Des «journalistes citoyens» syriens lancent le premier média crée par des réfugiés en Espagne

Le journaliste syrien Muhammad Subat, la journaliste espagnole Andrea Olea, le journaliste syrien Moussa al-Jamaat, le journaliste syrien Okba Mohamed et le journaliste syrien Ayham al-Ghareeb posent dans les bureaux du média bilingue Baynana à Madrid, le 9 avril 2021. (JAVIER SORIANO / AFP)
Le journaliste syrien Muhammad Subat, la journaliste espagnole Andrea Olea, le journaliste syrien Moussa al-Jamaat, le journaliste syrien Okba Mohamed et le journaliste syrien Ayham al-Ghareeb posent dans les bureaux du média bilingue Baynana à Madrid, le 9 avril 2021. (JAVIER SORIANO / AFP)
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Publié le Jeudi 15 avril 2021

Des «journalistes citoyens» syriens lancent le premier média crée par des réfugiés en Espagne

  • Agés entre 22 et 39 ans, Mohammed, Ayham, Moussa et Okba viennent tous les quatre de la ville syrienne de Deraa, dans le sud, où a démarré en mars 2011 la révolte contre le régime de Bachar al-Assad
  • Leur exil les a conduits début 2019 en Turquie, avant qu'ils s'envolent pour Madrid en mai de la même année grâce au Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ), une ONG basée à New York

MADRID : Leur vocation journalistique s'est forgée durant le conflit en Syrie avant qu'ils émigrent à Madrid, où ils ont lancé le premier média dirigé par des réfugiés en Espagne: Baynana, une revue en ligne en arabe et en espagnol.

Agés entre 22 et 39 ans, Mohammed, Ayham, Moussa et Okba viennent tous les quatre de la ville syrienne de Deraa, dans le sud, où a démarré en mars 2011 la révolte contre le régime de Bachar al-Assad.

Leur exil les a conduits début 2019 en Turquie, avant qu'ils s'envolent pour Madrid en mai de la même année grâce au Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ), une ONG basée à New York.

"Quand la guerre a commencé, j'avais 12 ans, mais je savais très bien ce qui se passait, parce que beaucoup de gens sortaient pour manifester près de chez moi, à la mosquée", confie à l'AFP Okba Mohammed, le benjamin du groupe, qui s'est aguerri à partir de 2015 dans des médias locaux où, dit-il, il filmait "des manifestations" et "des bombes". 

Pour sa part, Mohammed Subat explique que l'Espagne était son "pays préféré, parce que j'étais très intéressé par le football".

"Je n'imaginais pas venir ici en tant que réfugié ou migrant, j'imaginais venir en tant que touriste ou étudiant, mais la vie est ainsi faite", ajoute cet homme de 31 ans, qui dit avoir collaboré -- d'abord en Syrie, puis en Turquie -- avec Syria TV, une chaîne d'opposition basée à Istanbul.

"Le bon visage des migrants" 

L'objectif de ce tout nouveau magazine numérique lancé le 7 avril, dont le nom en arabe signifie "Entre nous", est de montrer "le bon visage des migrants ici en Espagne", explique Ayham al Ghareeb, 32 ans, qui est venu à Madrid avec sa femme et ses deux petites filles. 

C'est pour cela que les quatre reporters ont choisi dès le départ de raconter des "success stories", comme celle d'Ashraf Kachach, un "youtuber" d'origine marocaine qui lutte contre l'islamophobie, ou celle de Malak Zungi, une Libanaise qui aide des réfugiés à se former comme chefs cuisiniers en Espagne.

Sans oublier le footballeur marocain Youssef En-Nesyri, attaquant du FC Séville, l'une des meilleures équipes de football du pays, qui incarne la réussite dans le championnat espagnol dont rêvent tant de jeunes du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord.

Autre raison d'être de Baynana: fournir des "informations utiles" à la communauté arabophone car en Espagne, "il n'y a pas beaucoup d'informations en arabe pour effectuer des formalités" comme obtenir un permis de résidence, explique Ayham al Ghareeb.

Un problème auquel ces journalistes sont eux-mêmes directement confrontés en tant que demandeurs d'asile. Au total, plus de 20.000 Syriens ont demandé l'asile en Espagne depuis 2011, selon la Commission espagnole d'Aide aux Réfugiés (CEAR).

"Cela va faire deux ans que je suis en Espagne et je ne peux toujours pas voyager ni voir ma famille", déplore Okba Mohammed, qui n'a pas vu ses proches, réfugiés en Jordanie, depuis 2014. 

"La vie en Espagne est très sûre", mais "il y a aussi du racisme contre les migrants et les réfugiés", par exemple lors de la recherche d'un appartement, ajoute Ayham al Ghareeb.

