MADRID: Le parti d'extrême droite Vox a provoqué un tollé en Espagne en placardant une affiche électorale à Madrid sur laquelle il affirme à tort que les mineurs étrangers non accompagnés perçoivent une somme mensuelle plus de dix fois supérieure à la pension d'une retraitée.
Cette affiche a été collée par la formation ultranationaliste sur les murs d'une station de trains de banlieue de l'hypercentre de la capitale espagnole dans le cadre de la campagne pour les élections régionales du 4 mai.
Elle montre d'un côté une femme âgée aux cheveux blancs et à l'expression triste et de l'autre un jeune homme provocateur, une capuche sur la tête, la bouche recouverte d'un foulard et les yeux pixelisés.
Au milieu, on peut lire le message "Un MENA (mineur étranger non accompagné), 4 700 euros par mois, ta grand-mère, 426 euros de pension/mois".
Troisième force politique du pays depuis les législatives de 2019, Vox a fait de ses attaques contre les mineurs migrants non accompagnés, régulièrement accusés de vols ou d'agressions par les dirigeants du parti, l'un de ses principaux thèmes de campagne.
Le parquet de Madrid a ouvert mercredi une enquête pour incitation à la haine à la suite du dépôt de plusieurs plaintes, dont une par le gouvernement de gauche de Pedro Sánchez.
C'est "une attaque contre les enfants les plus vulnérables de notre pays", a fustigé la ministre des Droits sociaux, Ione Belarra.
L'affiche a également été dénoncée par les ONG Caritas, Unicef et Save the Children, qui ont condamné, dans un communiqué commun, une "instrumentalisation" politique.
Face à cette controverse, les partis de gauche ont mis la pression sur la présidente conservatrice de la région et candidate à sa réélection, Isabel Diaz Ayuso, afin qu'elle rejette toute alliance avec Vox après le scrutin au cas où elle aurait besoin du soutien de cette formation pour être reconduite.
Mme Ayuso, qui dirige la région depuis 2019 grâce aux voix de Vox et qui n'a pas exclu une nouvelle entente, a jugé mercredi que ce qu'affirmait le parti sur cette affiche n'était pas "vrai" et était "hors de propos".
Contactées par l'AFP, les autorités régionales ont nié catégoriquement que les mineurs non accompagnés puissent percevoir une telle somme.