L'armée israélienne accusée d'utiliser les médias pour tromper le Hamas

Sur cette photo satellite fournie par Maxar Technologies on peut voir clairement la limite Nord et une partie de la limite Est de la bande de Gaza (vers le bas et la gauche). L'armée israélienne a massé ses troupes et ses blindés à la frontière de Gaza jeudi soir laissant croire à une invasion imminente. La tâche noire est un nuage de fumée provoqué par l'incendie de dépôts de carburants touchés par les roquettes du Hamas dans la ville limitrophe d'Ashkélon.(Photo, AFP)
Sur cette photo satellite fournie par Maxar Technologies on peut voir clairement la limite Nord et une partie de la limite Est de la bande de Gaza (vers le bas et la gauche). L'armée israélienne a massé ses troupes et ses blindés à la frontière de Gaza jeudi soir laissant croire à une invasion imminente. La tâche noire est un nuage de fumée provoqué par l'incendie de dépôts de carburants touchés par les roquettes du Hamas dans la ville limitrophe d'Ashkélon.(Photo, AFP)
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Publié le Samedi 15 mai 2021

L'armée israélienne accusée d'utiliser les médias pour tromper le Hamas

  • «Ce n'était pas un mensonge. C'était une manipulation », a révélé Or Heller, correspondant militaire chevronné
  • L'annonce a poussé les combattants du Hamas à se précipiter dans des positions défensives dans un réseau souterrain de tunnels

JÉRUSALEM: Vendredi, juste après minuit, l'armée israélienne a fait une déclaration inquiétante aux médias: «Les troupes aériennes et terrestres attaquent actuellement dans la bande de Gaza».

Cette déclaration laconique a déclenché des spéculations frénétiques selon lesquelles Israël avait lancé une invasion terrestre de Gaza, un scénario très redouté qui marquerait une escalade sanglante de l’opération de cette semaine contre les militants du Hamas. Certains journalistes ont même été carrément informés que l'incursion avait déjà commencé.

Quelques heures plus tard, l'armée a émis une «clarification». Il n'y avait pas de troupes à l'intérieur de Gaza. Mais à ce moment-là, plusieurs grands médias avaient signalé à tort que l'offensive au sol était en cours.

Pendant que l'armée israélienne tentait de minimiser l'incident comme un malentendu, des commentateurs militaires israéliens bien placés ont dévoilé que les médias avaient été utilisés dans le cadre d'une ruse bien élaborée pour attirer les militants du Hamas dans un piège mortel qui aurait pu tuer des dizaines de combattants.

«Ils n’ont pas menti», a déclaré Or Heller, correspondant militaire chevronné de la chaîne de télévision 13 israélienne. «C'était une manipulation. C'était intelligent et cela a vraiment réussi».

Voici comment cela s'est déroulé:

Tard jeudi, après des jours de frappes aériennes, Israël a annoncé qu'il appelait des milliers de réservistes et rassemblait des troupes le long de la frontière avant une éventuelle invasion terrestre. Dans un autre signe d'escalade, les chars israéliens placés le long de la frontière ont ouvert le feu sur des cibles à l'intérieur de Gaza.

Lors des précédentes séries de combats, les incursions terrestres ont entraîné des destructions massives à Gaza ainsi que de lourdes pertes des deux côtés.

Cela a ainsi préparé le terrain pour la fausseté de fin de nuit. Selon Heller, Israël a commencé à dépêcher ses forces le long de la frontière dans ce qui semblait être les derniers préparatifs d'une invasion. Puis vint l'annonce aux médias, diffusée simultanément en hébreu et en arabe sur Twitter. Des alertes ont suivi dans les principaux magasins indiquant que l'invasion était en cours.

Les mouvements israéliens ont poussé les combattants du Hamas à se précipiter dans des positions défensives dans un réseau souterrain de tunnels connu sous le nom de métro, selon Heller ainsi que d'autres rapports israéliens.

Israël a ensuite utilisé 160 avions de combat pour bombarder les tunnels pendant 40 minutes, a indiqué l'armée. Heller a prétendu que des dizaines de militants avaient été tués, bien qu'il soit difficile de l’affirmer.

«Ce que nous avons vu ce soir était une opération très sophistiquée qui avait un aspect médiatique», a expliqué Heller.

Toutefois, le Hamas n'a pas commenté l'incident et il était impossible de confirmer les rapports israéliens.

Heller a déclaré que les anciens correspondants israéliens, qui ont des liens étroits avec l'armée et dans de nombreux cas ont aussi participé eux même, savaient qu'il n'y avait aucun moyen qu'Israël envoie des troupes à travers les lignes ennemies à ce stade. Heller et d'autres correspondants militaires ont même publié des déclarations sur Twitter assurant au public nerveux qu'il n'y avait pas d'opération au sol.

Sur la base de son analyse de la déclaration de l’armée, des appels téléphoniques aux responsables militaires et des reportages sur le terrain à Gaza, l’Associated Press, a conclu qu’il n’y avait pas eu d’incursion terrestre et n’a pas du tout signalé qu’il y en avait eu une.

Mais d'autres agences de presse ont déclaré que l'armée les avait induits en erreur ou même leur avait menti lorsqu'on leur avait demandé de clarifier, faisant des médias étrangers des complices.

Felicia Schwartz, correspondante du Wall Street Journal, a signalé qu'elle avait diffusé la nouvelle d'une offensive au sol après avoir reçu une confirmation explicite du lieutenant-colonel Jonathan Conricus, un porte-parole militaire de l’armée israélienne.

Dans un communiqué publié sur Twitter, Schwartz a affirmé que Conricus «m'a dit directement: «Il y a des troupes au sol à Gaza». Cela était la base d'une première histoire. Conricus a rétracté cette déclaration deux heures plus tard et j'ai changé l'histoire pour refléter la vérité, et ceci est noté dans le texte et sera corrigé».

S'adressant aux journalistes vendredi matin, Conricus a rejeté la faute sur une «mauvaise communication interne».

«Ces choses peuvent parfois se produire au milieu d'une opération complexe avec de nombreuses pièces mobiles et avec une image floue de ce qui se passait sur le terrain», a-t-il déclaré. «Dès que j'ai compris que j'avais de mauvaises informations, j'ai mis au point les personnes concernées avec une clarification».

Les militaires du monde entier ont longtemps utilisé la tromperie et la ruse contre leurs ennemis. Il y a deux ans, l'armée israélienne aurait simulé les blessures de soldats sur les lieux d'une frappe de missile du Hezbollah, allant jusqu'à les évacuer vers un hôpital en hélicoptère.

Selon les rapports de l'époque, l'armée avait simulé les blessures pour faire croire au Hezbollah qu'il avait infligé des pertes et accepterait ainsi un cessez-le-feu.

La déclaration trompeuse de vendredi a encore mis à rude épreuve ce qui a souvent été une relation difficile entre les Forces de défense israéliennes et les médias étrangers.

Peter Lerner, un ancien porte-parole militaire auprès des médias étrangers, a développé cela en confiant que le public israélien en général avait depuis longtemps le sentiment que les médias internationaux se concentrent trop sur le côté palestinien de l'histoire tout en minimisant les préoccupations et les souffrances israéliennes, et l'armée israélienne a également rendu la pareille.

Lerner a en outre déclaré qu'il pensait qu'il était peu probable que l'armée ait menti de manière délibérée, mais que des dommages ont été causés malgré tout

«Votre devise est sans aucun doute la crédibilité», a-t-il soutenu. «Je crois que cela est une crise de crédibilité dans la manière dont elle est représentée».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.