Vent de liberté en Espagne avec la levée partielle des restrictions

Vent de liberté pour les Espagnols, la levée de l'état d'urgence à 00H00 est en revanche un véritable casse-tête pour les régions, compétentes en matière de gestion de la crise sanitaire. (Photo, AFP)
Vent de liberté pour les Espagnols, la levée de l'état d'urgence à 00H00 est en revanche un véritable casse-tête pour les régions, compétentes en matière de gestion de la crise sanitaire. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 09 mai 2021

Vent de liberté en Espagne avec la levée partielle des restrictions

  • «On dirait le Nouvel An», disait Oriol Corbella, 28 ans, sorti dans les rues de Barcelone (nord-est) comme des centaines de jeunes
  • A part à Noël où les restrictions avaient été assouplies durant quelques jours, les Espagnols n'ont pas pu quitter leur région depuis le début de l'état d'urgence fin octobre

MADRID: Un vent de liberté s'est levé dimanche avec la fin de l'état d'urgence sanitaire en Espagne, où les habitants ont pu enfin sortir de leur région ou se rassembler dans la rue le soir. 

Dans plusieurs villes du pays, cris, applaudissements et musique ont marqué, à 00H00 la fin de ce régime d'exception imposé depuis octobre et la levée dans la plupart des régions du couvre-feu. Des images de rassemblements sans distanciation sociale qui ont suscité la polémique.  

« On dirait le Nouvel An », disait Oriol Corbella, 28 ans, sorti dans les rues de Barcelone (nord-est) comme des centaines de jeunes.  « On retrouve un peu de normalité, de la liberté, mais il faut garder à l'esprit que le virus est encore présent », ajoutait-il. 

A Madrid, la police municipale a réalisé « plus de 450 opérations » dans la nuit de samedi à dimanche pour non-respect des mesures sanitaires, a déploré le maire de la capitale José Luis Almeida. 

Outre la fête, l'heure était aussi aux retrouvailles pour de nombreux Espagnols, qui n'avaient pas pu voir leurs proches depuis des mois. 

Dans la capitale, Laura avait les larmes aux yeux à la gare d'Atocha en attendant des membres de sa famille venus de Castille-la-Manche (centre). « Ça fait huit mois qu'on ne les a pas vus, c'est beaucoup d'émotion », a expliqué cette femme de 45 ans. 

A part à Noël où les restrictions avaient été assouplies durant quelques jours, les Espagnols n'ont pas pu quitter leur région depuis le début de l'état d'urgence fin octobre. 

Casse-tête juridique 

Vent de liberté pour les Espagnols, la levée de l'état d'urgence est en revanche un véritable casse-tête pour les régions, compétentes en matière de gestion de la crise sanitaire. 

Car, grâce à l'état d'urgence, elles avaient pu imposer depuis octobre des couvre-feux et bloquer l'entrée ou la sortie de leur territoire sans avoir besoin de l'autorisation de la justice. 

Si elle est synonyme de levée du couvre-feu et d'ouverture des régions, la fin de l'état d'urgence ne signifie toutefois pas la fin des restrictions dans l'un des pays les plus touchés en Europe par la pandémie avec près de 79 000 morts et 3,5 millions de cas. 

Les 17 communautés autonomes peuvent, par exemple, toujours limiter les horaires ou la capacité d'accueil des bars, des restaurants ou des commerces. 

Elles peuvent aussi demander le rétablissement d'un couvre-feu ou le bouclage de leur territoire mais ont désormais besoin pour cela de l'aval d'un tribunal.  

Et c'est là que commence le casse-tête. 

Si l'archipel touristique des Baléares a par exemple obtenu le feu vert pour conserver un couvre-feu, le Pays basque (nord) a vu sa demande rejetée par la justice. 

Au début de l'automne, lorsque le régime d'exception n'était pas encore en place, des tribunaux avaient invalidé des mesures anti-Covid prises par des régions, créant la confusion et amenant le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez à décréter l'état d'urgence. 

Plusieurs régions avaient mis la pression ces dernières semaines sur l'exécutif pour qu'il prolonge l'état d'urgence mais celui-ci a refusé, arguant qu'il ne pouvait faire durer indéfiniment un régime d'exception.  

Il mettait en avant l'amélioration de la situation sanitaire et l'avancée du programme de vaccination. 

Polémique et mise en garde 

Les images de fêtes de rues improvisées ont été abondements commentés dans les médias et sur les réseaux sociaux, et vivement critiquées par l'opposition de droite. 

« Nous passons de l'état d'urgence au chaos », a fustigé le chef du Parti Populaire (droite), Pablo Casado. 

