L'Europe déconfine et laisse planer le doute sur le vaccin AstraZeneca

Vue générale de l'opéra Scala le 07 mai 2021 avant une répétition à Milan. La Scala rouvrira le 10 mai 2021 à un public limité de 500 personnes qui pourront assister à trois concerts en mai. (Photo, AFP)
Vue générale de l'opéra Scala le 07 mai 2021 avant une répétition à Milan. La Scala rouvrira le 10 mai 2021 à un public limité de 500 personnes qui pourront assister à trois concerts en mai. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 10 mai 2021

L'Europe déconfine et laisse planer le doute sur le vaccin AstraZeneca

  • «Mais pour répondre aux variants, on voit que d'autres vaccins sont aujourd'hui plus efficaces»
  • Un vent de liberté s'est ainsi levé dimanche avec la fin de l'état d'urgence sanitaire en Espagne

MADRID: L'Europe, Espagne en tête, poursuit son retour progressif à une «vie normale», et laisse planer le doute sur sa stratégie en matière de vaccins après avoir annoncé ne pas renouveler ses commandes d'AstraZeneca.

L'Union européenne n'a pas renouvelé pour l'instant son contrat de fourniture de vaccins Covid-19 avec AstraZeneca pour après le mois de juin, a indiqué dimanche le commissaire européen Thierry Breton.

Pour autant, ce responsable européen a laissé planer le doute quant à savoir si cette décision signifiait une fin de non recevoir définitive pour le vaccin AstraZeneca. «Ce n'est pas encore fait, attendez», a-t-il dit. «On a commencé» les renouvellements de contrat avec Pfizer/BioNTech mais «on en aura d'autres», a-t-il ajouté.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé samedi un nouveau contrat pour acheter jusqu'à 1,8 milliard de doses de vaccins contre la Covid à BioNTech-Pfizer. «D'autres contrats et d'autres technologies de vaccins suivront», a-t-elle ajouté.

Le contrat avec les laboratoires allemand et américain, alliés dans la production de vaccins anti-Covid, prévoient des livraisons dès cette année et jusqu'en 2023.

Interrogé par la presse sur l'avenir du contrat européen avec AstraZeneca, le président français Emmanuel Macron a lui aussi maintenu l'incertitude.

Le vaccin d'AstraZeneca «nous aidera à la sortie de crise», a-t-il relevé, de Strasbourg où il donnait le coup d'envoi de la Conférence sur l'avenir de l'Europe.

«Mais pour répondre aux variants, on voit que d'autres vaccins sont aujourd'hui plus efficaces», a-t-il poursuivi, en soulignant le «pragmatisme» dont l'UE avait toujours fait preuve sur la question des vaccins.

L'Agence européenne des médicaments se rend de son côté lundi en Russie pour inspecter les sites de production du vaccin Spoutnik V, toujours pas autorisé dans l'UE, même si la Hongrie a commencé à l'utiliser.

Vent de liberté

Les campagnes de vaccination s'intensifiant, plusieurs pays européens ont commencé ce week-end à lever certaines des restrictions imposées depuis des mois dans l'espoir de contenir les contaminations.

Un vent de liberté s'est ainsi levé dimanche avec la fin de l'état d'urgence sanitaire en Espagne, où les habitants ont pu enfin sortir de leur région ou se rassembler dans la rue le soir.

Dans plusieurs villes du pays, cris, applaudissements et musique ont marqué, à 00H00 la fin de ce régime d'exception imposé depuis octobre et la levée dans la plupart des régions du couvre-feu.

«On dirait le Nouvel An», disait Oriol Corbella, 28 ans, sorti dans les rues de Barcelone (nord-est) comme des centaines de jeunes. «On retrouve un peu de normalité, de la liberté, mais il faut garder à l'esprit que le virus est encore présent», ajoutait-il.

En Grande-Bretagne, Le Premier ministre britannique Boris Johnson va confirmer lundi l'assouplissement de restrictions liées à la pandémie causée par le coronavirus, s'appuyant sur l'amélioration de la situation sanitaire, ont annoncé ses services dimanche.

En Allemagne, les plus de 7 millions de personnes vaccinées en Allemagne bénéficient désormais d'assouplissements des strictes règles sanitaires.

Cet assouplissement va leur permettre de se réunir à plusieurs ou d'entrer dans n'importe quel magasin sans avoir à présenter de test négatif, comme c'est actuellement le cas pour le reste de la population, à l'exception des commerces dits «essentiels» comme les supermarchés ou les pharmacies.

La Scala ouverte au public

Et dans certaines villes de Bavière, dans le sud de l'Allemagne, les terrasses des bars et restaurants rouvrent lundi. A Milan, dans le nord de l'Italie, c'est le célèbre théâtre de la Scala qui rouvre ses portes lundi au public.

Et l'île méditerranéenne de Chypre rouvre ses frontières lundi aux touristes vaccinés en provenance de 65 pays.

Ailleurs dans le monde, la situation restait tendue en Inde. Pour la première fois samedi, ce pays de 1,3 milliard d'habitants a enregistré la mort de plus de 4 000 personnes due à la  Covid-19 en 24 heures et plus de 400 000 nouvelles contaminations. Mais les experts estiment que les chiffres officiels sont largement sous-évalués.

Le variant du coronavirus découvert dans ce pays est plus contagieux et présente des caractéristiques qui pourraient rendre les vaccins moins efficaces, contribuant à l'accélération de l'épidémie en Inde, a averti de son côté samedi la scientifique en chef de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) Soumya Swaminathan.

Pour le moment, il est très difficile de lutter contre le virus «car l'épidémie concerne des milliers de personnes et il se multiplie à une vitesse qu'il est très difficile d'enrayer», a encore dit Mme Swaminathan, avertissant que la vaccination seule ne serait pas suffisante pour reprendre le contrôle de la situation.

L'Inde, qui est le plus grand producteur mondial de vaccins, n'a jusqu'à présent administré deux doses qu'à 2% de sa population.

Aux Etats-Unis, le Covid-19, qui a officiellement fait 581 751 morts depuis début 2020, a sans «aucun doute» tué beaucoup plus de monde dans le pays le plus endeuillé au monde par la pandémie, a estimé dimanche le conseiller médical de la Maison Blanche Anthony Fauci.

Et en Tunisie, Un nouveau confinement d'une semaine, englobant la fête musulmane célébrant la fin du ramadan, a commencé dimanche, au moment où les hôpitaux ont du mal à gérer l'augmentation des cas de coronavirus. Les autorités tunisiennes ont averti vendredi que le système de santé menaçait de «s'écrouler» en raison de l'afflux grandissant de malades dans les hôpitaux.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.