Au Liban, la crise oblige aussi à se séparer de son animal domestique

Le fondateur de l'abri Woof N 'wags Joe Okdjian joue avec un chien aveugle sauvé dans l'abri à la périphérie du village de Kfar Chellal au sud de Beyrouth / AFP
Le fondateur de l'abri Woof N 'wags Joe Okdjian joue avec un chien aveugle sauvé dans l'abri à la périphérie du village de Kfar Chellal au sud de Beyrouth / AFP
Short Url
Publié le Vendredi 14 mai 2021

Au Liban, la crise oblige aussi à se séparer de son animal domestique

  • Depuis l'automne 2019, des dizaines de milliers de Libanais ont perdu leur emploi
  • Dans un pays où plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté, de nombreux ménages comptent désormais sur le soutien des ONG

BEYROUTH : Sa chienne avait deux mois quand Ibrahim al-Dika l'a adoptée. Sans emploi dans un Liban en plein effondrement, c'est le coeur brisé qu'un an plus tard il a dû vendre Lexi pour rembourser un prêt bancaire.

"J'en suis arrivé à ne plus pouvoir lui acheter à manger. Et puis la banque faisait pression, j'étais dos au mur", justifie cet ancien salarié dans le prêt-à-porter, contemplant la niche vide de son chien de berger.

"J'ai vendu une partie de moi. C'est une âme, ce n'est pas une voiture ou un téléphone", regrette cet habitant de Beyrouth de 26 ans, peinant à retenir ses larmes.

Dans un Liban en crise, a-t-on encore les moyens de garder son animal domestique? Selon des associations, de plus en plus de familles sont confrontées à cette question alors qu'elles sont frappées de plein fouet par l'inflation.

Depuis l'automne 2019, des dizaines de milliers de Libanais ont perdu leur emploi. Les autres bataillent avec une dépréciation historique de la livre libanaise, ayant entraîné une forte érosion du pouvoir d'achat.

Il a été licencié, peu après le décès de son père, quand le magasin de vêtements qui l'employait a fermé en 2020. Depuis, il peine à subvenir aux besoins de sa mère et de son frère.

Ibrahim a donc vendu Lexi début mai à un couple, après une année à l'avoir promenée, à lui avoir appris à s'asseoir et à donner la patte.

Peu après leur séparation, quand il est allé lui rendre visite, la chienne a cru qu'elle allait repartir avec lui.

"Elle a bondi direct dans ma voiture", se souvient le jeune homme. "La manière dont elle m'a regardé, ça m'a brisé le coeur".

« Priorité aux enfants »

Dans un pays où plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté, de nombreux ménages comptent désormais sur le soutien des ONG.

Les familles qui possèdent un animal domestique ne font pas exception.

Plusieurs personnes interrogées par l'AFP ont affirmé que le coût des croquettes importées avait quintuplé, le prix d'un sac d'une marque haut de gamme dépassant même parfois le salaire minimum de 675.000 livres (environ 380 euros au taux officiel).

A 39 ans, Amal Ramadan avait l'habitude de faire des dons à une association venant en aide aux animaux. Désormais c'est elle qui reçoit gratuitement des croquettes pour Fluffy et Nelly, bichon de cinq ans et pitbull de six ans.

"Mes revenus ne suffisent pas pour nourrir mes chiens", confie cette veuve, mère de deux enfants.

Pour subvenir aux besoins de sa famille, elle cumule les petits boulots car son salaire dans une agence de location de voitures s'est effondré: il équivaut aujourd'hui à 120 dollars contre 1.000 auparavant.

Amal se dit déterminée à ne pas abandonner ses compagnons mais ce n'est pas possible pour tout le monde.

Les abandons sont en hausse, déplore Ghada al-Khatib, bénévole dans un chenil du sud du Liban.

"Les gens n'ont plus les moyens de nourrir leurs chiens", explique cette coiffeuse de 32 ans qui surveille une chienne respirant avec difficulté après avoir été découverte dans un dépotoir.

"Quand quelqu'un nous en apporte un, il nous dit, +la priorité ce sont les enfants+", rapporte-t-elle.

« Un jour ou deux sans manger »

Le propriétaire du chenil Joe Okdjian décrit une situation catastrophique. Lui-même ne sait plus où trouver l'argent pour nourrir les 90 animaux qu'il héberge.

"Parfois ils passent un jour ou deux sans manger", reconnaît avec tristesse l'homme de 28 ans, dont le refuge fonctionne grâce aux dons.

Souraya Mouawad, fondatrice de l'organisation Animals Pride and Freedom, reçoit chaque semaine deux ou trois appels téléphoniques de personnes cherchant une nouvelle maison pour leur animal.

Certaines émigrent pour fuir la crise, d'autres déménagent dans un appartement plus petit. D'autres encore avancent "des raisons personnelles", indique-t-elle.

Mais les petites victoires ne manquent pas. Comme d'autres associations, Animals Lebanon envoie des animaux domestiques à l'étranger où ils rejoindront un nouveau maître.

Dans le refuge de cette organisation à Beyrouth, deux chats sont allongés sur un coussin. Percuté par une voiture, Hips a l'arrière-train paralysé. Edouard a été abandonné en novembre. Mais ils vont bientôt prendre l'avion pour l'Amérique.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".