Alors que la météo est clémente, les autorités ont mis en garde la population, fatiguée par plus d'un an de restrictions, contre le risque d'un relâchement excessif.   

Il faut éviter d'avoir « une fausse perception (...) Cela ne veut pas dire la fin des mesures de contrôle » de l'épidémie, a insisté jeudi l'épidémiologiste en chef du ministère de la Santé, Fernando Simon. 

« Les gens doivent comprendre qu'ils doivent continuer à appliquer les mesures qui dépendent de chacun d'entre nous », a-t-il ajouté car « on ne peut rien exclure en termes d'évolution de la pandémie ». 


TikTok attaque le gouvernement américain et la loi qui pourrait l'interdire

Biden pourrait prolonger de trois mois la date limite du 19 janvier s’il détermine que ByteDance fait des progrès (Photo, AFP).
Biden pourrait prolonger de trois mois la date limite du 19 janvier s’il détermine que ByteDance fait des progrès (Photo, AFP).
Short Url
  • Le réseau social et de nombreuses personnalités et ONG considèrent que cette loi viole la liberté d'expression de ses utilisateurs
  • Les promoteurs de ce texte font valoir des soupçons de manipulation et d'espionnage des utilisateurs américains par les autorités chinoises

SAN FRANCISCO: TikTok et sa maison mère chinoise ByteDance ont porté plainte mardi contre les États-Unis, estimant que la loi qui pose un ultimatum à la populaire plateforme de vidéos, et risque de la bannir du pays l'année prochaine, est "inconstitutionnelle".

Washington a adopté fin avril un texte qui oblige ByteDance à vendre TikTok dans un délai de douze mois, faute de quoi l'application utilisée par 170 millions d'Américains serait interdite.

Le réseau social et de nombreuses personnalités et ONG considèrent que cette loi viole la liberté d'expression de ses utilisateurs, garantie par le premier amendement de la Constitution américaine.

"Pour la première fois dans l'histoire, le Congrès a adopté une loi qui bannit une plateforme d'expression, et elle seule, de façon permanente à l'échelle nationale, et qui interdit à chaque Américain de participer à une communauté en ligne unique comptant plus d'un milliard de personnes dans le monde", déclarent les avocats de l'entreprise dans la plainte déposée devant un tribunal fédéral de Washington.

Après le vote par les élus et la promulgation par la Maison-Blanche, TikTok avait prévenu qu'elle utiliserait toutes les voies légales possibles contre la loi baptisée "Protecting Americans From Foreign Adversary Controlled Applications Act" ("protéger les Américains d'applications contrôlées par des adversaires étrangers").

Les promoteurs de ce texte font valoir des soupçons de manipulation et d'espionnage des utilisateurs américains par les autorités chinoises via TikTok.

«Pas de choix»

Selon la loi, la plateforme dispose de 270 jours pour trouver de nouveaux investisseurs non chinois, faute de quoi elle sera interdite aux États-Unis. La Maison-Blanche peut accorder un délai supplémentaire de 90 jours.

"Ils prétendent que la loi n'est pas une interdiction parce qu'elle offre à ByteDance un choix (...) Mais en réalité, il n'y a pas de choix", assènent les avocats.

Ils expliquent dans la plainte que la cession exigée "n'est tout simplement pas possible, ni sur le plan commercial, ni sur le plan technologique, ni sur le plan juridique. Et certainement pas dans le délai requis par la loi".

Comme de nombreuses associations de défense des libertés, ils font aussi valoir les risques potentiels pour d'autres plateformes.

"Si le Congrès peut faire cela, il peut contourner le premier amendement en invoquant la sécurité nationale et en ordonnant à l'éditeur d'un journal ou d'un site web de vendre pour éviter d'être fermé", argumentent-ils.

La bataille judiciaire pourrait monter jusqu'à la Cour suprême.

En 2020, TikTok avait réussi à bloquer un décret similaire de l'ancien président Donald Trump. Elle avait alors déposé un recours et un juge avait suspendu provisoirement le décret, estimant que les raisons invoquées pour l'interdiction étaient exagérées et la liberté d'expression menacée.

 

- Loi "inédite" -

 

La nouvelle loi vise à contourner les difficultés rencontrées précédemment, y compris dans des États qui ont essayé de bannir l'application.

Des experts estiment que la Cour suprême pourrait être sensible aux arguments de sécurité nationale avancés par les élus, sans certitude.

"TikTok a eu gain de cause dans ses précédentes contestations du premier amendement", a commenté Gautam Hans, professeur de droit de Cornell University, mais le fait que cette loi soit soutenue par les démocrates comme les républicains "pourrait inciter les juges à s'en remettre à une décision du Congrès selon laquelle l'entreprise pose un risque pour la sécurité nationale."

