GAZA: Une frappe aérienne israélienne a détruit samedi une tour dans la ville de Gaza qui abritait des bureaux de l'Associated Press et d'autres médias, la dernière mesure prise par l'armée pour faire taire les reportages du territoire au milieu de sa bataille avec le groupe militant Hamas.
La frappe est intervenue près d'une heure après que l'armée ait ordonné aux gens d'évacuer le bâtiment, qui abritait également Al-Jazeera, d'autres bureaux et des appartements résidentiels. La frappe a fait tomber tout le bâtiment de 12 étages, s'effondrant avec un gigantesque nuage de poussière. Il n'y a pas eu d'explication immédiate pour indiquer pourquoi il a été attaqué.
La frappe contre la tour abritant les locaux intervient quelques heures après qu'un autre raid aérien israélien sur un camp de réfugiés densément peuplé dans la ville de Gaza a tué au moins 10 Palestiniens d'une famille élargie, principalement des enfants, lors de la frappe la plus meurtrière du conflit actuel. Les deux parties ont réclamé un avantage alors que les efforts de cessez-le-feu se renforçaient.
«Une frappe israélienne a dévasté la tour qui abrite les bureaux d'AP dans la ville de Gaza», a écrit sur Twitter Jon Gambrell, un journaliste de l'agence américaine.
«L'armée a prévenu le propriétaire de la tour dans laquelle AP a ses locaux qu'elle serait ciblée» par une frappe, avait-il écrit peu de temps avant.
Des journalistes de l'AFP ont vu la tour de 13 étages se faire pulvériser par plusieurs missiles.
La chaîne Al-Jazeera a confirmé sur Twitter que ses locaux étaient dans ce bâtiment et a retransmis en direct les images de la tour s'effondrer dans un nuage de poussière.
Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas réagi à ces informations dans l'immédiat.
«Des bombes pourraient tomber sur notre bureau. Nous avons dévalé les escaliers depuis le 11e étage et regardons maintenant le bâtiment de loin, priant pour que l'armée finisse par se rétracter» avait tweeté peu de temps avant le raid Fares Akram, correspondant pour AP à Gaza.
Le mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza et Israël échangent depuis lundi des tirs meurtriers depuis et vers l'enclave palestinienne de deux millions d'habitants.
Le dernier bilan des autorités palestiniennes faisait état vendredi soir de 139 morts, parmi lesquels 39 enfants, et 1 000 blessés dans les bombardements israéliens.
Plus de 2 300 roquettes ont été lancées par des groupes armés palestiniens sur le territoire israélien depuis lundi, tuant neuf personnes, parmi lesquelles un enfant et un soldat, et faisant plus de 560 blessés.
(Avec AFP)
Les réactions sur place
"Nous sommes choqués et horrifiés par le fait que l'armée israélienne vise et détruise l'immeuble abritant le bureau d'AP et d'autres médias à Gaza", a dit dans un communiqué le patron de l'agence, Gary Pruitt.
"Ils connaissent depuis longtemps l'emplacement de notre bureau et savaient que des journalistes s'y trouvaient. Nous avons été avertis que l'immeuble serait frappé", a-t-il ajouté.
"C'est un développement incroyablement inquiétant. Nous avons évité de justesse de terribles pertes humaines. Une dizaine de journalistes et de pigistes d'AP se trouvaient dans l'immeuble et heureusement, nous avons pu les évacuer à temps", a-t-il précisé.
"Nous avons demandé des informations au gouvernement israélien et sommes en contact avec le département d'Etat américain pour essayer d'en savoir plus", a encore dit Gary Pruitt.
"Le monde sera moins informé sur ce qui se passe à Gaza à cause de ce qui s'est passé aujourd'hui", a-t-il conclu.