AMMAN: Les résidents de Gaza et de la Cisjordanie ont lancé mardi une grève générale historique qui reflète l'unité du peuple palestinien.
Le Comité arabe de suivi, sis à Haïfa, a organisé la manifestation. Un appel repris par toutes les communautés palestiniennes, cibles de bombardements israéliens incessants et inégalés depuis deux semaines.
Les ouvriers et les professionnels palestiniens sont restés chez eux dans le but de paralyser l'économie israélienne. Le Comité des marchands de Jérusalem-Est a demandé dans une déclaration à tous les commerçants de fermer leurs portes, et les Palestiniens de tous horizons ont adhéré à l'appel.
Mohammad Baraka, président du Comité supérieur de suivi des citoyens arabes en Israël, confie à Arab News que le mandat de grève a été approuvé lors d'une réunion à Jaffa, dimanche.
«Dès que nous avons annoncé notre décision, nous avons reçu des appels de différentes factions palestiniennes, dirigées par le Fatah, qui voulaient se joindre à la grève», a-t-il affirmé. «D'autres palestiniens ont également suivi, et (le mouvement) a submergé toute la Palestine».
Des responsables indiquent que le mouvement vient en réaction à l'attaque israélienne brutale contre la mosquée d'Al-Aqsa, aux projets israéliens pour expulser les familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem, et aux «attaques contre notre peuple en Israël».
Selon Baraka, plus de 1 000 jeunes Palestiniens ont été emprisonnés et 200 inculpés, tandis que seuls 150 Juifs ont été arrêtés, et aucun n'a été inculpé.
«Le sens le plus profond de cette grève est que quiconque veut briser l'esprit palestinien à cause de la faiblesse du monde arabe va sans doute être déçu», explique Baraka. «Les armées peuvent perdre une guerre mais les peuples ne perdent jamais».
Vera Baboun, ancienne maire de Bethléem et membre du Conseil national palestinien, qualifie la grève d'historique.
«La grève du 18 mai est une manifestation de notre dignité qui met en lumière 73 ans de violations des droits de notre peuple, dans les territoires occupés ainsi que dans les secteurs de 1948», dit-elle.
Khalil El-Halabim, dont le fils est emprisonné pour avoir soi-disant viré de l'argent au Hamas, affirme à Arab News que la grève a uni tous les Palestiniens.
«Nos objectifs sont clairement alignés à présent», se réjouit-il. «Cette grève illustre le retour de la cause palestinienne au cœur de l’ordre du jour politique de la communauté internationale».
Adnan Tarabshe, un acteur de théâtre qui réside dans la région de la Galilée, affirme à Arab News que le mouvement exprime la colère palestinienne, mais qu’il porte un objectif bien plus important.
«Les certitudes de Golda Meir, à savoir que les palestiniens âgés vont mourir et les jeunes vont certainement oublier, sont réduites à néant», insiste-t-il. «Le peuple palestinien demeure, et il ne va jamais oublier».
L’ancienne Première ministre Golda Meir était la quatrième de l’histoire d’Israël à occuper ce poste.
Ghassan Khatib, ancien ministre palestinien du Travail, estime que la grève est un rejet de la politique raciste envers les Palestiniens. C'est le résultat «du refus d'Israël d’assimiler les Palestiniens dans les zones de 1948, et de l’oppression des habitants de Jérusalem et les Palestiniens en Cisjordanie», confie-t-il à Arab News.
Khatib blâme les États-Unis pour l'arrogance israélienne «que nous voyons aujourd’hui».
Salah Zuheika, un activiste politique à Jérusalem, compare la grève à la manifestation du Jour de la terre le 30 mars 1976, une date importante dans l’histoire nationale palestinienne selon lui.
L'évêque orthodoxe de Jérusalem Atallah Hanna , explique à Arab News que la grève envoie un message à tous les Palestiniens afin de protester contre les politiques israéliennes injustes, mais surtout contre les offensives de destruction massive à Gaza.
«Les enfants et les personnes âgées, les hommes et les femmes sont attaqués sans distinction», dit-il. «Cette grève est un moyen civilisé et efficace d'envoyer un message au monde, que nous voulons la justice avec la paix».
William Tarazi, un homme d'affaires de Gaza, déclare toutefois que la «grève est une réaction simple. Nous n'avons pas besoin d'une grève ou d'une manifestation ici et là. Nous avons besoin d'une approche exhaustive qui comprend des actions politiques et militaires en plus des manifestations».
Radi Jirai, un activiste du Fatah qui soutient la solution à un État, affirme à Arab News que la grève est une nouvelle indication que l'identité nationale palestinienne a survécu malgré les tentatives sionistes.
«Cette unité des Palestiniens ouvre la voie à une nouvelle stratégie palestinienne fondée sur l'unité du peuple et de la terre en Palestine», dit-il. «C’est une défaite du projet sioniste qui souligne la nécessité de créer un seul État démocratique sur les ruines de l'apartheid sioniste».
Femme d'affaires qui œuvre dans le secteur du tourisme à Jérusalem, Margo Tarazi pense que la grève montre à Israël que le peuple palestinien est uni.
«Israël et nos leaders ont compris que, 73 ans plus tard, le peuple palestinien est uni de la mer jusqu’au fleuve (la zone entre le fleuve Jourdain et la mer Méditerranée). Nous obtiendrons nos droits légitimes grâce à notre unité», dit-elle à Arab News.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com