"En l'absence d'un débat public sur la nature exacte de ces risques, il est toutefois difficile de déterminer pourquoi les tribunaux devraient valider une loi aussi inédite", a-t-il ajouté.

Un argument que la plateforme met largement en avant, assurant que "la loi n'articule aucune menace posée par TikTok".

"Même les déclarations des membres du Congrès et le rapport d'une commission parlementaire se contentent d'indiquer qu'ils s'inquiètent de la possibilité +hypothétique+ que TikTok puisse être utilisé à mauvais escient à l'avenir, sans citer de preuves spécifiques", détaillent les avocats.

"Ces préoccupations spéculatives sont loin d'être à la hauteur de ce qui est requis lorsque les droits du premier amendement sont en jeu", continuent-ils.


Astrazeneca retire son vaccin contre le Covid face au «déclin de la demande»

Un agent de santé syrien prépare une dose du vaccin Vaxzevria AstraZeneca contre le coronavirus, avant de vacciner un patient dans la capitale Damas, le 9 septembre 2021 (Photo, AFP).
Un agent de santé syrien prépare une dose du vaccin Vaxzevria AstraZeneca contre le coronavirus, avant de vacciner un patient dans la capitale Damas, le 9 septembre 2021 (Photo, AFP).
Short Url
  • Si le bénéfice d'Astrazeneca a bondi de 21% sur un an au premier trimestre, le groupe fait état depuis des mois d'une baisse constante des ventes des médicaments liés au covid
  • L'autorité européenne du médicament, l'EMA, a écrit mardi sur son site que l'autorisation de vente du Vaxzevria avait été retirée

LONDRES: Le géant pharmaceutique britannique Astrazeneca a annoncé mercredi qu'il retirait de la vente son vaccin contre le Covid-19 Vaxzevria, l'un des premiers mis sur le marché pendant la pandémie, citant une chute de la demande.

Le groupe fait état d'un "surplus de vaccins mis à jour" face aux différents variants du virus, et un "déclin de la demande pour le Vaxzevria, qui n'est plus fabriqué ou distribué", dans un communiqué.

"AstraZeneca a par conséquent pris la décision d'initier le retrait de l'autorisation de marketing du Vaxzevria en Europe", selon ce communiqué reçu mercredi par l'AFP.

L'autorité européenne du médicament, l'EMA, a écrit mardi sur son site que l'autorisation de vente du Vaxzevria avait été retirée "à la demande du détenteur de l'autorisation de marketing", à savoir le laboratoire pharmaceutique.

Le groupe va aussi "travailler avec les autres régulateurs dans le monde pour initier des retraits d'autorisations de marketing pour le Vaxzevria là où il n'y a pas de future demande attendue pour le vaccin".

Dans son communiqué, Astrazeneca dit vouloir "conclure ce chapitre".

Une source proche d'Astrazeneca a souligné auprès de l'AFP qu'il n'y avait "plus eu de ventes depuis un certain temps".

"Nous sommes incroyablement fiers du rôle que le Vaxzevria a joué pour mettre fin à la pandémie", ajoute le communiqué qui affirme que "selon des estimations indépendantes, plus de 6,5 millions de vies ont été sauvées lors de la seule première année d'utilisation" du sérum, "et plus de trois milliards de doses ont été distribuées dans le monde".

Revers 

Si le bénéfice d'Astrazeneca a bondi de 21% sur un an au premier trimestre, tiré particulièrement par les ventes d'oncologie, le groupe fait état depuis des mois d'une baisse constante des ventes des médicaments liés au covid - tout comme son rival GSK, qui avait été largement distancé dans la course à la mise au point d'un vaccin.

Ce vaccin, l'un des tout premiers sur le marché alors même que les sérums n'étaient pas la spécialité d'Astrazeneca, avait subi plusieurs revers, notamment un feu vert de commercialisation qui n'est jamais arrivé aux Etats-Unis.

Il a aussi connu des problèmes de livraison en Europe, combinés à des soupçons de risques de thrombose accrus à la suite de plusieurs décès.

Astrazeneca dit avoir mis à jour en avril 2021, avec l'accord du régulateur britannique MHRA, les informations sur le Vaxzevria pour inclure la possibilité qu'il déclenche dans de rares cas des thromboses.

Le Royaume-Uni, qui avait d'abord misé sur le Vaxzevria au début de sa campagne de vaccination anti-covid, l'avait ensuite remplacé par des sérums concurrents.

Le groupe rappelle régulièrement que les régulateurs et différents Etats qui ont autorisé le vaccin ont estimé que "les bénéfices de la vaccination éclipsent largement les risques d'effets secondaires extrêmement rares".


