit palestinien commet une grande trahison », a-t-il dit sur la chaîne France 24.
La Tunisie, qui a abrité l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) jusqu'au début des années 1990 et a subi un bombardement israélien meurtrier en 1985, est l'un des pays de la région les plus ouvertement opposés à Israël.