GAZA / LONDRES / NEW YORK: Les Palestiniens ont marqué samedi l'anniversaire de la Nakba, la «catastrophe», où plus de 700 000 personnes ont été chassées de leurs foyers pour permettre la création de l'État d'Israël en 1948.
Israël a célébré la journée en tuant deux femmes et huit enfants d'une même famille lors d'une frappe aérienne sur un camp de réfugiés.
Trois missiles lourds ont également détruit la tour Al-Jala’a de 12 étages dans la ville de Gaza, qui abritait les bureaux des médias, notamment l'Associated Press et Al Jazeera, et bombardé le domicile de Khalil Al-Hayeh, un haut leader du Hamas.
Les frappes aériennes israéliennes sur Gaza ont tué au moins 139 personnes, dont 39 enfants et 22 femmes.
De son côté, le Hamas a tiré des centaines de roquettes sur Israël, tuant huit personnes, la dernière en date du samedi lorsqu'un homme est mort dans une frappe de roquette sur la banlieue de Tel Aviv à Ramat Gan.
L'attaque contre le bâtiment de l'AP, qui contenait également des appartements résidentiels, a suscité l'indignation. L'armée israélienne a signalé que le Hamas opérait à l'intérieur du bâtiment, mais n'a fourni aucune preuve.
«Le monde en saura moins sur ce qui se passe à Gaza à cause de ce qui s'est passé aujourd'hui», a affirmé le directeur général de l'AP, Gary Pruitt. «Nous sommes choqués et horrifiés».
Auparavant, un raid aérien israélien sur le camp de réfugiés densément peuplé de Shati, à l’ouest de la ville de Gaza, a tué 10 Palestiniens d’une même famille, la frappe la plus meurtrière d’Israël de ce dernier conflit
Des missiles ont pris pour cible la maison de trois étages d'Alaa Abou Hatab, 35 ans, tuant sa femme, quatre de ses cinq enfants, sa sœur et quatre de ses cinq enfants. Un bébé de cinq mois a survécu, ainsi que la fille d’Abou Hatab, qui demeure aux soins intensifs.
En larmes, le beau-frère d’Abou Hatab, Mohammad Al-Hadidi, a raconté à Arab News que ses enfants avaient insisté pour passer la nuit chez leur oncle afin de jouer avec leurs cousins.
«J’ai entendu le bruit des bombardements, mais je ne savais pas que c’était le bâtiment où se trouvaient ma femme et mes enfants. J’ai reçu un appel pour me dire que la maison d’Abou Hatab était prise pour cible. Je me suis précipité vers la maison, pour retrouver tous mes enfants avec ma femme, sous les décombres».
Alors que les frappes aériennes israéliennes se poursuivaient, Heba Al-Attar, 45 ans, a déclaré à Arab News: «Le sentiment que j'ai, c'est : quand serai-je tuée? Quand notre maison sera-t-elle détruite? Comment mes trois enfants vivront-ils sans moi, s'ils survivent? J'ai peur tous les jours, je ne peux même pas dormir la nuit».
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, et le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, ont appelé samedi à un cessez-le-feu immédiat. Ils ont exhorté «la communauté internationale à affronter les pratiques agressives israéliennes contre le peuple palestinien frère».
Des dizaines de milliers de manifestations
Au moment où les forces israéliennes intensifiaient le bombardement de Gaza, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les grandes villes européennes comme Londres, Berlin, Madrid et Paris pour soutenir la cause palestinienne.
À Londres, plusieurs milliers de manifestants portant des pancartes «Arrêtez de bombarder Gaza» et scandant «Palestine libre» ont convergé vers Marble Arch, près de Hyde Park, dans la capitale britannique, pour marcher vers l’ambassade d’Israël.
Des foules énormes se sont rassemblées tout au long de Kensington High Street, où se trouve l'ambassade d’Israël.
«Cette fois, c'est différent», a annoncé l'ambassadeur palestinien Husam Zomlot aux manifestants».
«Cette fois, on ne nous refusera plus. Nous sommes unis. Nous en avons assez de l'oppression».
Simon Makepace, un comptable de 61 ans, a déclaré à l'AFP qu'il s'était joint aux manifestations parce que «le monde entier devrait faire quelque chose, y compris ce pays».
«La Palestine sera libre»
Dans les villes d'Amérique du Nord, des dizaines de milliers de manifestants propalestiniens ont également appelé à la fin des attaques israéliennes contre la bande de Gaza.
Les manifestations se sont déroulées durant l’anniversaire de la Journée de la Nakba, ou la «catastrophe», qui a vu des centaines de milliers de Palestiniens déplacés lors de la création d’Israël en 1947-1948.
Des rassemblements de solidarité avec les Palestiniens à l'occasion de l'anniversaire de la Journée de la Nakba ont eu lieu dans des villes comme New York, Boston, Washington, Montréal et Dearborn, Michigan.
Plusieurs Juifs étaient présents, tenant des pancartes disant «Pas en mon nom» et «Solidarité avec la Palestine» alors que les manifestants ont envahi une rue du quartier qui compte une importante population arabe.
«Je suis ici parce que je veux qu’une vie palestinienne soit égale à une vie israélienne et ce n’est pas le cas aujourd’hui», a confié Emraan Khan, 35 ans, stratège d’entreprise de Manhattan, en agitant un drapeau palestinien.
«Quand vous avez un État doté de l'arme nucléaire et un autre État de villageois avec des pierres, il est clair que lequel doit être blâmé», a-t-il ajouté.
Alison Zambrano, une étudiante de 20 ans, est venue du Connecticut voisin pour participer à la manifestation.
«Les Palestiniens ont le droit de vivre librement et les enfants de Gaza ne doivent pas être tués», a-t-elle déclaré à l'AFP.
Mashhour Ahmad, un Palestinien de 73 ans qui vit à New York depuis 50 ans, a signalé: «Ne blâmez pas la victime pour l'agression».
«Je demande à M. Biden et à son cabinet de cesser de soutenir les meurtriers. Soutenez les victimes et arrêtez l'oppression.
«La violence commise récemment par l'armée israélienne est un génocide», a-t-il ajouté, soulevant une affiche au-dessus de sa tête qui disait «Palestine libre, mettre fin à l'occupation».
Le président Joe Biden s'est entretenu séparément samedi avec ses homologues israélien et palestinien, exprimant sa «profonde inquiétude» face à six jours de violence qui ont fait des dizaines de morts et de blessés.
Biden a aussi exprimé «l’engagement ferme de Washington en faveur d’une solution à deux États comme étant la meilleure voie dans le but de parvenir à une résolution juste et durable du conflit israélo-palestinien», selon la Maison Blanche.
Des foules de gens se sont rassemblées à Copley Square à Boston, tandis que quelques centaines se sont rassemblées sur le terrain du Washington Monument dans la capitale américaine.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Montréal, au Canada, appelant à «la libération de la Palestine».
Lors de la manifestation dans le centre de la ville canadienne, les manifestants ont en outre dénoncé les «crimes de guerre» commis par Israël à Gaza, brandissant des pancartes accusant Israël de violer le droit international
(Avec AFP)
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com