Assassinat d'un leader sikh au Canada: la police arrête trois suspects indiens

Karan Brar, l'une des trois personnes accusées de meurtre au premier degré et de complot en vue de commettre un meurtre en lien avec le meurtre au Canada du chef séparatiste sikh Hardeep Singh Nijjar en 2023, apparaît par liaison vidéo alors que des membres de la communauté sikh se présentent à la salle provinciale de Surrey. Tribunal de Surrey, Colombie-Britannique, Canada, le 7 mai 2024, dans un croquis de la salle d'audience (Photo, Reuters).
Karan Brar, l'une des trois personnes accusées de meurtre au premier degré et de complot en vue de commettre un meurtre en lien avec le meurtre au Canada du chef séparatiste sikh Hardeep Singh Nijjar en 2023, apparaît par liaison vidéo alors que des membres de la communauté sikh se présentent à la salle provinciale de Surrey. Tribunal de Surrey, Colombie-Britannique, Canada, le 7 mai 2024, dans un croquis de la salle d'audience (Photo, Reuters).
Short Url
  • Militant pour la création d'un Etat sikh connu sous le nom de Khalistan, Hardeep Singh Nijjar, arrivé au Canada en 1997 et devenu citoyen canadien en 2015
  • Le Canada est le pays qui compte le plus grand nombre de sikhs en dehors de leur Etat d'origine, le Pendjab, en Inde

VANCOUVER: La police canadienne a annoncé vendredi l'arrestation de trois hommes soupçonnés d'avoir appartenu à une équipe ayant assassiné le leader sikh Hardeep Singh Nijjar dans l'ouest du pays il y a presque un an.

Cette affaire a plongé le Canada et l'Inde dans une grave crise diplomatique à l'automne dernier après que le Premier ministre canadien Justin Trudeau a évoqué une implication du gouvernement indien dans la mort de ce leader séparatiste en juin 2023.

Trois ressortissants indiens, deux âgés de 22 ans et un de 28 ans, ont été arrêtés vendredi matin et inculpés de meurtre avec préméditation et de conspiration en lien avec la mort de la victime.

Ils ont été interpellés par la police à Edmonton, dans la province de l'Alberta (ouest), où ils résident. Ils sont derrière les barreaux en attendant la suite de la procédure.

Tous se trouvent au Canada depuis trois à cinq ans, a précisé la police durant une conférence de presse.

Les trois suspects auraient joué différents rôles - tireur, chauffeur et guetteur - le 18 juin 2023, le jour où le leader sikh a été abattu sur le parking du temple qu'il dirigeait à Surrey, en banlieue de Vancouver (ouest).

Militant pour la création d'un Etat sikh connu sous le nom de Khalistan, Hardeep Singh Nijjar, arrivé au Canada en 1997 et devenu citoyen canadien en 2015, était recherché par les autorités indiennes pour des faits présumés de terrorisme et de conspiration en vue de commettre un meurtre.

Des accusations que l'homme de 45 ans niait, selon l'Organisation mondiale des Sikhs du Canada, regroupement à but non lucratif qui vise à défendre les intérêts des sikhs canadiens.

D'autres suspects possibles 

La police fédérale a précisé que les arrestations menées vendredi ne mettent pas un terme à l'enquête, ouverte il y a 10 mois.

"Cette enquête ne s'arrête pas là. Nous savons que d'autres personnes ont pu jouer un rôle dans cet homicide et nous sommes déterminés à les retrouver et à les arrêter", a déclaré Mandeep Mooker, officier responsable de l'équipe d'enquête sur les homicides à la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Il a également affirmé que la police tentait de déterminer "s'il y a des liens à établir avec le gouvernement indien".

Ces arrestations "constituent une avancée importante dans les efforts déployés par la GRC pour que les responsables du meurtre de M. Nijjar répondent de leurs actes", a estimé Dominic LeBlanc, ministre de la Sécurité publique et des Institutions démocratiques.

"C'est un peu un soulagement de savoir que l'enquête progresse", a pour sa part réagi auprès de l'AFP Moninder Singh, ami proche de Hardeep Singh Nijjar et porte-parole du Conseil des Gurdwaras de la Colombie-Britannique, une organisation représentative des sikhs de cette province.

"C'est l'Inde en fin de compte qui est responsable et qui embauche des gens pour assassiner des dirigeants sikhs dans des pays étrangers", a-t-il affirmé, exhortant Ottawa à "exiger des comptes" du gouvernement indien.

En septembre, le Premier ministre Justin Trudeau avait publiquement incriminé les services de renseignements indiens dans cette affaire. New Delhi avait aussitôt qualifié ces accusation d'"absurdes".