Des ONG veulent une répartition plus juste de l'effort contre le changement climatique

Même si les pays développés arrêtaient de polluer du jour au lendemain, les émissions émises par le passé sont toujours dans l'atmosphère et influent sur le climat actuel (Photo, AFP).
Même si les pays développés arrêtaient de polluer du jour au lendemain, les émissions émises par le passé sont toujours dans l'atmosphère et influent sur le climat actuel (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 11 mai 2021

Des ONG veulent une répartition plus juste de l'effort contre le changement climatique

  • Des ONG souhaitent que l'historique des émissions de gaz à effet de serre soit prise en compte et que les pays riches aident les plus démunis
  • Selon leurs calculs d’une coalition d’associations écologistes, les Etats-Unis ne devraient pas réduire leurs émissions de 50% d'ici 2030, mais de 195% comparé aux niveaux de 2005.

PARIS: À l'heure où les Etats-Unis ou l'Allemagne s'engagent aller plus vite dans la lutte contre le changement climatique, des ONG souhaitent que l'historique des émissions de gaz à effet de serre soit prise en compte et que les pays riches aident les plus démunis.

Lors d'un sommet virtuel en avril, le président américain Joe Biden s'est engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre de la première économie mondiale de 50% à 52% d'ici 2030 par rapport à 2005, entraînant le Japon et le Canada dans son sillage.

Sous la pression des juges, l'Allemagne a décidé mercredi de réduire de 65% ses émissions d'ici 2030 par rapport à 1990, contre 55% visé auparavant.

Dans le cadre de l'Accord de Paris de 2015, les Etats se sont engagés à limiter le réchauffement climatique bien en-dessous de 2°C comparé aux niveaux pré-industriels, voire à 1,5°C. Les Etats doivent présenter des contributions déterminées au niveau national (NDC), mises à jour tous les cinq ans, qui indiquent leur trajectoire.

Ce qui en revanche n'a pas été fixé à Paris est « comment les engagements individuels sont comparés les uns aux autres », explique Brandon Wu, d'ActionAid USA. « Il est important que ces engagements cumulés conduisent à l'objectif de 1,5°C, mais aussi qu'ils soient justes les uns par rapport aux autres », poursuit-il.

Le concept, qui monte en puissance depuis plusieurs années au sein de groupes de défense de l'environnement et des droits humains, est simple : il s'agit de prendre en compte les émissions de gaz à effet de serre cumulés des pays dans la durée et la capacité d'un pays, notamment sa richesse, à aider les autres à réduire leurs propres émissions.

« Cela peut paraître complexe, mais c'est juste une question d'éthique. Qui a causé cette pagaille ? Vous devez remettre les choses en ordre », illustre Brandon Wu.

« Question politique et éthique »

Une coalition de 175 associations écologistes ont lancé le « US Climate Fair Share ». Selon leurs calculs, les Etats-Unis ne devraient pas réduire leurs émissions de 50% d'ici 2030, mais de 195% comparé aux niveaux de 2005.

« Nous n’appelions pas à des émissions négatives ou autre chose de ce genre. Nous demandons un financement international pour aider à réduire les émissions ailleurs », explique Brandon Wu.

La façon dont la réduction des émissions de gaz à effet de serre est répartie est « une question politique et éthique. En tant que citoyen engagé, et pas uniquement comme scientifique, je pense que les pays comme les Etats-Unis, avec un héritage de deux siècles de pollution au CO2, ont un devoir spécial et doivent prendre la tête » du mouvement, complète le climatologue américain Michael Mann.

Les Etats-Unis sont de loin le plus gros émetteur dans le temps, avec 28% des émissions depuis 1850. La Russie représente 8%, l'Allemagne 7% et la Grande-Bretagne 6%, selon le World Resources Institute.

Même si ces pays arrêtaient de polluer du jour au lendemain, les émissions émises par le passé sont toujours dans l'atmosphère et influent sur le climat actuel.

La coalition US Climate Fair share a ainsi calculé que les Etats-Unis, première puissance économique mondiale devrait mettre sur la table au moins 800 milliards de dollars sur la décennie pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Les Etats-Unis pourraient ainsi prendre la tête de la lutte contre le changement climatique. « Comme nous sommes dans un système international basé sur le volontariat, si les pays n'en voient pas d'autres peser de tout leur poids dans la balance, ils n'ont pas d'incitation pour y aller », estime Brandon Wu. 

Un tel investissement américain « aurait un réel impact et enverrait un signal à l'international », juge Brandon Wu, qui signale que le budget annuel américain est de 750 milliards de dollars pour l'année fiscale prochaine.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.