Large audience potentielle

Baynana se présente comme le premier média dirigé par des réfugiés en Espagne, une initiative similaire ayant eu lieu en Allemagne avec le magazine numérique Amal Berlin ("Espoir Berlin" en arabe).

Dans un pays qui compte environ un million d'arabophones, son public potentiel est "très large", explique la journaliste espagnole Andrea Olea, coordinatrice du projet et chargée de traduire et d'adapter en espagnol les articles de ses quatre collègues syriens.

Il va "des Marocains qui viennent travailler dans les champs aux réfugiés qui peuvent avoir un niveau socioculturel plus élevé" parce qu'ils ont une formation universitaire, poursuit-elle.

La salle de rédaction de baynana.es/es est une modeste salle au siège de la fondation espagnole Por Causa, qui veut promouvoir le journalisme d'investigation et les travaux sur les migrations et qui a fourni un soutien logistique à la revue, dont les moyens sont modestes.


Manipulation médiatique et instrumentalisation de Forbes France au service de la propagande royale du Maroc

Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
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  • Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime marocain.
  • Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante.

RIYAD : L’enquête explosive menée par Marianne, complétée par les révélations incisives d’Africa Intelligence, lève le voile sur un système d’influence sophistiqué dans lequel le Maroc, sous couvert de soft power, orchestre une propagande méthodique via des relais médiatiques internationaux.

Forbes France, autrefois symbole d’excellence journalistique, apparaît aujourd’hui comme un instrument docile entre les mains des autorités marocaines.

Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime de Mohammed VI.

Ces textes déguisés en journalisme peignent un portrait idyllique du royaume, occultant sciemment la répression des libertés individuelles, les inégalités criantes et les réalités économiques sombres du pays. Il s'agit d'une véritable mascarade qui sape l’intégrité journalistique et trompe délibérément les lecteurs.

Forbes France : un média au service de la propagande royale

Plus qu’un simple complice passif, le magazine semble s’être vendu au plus offrant, troquant son indépendance contre des millions d’euros provenant des cercles de pouvoir marocains.

Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante. Pire, selon des sources internes, le Maroc achète régulièrement des articles pour redorer l’image de son régime monarchique, tout en évitant toute transparence sur les financements réels.

Abdelmalek Alaoui, présenté comme un analyste ou un économiste, mais qui n'est en réalité qu'un agent de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), est identifié comme un rouage clé de cette machinerie propagandiste.

Des courriels internes obtenus par Marianne montrent comment Alaoui et d’autres agents influencent directement la ligne éditoriale de ces articles en faveur de la monarchie marocaine. Forbes France ne serait rien d’autre qu’un outil au service de cette désinformation orchestrée depuis Rabat.

Un documentaire sous influence : glorification du règne de Mohammed VI

Les tentacules de cette stratégie de manipulation s’étendent bien au-delà de la presse écrite. Africa Intelligence révèle qu’un documentaire diffusé sur Public Sénat à l’approche d’une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été conçu comme une véritable opération de communication. 

Réalisé par des proches de l’élite politique marocaine et française, ce film, présenté comme un travail journalistique, n’est rien d’autre qu’une glorification du roi Mohammed VI.

Tout en vantant les prétendus succès du roi, notamment en matière de condition féminine et de développement économique, le documentaire escamote les critiques concernant les inégalités sociales et la répression des libertés. Il s'agit là d'une manipulation éhontée, à peine voilée, où les consignes éditoriales semblent avoir été dictées par Rabat pour protéger l’image royale.

Le Maroc : un État stratège du mensonge médiatique

Ce qui se dévoile ici est bien plus qu’un simple scandale médiatique. Il s’agit d’une stratégie délibérée et agressive de soft power, dans laquelle le Maroc utilise des moyens financiers considérables pour infiltrer et manipuler les récits médiatiques internationaux.

En contrôlant la narration sur des plateformes influentes telles que Forbes France, le royaume impose une version réécrite et aseptisée de la réalité, tout en muselant les voix dissidentes.

Ces pratiques immorales révèlent la complicité choquante de médias qui, en échange d'avantages financiers, renoncent à leur devoir d'informer honnêtement. Ce brouillage systématique de la frontière entre journalisme et propagande constitue une attaque directe contre l’intégrité de l’information.

Un appel urgent à l’éthique journalistique

Les révélations de Marianne et d’Africa Intelligence mettent en lumière le manque de diligence de la part d'acteurs tels que Forbes France.

Il est désormais impératif de mener une enquête indépendante sur ces pratiques. En effet, tant que des médias accepteront de se vendre au plus offrant, les citoyens continueront à être trompés par des récits soigneusement fabriqués pour servir des intérêts politiques. 

L’intégrité de la presse n’est pas à vendre, il est temps de le rappeler.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).